L'ancien président zambien Frederick Chiluba, accusé d'avoir volé des dizaines de milliers d'euros durant ses dix ans à la tête de l'Etat, a finalement été relaxé lundi par la justice à l'issue d'un procès-fleuve débuté en 2004 pour corruption et détournement de fonds publics.
"Nous estimons sans aucun doute que le ministère public n'a pas réussi à prouver que l'accusé a volé des fonds", a déclaré le juge Jones Chinyama lors de la lecture du jugement qui a duré six heures. L'ex-président, vêtu d'un costume vert et de chaussures assorties, a pleuré à l'annonce de sa relaxe, tandis que ses partisans au tribunal applaudissaient et criaient de joie. "Pendant sept ans (depuis l'arrivée au pouvoir de Levy Mwanawasa en 2002), j'ai été victime de harcèlement", a déclaré M. Chiluba, qui a occupé la présidence de 1991 à 2001. Inculpé une première fois en 2003 pour abus de pouvoir, puis en 2004 pour détournement, ce fervent chrétien, père de neuf enfants, encourait jusqu'à cinq ans de prison pour corruption et détournements de fonds publics d'un montant de 500.000 dollars (350.000 euros). M. Chiluba a toujours nié ces accusations, dénonçant un complot politique mené par son successeur et ancien dauphin, Levy Mwanawasa. Pourtant l'ex-président âgé de 66 ans n'a pas un casier judiciaire vierge. En 2007, il avait été reconnu coupable à Londres du détournement de 23 millions de livres (27 millions d'euros, 38 millions de dollars) des caisses gouvernementales de son pays avec quatre de ses conseillers. D'abord leader syndical militant, M. Chiluba fut un temps porté aux nues comme et héros de la démocratie après avoir remporté les premières élections multipartites en Zambie en 1991 face au père de l'indépendance Kenneth Kaunda. Il est tombé en disgrâce en raison de son train de vie luxueux et de sa tentative de s'accrocher au pouvoir. En 2001, il a cherché à faire amender la Constitution afin de briguer un troisième mandat. Mais sous la pression populaire, il a fini par désigner à la hâte un successeur, Levy Mwanawasa, élu fin 2001 à la tête de l'Etat. Ce dernier a alors lancé une campagne anti-corruption, en particulier à l'encontre de son mentor, dont l'immunité a été levée en 2002. L'actuel président Rupiah Banda, élu en octobre 2008 après le soudain décès de M. Mwanawasa et également visé par des accusations de corruption par la presse locale, a poursuivi la croisade. Début mars, l'épouse de M. Chiluba, Regina, a été condamnée à trois ans et demi de prison pour avoir bénéficié de fonds publics lorsqu'elle était sa maîtresse. Elle a interjeté appel. Lundi, M. Chiluba a de nouveau dénoncé cette condamnation. Ces derniers mois, plusieurs ex-responsables du gouvernement ou de l'armée sous la présidence de M. Chiluba ont également été condamnés à des peines de prison dans des affaires de corruption. Lundi, à Lusaka, deux personnes, Faustin Kabwe et Aaron Chungu, des hommes d'affaires accusés dans la même affaire que l'ex-président, ont été condamnées à trois ans de prison pour malversation. - AFP