Le gouvernement de Guinée-Bissau a dénoncé vendredi, à trois semaines de l'élection présidentielle, une "tentative de coup d'Etat" qui a coïncidé avec l'assassinat par des militaires de cinq personnes, dont un ministre, un ex-Premier ministre et un ancien ministre.
Ce nouvel accès de violences intervient seulement trois mois après le double assassinat du président Joao Bernardo Vieira, par des militaires, et du chef d'état-major de l'armée, le général Tagmé Na Waié, lors d'un attentat à la bombe. Cette vague d'assassinats et cette présumée "tentative de coup d'Etat" risquent de déstabiliser un peu plus ce petit pays d'Afrique de l'Ouest, classé parmi les plus pauvres du monde et fragilisé par le trafic de la cocaïne sud-américaine en transit vers les marchés européens. L'ex-ministre de la Défense (2005-07) Helder Proença a trouvé la mort "dans un échange de tirs entre les éléments de la sécurité venu l'arrêter et sa garde rapprochée", selon un communiqué du ministère de l'Intérieur. Un de ses gardes du corps et son chauffeur ont également été tués. M. Proença a été présenté par le ministère comme "le responsable présumé de la tentative de coup d'Etat". Baciro Dabo, ministre de l'Administration territoriale et proche de l'ex-président, a lui aussi été tué dans la matinée par des militaires, dans des circonstances contestées par ses proches. L'ancien Premier ministre (2001) et leader d'un petit parti d'opposition non représenté à l'Assemblée, Faustino Fudut Imbali, a également trouvé la mort dans la matinée, tué "par balles". Un peu plus tôt dans la matinée, le ministère de l'Intérieur avait dénoncé une "tentative de coup d'Etat" de la part d'un "Haut commandement des forces républicaines pour la restauration de l'ordre constitutionnel et démocratique" dirigé par l'ex-ministre de la Défense. Le gouvernement donne ensuite les noms de neuf personnes, qui feraient partie de ce haut commandement, dont MM. Dabo et Imbali. Il évoque une "cellule" basée à Dakar et formée de quatre officiers de l'armée et des renseignements qui ont fui le pays après l'assassinat de Vieira. A l'exception de M. Imbali, tous sont considérés comme des proches du chef de l'Etat assassiné. Aucune personne n'a été arrêtée dans le cadre de l'enquête ouverte sur sa mort. Selon le ministère de l'Intérieur, la tentative de coup d'Etat visait à "éliminer physiquement" le chef d'état-major de l'armée par intérim, le capitaine de frégate José Zamora Induta, et le Premier ministre Carlos Gomes Junior. Le ministère de l'Intérieur affirme que "c'est dans une tentative d'arrestation, au cours de laquelle Baciro Dabo aurait résisté, qu'il a été tué par les éléments des forces armées venues l'arrêter" et qui étaient "en position de légitime défense". Il était aussi candidat sans étiquette à l'élection présidentielle du 28 juin, dont la campagne électorale doit théoriquement débuter samedi. Vendredi, ses proches ont cependant présenté les circonstances de sa mort de manière très différente du pouvoir, assurant qu'il avait été tué par des militaires dans "sa chambre à coucher". Selon une source médicale, le ministre a été "abattu de quatre balles, trois à l'abdomen et une dans la tête". "Ce sont des balles de kalashnikov tirées à bout portant, ce qui laisse peu de chances de survie à la victime", a-t-elle relevé. L'Organisation de la société civile, qui regroupe une vingtaine d'associations, a de son côté demandé "l'envoi d'une force internationale de paix en Guinée-Bissau afin de garantir la sécurité des citoyens et institutions démocratiques". Elle "appelle au calme et à la modération tous les différents acteurs politiques et militaires" - AFP