Le président Barack Obama s'est adressé mardi pour la dernière fois à l'Amérique et au monde, dans un discours qui fut à la fois un adieu émouvant et un appel à la vigilance.
«Yes we did» (Oui, nous l'avons fait), a-t-il lancé sur un tonnerre d'applaudissements, dans une allusion à son célébrissime slogan de campagne «Yes we can» (Oui, nous le pouvons).
Par moment très ému - il a écrasé une larme un rendant hommage appuyé à sa femme - le 44e président des États-Unis, qui s'apprête, à 55 ans, à céder la place à l'homme d'affaires Donald Trump, a aussi exhorté les Américains à être des acteurs du processus démocratique.
«La démocratie peut flancher lorsque nous cédons à la peur», a-t-il lancé depuis la ville de Chicago, terre de sa fulgurante ascension politique où il avait célébré, il y a huit ans, son accession à la Maison Blanche.
«Notre démocratie est menacée à chaque fois que nous la considérons comme acquise», a-t-il insisté, soulignant que la constitution américaine, «remarquable cadeau» n'avait aucun pouvoir en tant que tel.
Tempes blanchies et visage émacié par huit années à la tête de la première puissance mondiale, le premier président noir de l'histoire des États-Unis a aussi appelé à l'unité. Car la question raciale reste «un sujet qui divise» en Amérique, a-t-il dit.
«Tous ensemble, quel que soit notre parti, devrions nous attacher à reconstruire nos institutions démocratiques», a-t-il martelé, devant près de 20 000 personnes rassemblées au coeur de cette ville de l'Illinois où il a rencontré sa femme et où ses enfants sont nés.
Barack Obama, qui bénéficie, à l'heure du départ, d'une solide cote de popularité, a insisté sur «le pouvoir des Américains ordinaires comme acteurs du changement».
Et par moments tenté de réconforter sa famille politique, toujours sous le choc de l'élection surprise de Donald Trump, en vantant les progrès accomplis et sa confiance intacte la capacité de progrès de la société américaine.
«La première fois que je suis venu à Chicago j'avais un peu plus de 20 ans, j'essayais de comprendre qui j'étais, j'étais à la recherche d'un but dans ma vie», a-t-il lancé devant une foule enthousiaste.
«C'est ici que j'ai appris que le changement ne se produit que si des gens ordinaires s'impliquent, s'engagent et se rassemblent pour l'exiger. Après huit ans de présidence, j'y crois toujours !».
S'il n'a jamais cité le nom de celui qui lui succédera le 20 janvier dans le Bureau ovale, il a lancé quelques mises en garde à son attention, en particulier sur le réchauffement climatique.
«Nous pouvons, et devons, débattre de la meilleure approche pour s'attaquer à ce problème», a-t-il affirmé.
«Mais simplement nier le problème revient non seulement à trahir les générations futures, mais aussi à trahir l'esprit d'innovation et de recherche de solutions qui ont guidé nos fondateurs», a-t-il ajouté dans l'immense centre de conférence «McCormick Place».
C'est à quelques kilomètres de là qu'il avait pris la parole au soir de sa première victoire, le 5 novembre 2008, à Grant Park, immense jardin public coincé entre le lac Michigan et des gratte-ciel.
«Si jamais quelqu'un doute encore que l'Amérique est un endroit où tout est possible (...) la réponse lui est donnée ce soir», avait-il lancé devant des dizaines de milliers de personnes rassemblées dans le froid.
Les billets - gratuits - pour assister à ce dernier discours s'étaient arrachés dès samedi à l'aube devant ce centre de conférences où des centaines de personnes avaient fait la queue dans un froid polaire en espérant obtenir le précieux sésame.
Selon un sondage Quinnipiac University publié quelques heures avant son discours, 55% des électeurs approuvent (39% désapprouvent) son action à la présidence, son score le plus élevé depuis sept ans.
Le résultat est presque inverse (51% désapprouvent, 31 approuvent) lorsque les électeurs sont interrogés sur la façon dont Donald Trump remplit son rôle de président élu.
Le magnat de l'immobilier participera mercredi matin à New York, pour la première fois depuis son élection le 8 novembre, à une conférence de presse.
Chicago, où la famille Obama possède efecto viagra toujours une maison, jouera un rôle central dans la «vie d'après» du président démocrate: elle accueillera sa bibliothèque présidentielle et sa fondation.
Le président américain a aussi laissé échapper une larme lorsqu'il a rendu hommage à sa femme, Michelle: «Depuis 25 ans, tu as non seulement été ma femme et la mère de mes enfants, mais aussi ma meilleure amie», a-t-il lancé.
Il a longuement salué ses deux filles, en l'absence remarquée de la plus jeune, Sasha, 15 ans.
«De tout ce que j'ai fait dans ma vie, ma plus grande fierté est d'être votre père». – AfricaLog avec agence