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Obama tend la main au monde musulman et lui propose un "nouveau départ"

Jun 04, 2009

Barack Obama amorce un virage majeur de la diplomatie américaine. Tournant le dos à la politique de confrontation défendue par son prédécesseur, le président américain a tendu la main jeudi au monde musulman, lui promettant un "nouveau départ" dans ses relations avec les Etats-Unis et l'appelant à lutter en commun contre l'extrémisme dans le monde et pour la paix au Proche-Orient

Dans un discours très attendu à l'Université du Caire, le chef de la Maison Blanche s'est attaché à définir un nouveau cadre aux relations entre les Etats-Unis et le monde musulman après les attentats du 11-Septembre 2001 et la guerre menée par les Américains en Irak. "Ce cycle de la suspicion et de la discorde doit cesser", a-t-il résumé.

Débutant son propos par un très remarqué et applaudi "salam aleikoum" ("bonjour" en arabe) et citant à plusieurs reprises ses racines musulmanes et des passages du Coran, le président Obama a assuré que les Etats-Unis avaient tiré les leçons de la guerre en Irak et compris la nécessité d'avoir recours à la diplomatie et de bâtir un consensus international pour régler certains problèmes.

Barack Obama prend ainsi clairement ses distances avec la politique étrangère suivie par son prédécesseur George W. Bush, qui avait énoncé la volonté des Etats-Unis de propager la démocratie à travers le monde, quitte à devoir l'imposer unilatéralement ou par la force. "Aucun système de gouvernement ne peut ou ne doit être imposé à un pays par tout autre pays", a lancé le président Obama, déclenchant une nouvelle fois les applaudissements de son auditoire.

Les Etats-Unis, a-t-il dit, souhaitent que les gouvernements "reflètent la volonté du peuple", mais ils ne doivent pas prétendre savoir de ce qui est mieux pour les autres. Le chef de la Maison Blanche a toutefois pris soin de relever que cette nouvelle ligne ne signalait nullement un engagement moindre des Américains dans la lutte contre le terrorisme.

Dans cette main tendue au monde musulman, Barack Obama a insisté sur la nécessité de faire tomber les préjugés. "Je considère qu'il est de ma responsabilité de président des Etats-Unis de lutter contre les stéréotypes négatifs sur l'islam, où qu'ils se manifestent", a-t-il promis, même s'il admet qu'"un seul discours ne peut éradiquer des années de méfiance".

Mais, l'inverse, aussi, doit être vrai. "Tout comme les musulmans ne correspondent pas aux stéréotypes sommaires, l'Amérique n'est pas le stéréotype sommaire d'un empire uniquement préoccupé de ses intérêts", a-t-il fait remarquer à son auditoire de l'Université du Caire, mais aussi aux dizaines de millions de musulmans ayant suivi en direct la retransmission du discours à la télévision et sur Internet.

Dans le vaste panorama des sujets abordés (Proche-Orient, Iran, Afghanistan, Irak, al-Qaïda, la lutte contre le terrorisme ou encore les femmes), le président Obama a tenu à développer plus particulièrement le conflit israélo-palestinien.

Cherchant à équilibrer son propos et à ménager l'allié israélien, le chef de la Maison Blanche a qualifié d'"inaltérables" les liens entre les Etats-Unis et l'Etat hébreu et appelé les radicaux palestiniens du Hamas à "mettre fin à la violence" et à "reconnaître le droit à l'existence d'Israël".

Mais, une fois ces principes posés, Barack Obama a surtout prôné une solution à "deux Etats" comme seul moyen de mettre un terme au conflit israélo-palestinien, voie sur laquelle le gouvernement Nétanyahou ne veut pas s'engager pour l'instant. Et il a réitéré son opposition à toute poursuite de la colonisation juive en Cisjordanie et autour de Jérusalem.

"Israël doit reconnaître que, tout comme le droit à l'existence d'Israël ne peut être nié, celui de la Palestine non plus. Les Etats-Unis n'acceptent pas la légitimité de la poursuite de la colonisation israélienne", a-t-il martelé. "Il est temps que cette colonisation cesse." Quant à la ville de Jérusalem elle-même, M. Obama a souhaité qu'elle devienne une "maison sûre et durable pour les juifs, les chrétiens et les musulmans".

Désireuse de donner le plus grand retentissement possible au discours du président, ses collaborateurs en avaient organisé une retransmission en direct sur le propre site de la Maison Blanche, avec une traduction dans 13 langues, tandis qu'un site spécial du département d'Etat américain en proposait les principaux extraits et que des passages étaient diffusés sur les grands réseaux sociaux tels que MySpace, Twitter et Facebook. AP