Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo, a appelé vendredi le gouvernement du Soudan à arrêter le président soudanais Omar el-Béchir, qui fait l'objet d'un mandat d'arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour.
"Le mandat d'arrêt concernant le président Béchir a été envoyé aux autorités soudanaises. Le gouvernement du Soudan a la responsabilité de l'arrêter. Son obligation découle de la Charte des Nations unies et de la résolution 1593 du Conseil de sécurité", a déclaré M. Moreno-Ocampo devant le Conseil. La résolution 1593, de mars 2005, est celle qui avait référé à la CPI la situation au Darfour, région de l'ouest du Soudan en guerre civile depuis six ans. Le texte fondateur de la CPI, le Statut de Rome, permet une telle décision, la juridiction de la CPI pouvant s'étendre à un Etat qui n'est pas partie prenante du statut, comme le Soudan, si le Conseil de sécurité l'en charge. M. Béchir a rejeté le mandat d'arrêt, émis contre lui le 4 mars par la CPI à la demande de M. Moreno-Ocampo, et a défié à plusieurs reprises la communauté internationale en se rendant à l'étranger. Il a toutefois limité ces voyages à des pays qui ne sont pas parties prenantes au Statut de Rome. Le procureur a rappelé que Khartoum avait également "le devoir d'arrêter Ahmed Haroun et Ali Kosheib", deux autres ressortissants soudanais contre lesquels des mandats d'arrêt ont été lancés par la CPI en mai 2007. Ancien ministre soudanais de l'Intérieur puis des Affaire humanitaires, Ahmed Haroun a été récemment nommé gouverneur de la province du Kordofan Sud, "en contradiction avec les résolutions du Conseil de sécurité" selon M. Ocampo. Ali Kosheib est un chef de milice pro-gouvernementale janjawid. Le président Béchir a toujours refusé d'extrader ces deux hommes, affirmant qu'il mettrait en place lui-même un tribunal apte à les juger. Le 20 novembre 2008, le procureur a également demandé des mandats d'arrêt pour crimes de guerre contre trois commandants rebelles dont il n'a pas publié l'identité. Il les soupçonne d'avoir dirigé une attaque au cours de laquelle 12 soldats de maintien de la paix de l'Union africaine (UA) avaient été tués, le 29 septembre 2007, à Haskanita, au Darfour. Les juges n'ont pas encore rendu leur décision. Depuis le début de la guerre civile au Darfour en février 2003, 300.000 personnes ont péri selon l'ONU, 10.000 seulement selon Khartoum. - AFP