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Les artistes camerounais marchent contre la piraterie des oeuvres musicales

Jun 21, 2009

En prélude à la 28e journée internationale de la musique, célébrée le 21 juin chaque année, des artistes musiciens camerounais de deux associations de lutte contre la piraterie ont donné de la voix samedi dans les rues de Yaoundé en organisant une marche baptisée "grande marche contre la piraterie des oeuvres musicales".

Sur les pancartes de circonstance, on pouvait lire "la piraterie tue ceux qui nous font rêver" ou "attention piraterie, épervier arrive" faisant allusion à l'opération de lutte contre la corruption lancée par le gouvernement camerounais.

La piraterie, phénomène qui consiste à reproduire sans autorisation de l'auteur, les oeuvres de l'esprit à des fins commerciales, a pris des proportions inquiétantes au Cameroun d'après l'artiste musicien Atango Atango, expert en propriété intellectuelle.

Intervenant à la table ronde organisée par les artistes au thème évocateur "Quelle synergie pour une lutte efficace contre le piratage des oeuvres musicales au Cameroun", l'expert en propriété intellectuelle a donné des chiffres en terme de pertes économiques à la fois pour les artistes et le gouvernement.

Entre 2001 et 2006, a-t-il dit, "la famille des artistes a perdu 20 milliards de Fcfa en terme de valeur ajoutée due aux effets néfastes de la piraterie. Les entreprises culturelles ont perdu au cours de la même période, 40 milliards de Fcfa. L'Etat à son tour, a fait des pertes fiscales directes de l'ordre de 14 milliards".

Pour éradiquer le phénomène, l'expert pense qu'il est temps de s'attaquer aux gros "poissons", à savoir, ceux qui ont des machines, des structures entières faisant dans la duplication en les dénonçant puis sévir. Certains artistes musiciens, a-t-il dit, "sont des complices de ces réseaux mafieux".

Pour Germain Djel, artiste musicien et poète, la solution à la lutte contre la piraterie au Cameroun, passe par une synergie gouvernementale entre 4 ministères: les ministères de la Culture, des Finances, de l'Economie et celui de la Justice.

"Le phénomène touche et ruine non seulement l'artiste mais aussi l'économie camerounaise. La synergie d'action entre les 4 ministères chacun jouant pleinement son rôle, peut contribuer à diminuer la piraterie", a-t-il déclaré.

"Il faut apporter des réponses pratiques au problème de la piraterie à savoir s'assurer que les produits originaux sont effectivement sur le marché, ensuite s'assurer qu'ils sont accessibles enfin, trouver des dispositions ne façon à ce qu'on ne trouve plus les produits de contrefaçon au Cameroun", a proposé Donny Elwood, chansonnier camerounais et président de l' Association camerounaise des métiers de la musique (ACM).

Tout en demandant aux artistes d'être sérieux dans ce qu'ils font et surtout d'être solidaires, la ministre camerounaise de la Culture Ama Tutu Muna a assuré les nombreux artistes présents à cette marche, du soutien constant du gouvernement pour accompagner les artistes dans la bataille contre la piraterie. " Le fond du problème à notre humble avis, c'est de maîtriser le coût de la production ensuite la distribution. Si nous arrivons à cet stade, nous aurons fait un grand pas dans la réduction de l' écart entre le prix du CD piraté et le CD original", a ajouté Tutu Muna.

Le problème est, selon la ministre, sur le pouvoir d'achat des populations qui achètent le CD piraté à 500, 400 voire 300 Fcfa contre 2.500 le CD original. Les réactions des jeunes qui vendent les CD piratés sont cependant mitigées. "La piraterie tue les artistes certes, mais elle aide aussi ceux qui se débrouillent", a lancé Belinga Hervé, vendeur de CD piratés rencontré dans un marché de la capitale camerounaise. - Xinhua