Un message d'Oussama ben Laden appelant les musulmans à une longue croisade contre les infidèles a été diffusé jeudi sur internet, au moment même où Barack Obama prononçait au Caire un discours fondateur prônant un "nouveau départ" entre l'Amérique et le monde islamique.
"Ou bien nous vivons à la lumière de l'islam, ou bien nous mourons dans la dignité. Préparez-vous à une longue guerre contre les infidèles du monde entier et leurs agents", dit le chef d'Al Qaïda dans cet enregistrement audio de 25 minutes. Le message de Ben Laden, qui accuse les Etats-Unis d'avoir semé "les graines de la haine" chez les musulmans, a été conçu visiblement pour brouiller le message prononcé par Barack Obama, qualifié mardi de "criminel" par le numéro deux d'Al Qaïda, l'Egyptien Aymane al Zaouahri. "Si un musulman devient l'allié des infidèles et soutient ceux-ci contre les musulmans, il perd sa foi et devient un apostat infidèle", affirme Ben Laden, dont le dernier message, en mars, appelait déjà ses coreligionnaires à se préparer à la djihad. "Ne vous alliez pas aux juifs et aux chrétiens, comme c'est le cas de l'armée pakistanaise, qui s'est retranchée dans le même donjon que l'Amérique face à l'islam. Tout vrai musulman doit les combattre", poursuit l'introuvable chef djihadiste d'origine saoudienne. L'administration Obama a procédé à une révision de la stratégie américaine en Afghanistan pour y inclure le Pakistan, que Washington a poussé à lancer une offensive militaire dans le nord-ouest de son territoire pour réduire les fiefs islamistes armés à la frontière des deux pays. UNE TRAQUE QUI POURRAIT NE JAMAIS ABOUTIR Ben Laden a présenté le président pakistanais Asif Ali Zardari comme un serviteur des Etats-Unis qui a ordonné à son armée de combattre les musulmans sur ordre de Washington. Dans son discours au Caire, qui vise à tourner la page de l'aventure irakienne et de l'enlisement afghan sous George Bush, Barack Obama a estimé que les musulmans avaient un rôle à jouer contre une "petite mais puissante minorité extrémiste" en leur propre sein. "Je suis venu ici pour rechercher un nouveau départ entre les Etats-Unis et les musulmans du monde entier, fondé sur l'intérêt commun et le respect mutuel. L'Amérique et l'islam ne doivent pas s'exclure", a-t-il dit. En mars, Ben Laden accusait des dirigeants arabes modérés, "que ce soit en Arabie saoudite ou en Egypte" - où Obama s'est rendu ces dernières 24 heures -, de "comploter avec la coalition des sionistes et des croisés" contre le peuple musulman. Depuis les attentats du 11 septembre 2001 attribués à Al Qaïda, une soixantaine des messages ont été diffusés par Ben Laden et Zaouahri, qui se cacheraient aux confins du Pakistan et de l'Afghanistan. La traque d'Oussama ben Laden, lancée après les attentats du 11 septembre 2001 avec l'invasion de l'Afghanistan, pourrait prendre encore de longues années, voire ne jamais aboutir, avait estimé en mars le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates. - Reuters