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Etats-Unis: M. Johnnie Carson se déclare optimiste au sujet de l'avenir de l'Afrique

May 04, 2009

L'Afrique revêt une très grande importance pour les États-Unis à divers titres, et si elle a enregistré de bons résultats dans les domaines de la démocratie, de la gouvernance, du développement économique et du règlement des conflits, il lui reste encore à faire des progrès, et « les grands moments de l'histoire africaine n'ont pas encore été écrits », a déclaré M. Johnnie Carson, qui a été nommé au poste de secrétaire d'État adjoint aux affaires africaines, devant la commission sénatoriale des affaires étrangères le 27 avril. Le Sénat doit en effet entériner sa nomination avant qu'il puisse occuper ses nouvelles fonctions.

Diplomate de carrière et ancien volontaire du Corps de la paix en Tanzanie, M. Carson a été ambassadeur des États-Unis au Kénya (1999-2003), au Zimbabwé (1995-1997) et en Ouganda (1991-1994), après avoir occupé divers postes au Portugal, au Botswana, au Mozambique et au Nigéria.

Il s'est déclaré « optimiste au sujet de l'avenir de l'Afrique et convaincu que ce continent avait la capacité de surmonter ses anciens problèmes et de relever les défis actuels ».

Au cours des dix dernières années, a-t-il dit aux membres de la commission sénatoriale, l'Afrique a fait des progrès importants dans trois grands domaines : la démocratie et la gouvernance, l'économie et le règlement des conflits.

En ce qui concerne la démocratie et la gouvernance, M. Carson a fait état des élections qui avaient eu lieu récemment au Ghana et en Afrique du Sud. Ces élections, a-t-il dit, « ne sont pas les seules et elles représentent un aspect positif de l'histoire actuelle de la démocratie en Afrique. Les Africains sont en faveur de la démocratie, et des dizaines de pays africains l'ont adoptée depuis le début des années 1990. »

Pour ce qui est du domaine économique, les pays africains ont fait des progrès notables en libéralisant leur économie, en adoptant des réformes axées sur l'économie de marché et en appliquant une politique favorable aux entreprises. Avant le déclenchement de la crise financière mondiale actuelle, l'Afrique a connu une croissance économique régulière pendant près de dix ans.

Quant au règlement des conflits, M. Carson a fait remarquer que le nombre de conflits dans ce continent avait diminué ces dix dernières années. « Les guerres civiles sanglantes et souvent barbares qui ont déchiré le Libéria et la Sierra Leone dans les années 1990 ont pris fin. La guerre qui a éclaté le long de la frontière entre l'Éthiopie et l'Érythrée est maintenant à l'état latent, et l'intervention de grande ampleur qui a menacé de diviser le Congo a cessé. Les dirigeants africains sont conscients des effets négatifs que les conflits peuvent avoir sur leur continent et tentent de faire quelque chose à ce sujet. »

Malgré ces réalisations très importantes, a-t-il dit, l'Afrique continue de se heurter à de graves problèmes dans ces mêmes domaines. « On ne peut pas tenir pour acquis les progrès de l'Afrique en matière de démocratisation. Les institutions démocratiques à travers le continent restent fragiles et vulnérables face à des dirigeants autoritaires et des soldats ambitieux. Au cours des douze derniers mois, des militaires africains sont intervenus illégalement dans au moins quatre pays africains. »

En outre, « les élections fortement entachées d'irrégularités qui ont eu lieu au cours de ces dernières années dans un certain nombre d'États, dont le Kénya, le Nigéria et le Zimbabwé, ont causé de graves préoccupations tant dans les pays intéressés qu'à l'étranger ».

Les bons résultats économiques enregistrés depuis une décennie sont également compromis à cause de la crise financière actuelle dans le monde. « L'augmentation des prix des carburants, des aliments et des engrais au cours de l'été dernier et les fortes variations des cours des produits de base menacent de porter atteinte à certains des progrès économiques récents de l'Afrique et de faire retomber les pays les plus pauvres du continent dans l'endettement et dans une pauvreté encore plus forte. »

Par ailleurs, bien que « le degré global de violence et le nombre de guerres en Afrique aient aussi diminué fortement, plusieurs conflits politiques complexes persistent en Somalie, au Soudan et dans la partie est du Congo. Le déclin profond de la Somalie a entraîné une épidémie de piraterie, un afflux immense de réfugiés au Kénya et des inquiétudes de plus en plus fortes au sujet du terrorisme transfrontalier. »

Le Soudan, a-t-il dit, « se heurte à deux grands problèmes au Darfour et dans le sud du pays », et des problèmes demeurent dans la région des Grands Lacs de l'est du Congo, où plusieurs groupes de rebelles continuent de ne pas respecter l'autorité du gouvernement central et de terroriser la population.

M. Carson a donné l'assurance aux sénateurs que les États-Unis avaient « des intérêts politiques, économiques et humanitaires importants » pour ce qui était d'aider l'Afrique à faire face à ses problèmes les plus pressants. Il s'est engagé à faire porter son action sur quatre grands domaines si le Sénat entérinait sa nomination : le renforcement des institutions démocratiques africaines et le respect de la règle de droit, la collaboration avec les pays africains en vue de prévenir les conflits et de renforcer les capacités locales de maintien de la paix, ainsi que l'encouragement d'un développement économique durable et de l'établissement de partenariats pour faire face à des menaces telles que les pandémies, les changements climatiques et le trafic des stupéfiants.

M. Carson a également fait état du Compte du millénaire et de la loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (AGOA) en déclarant qu'ils constituaient deux des pièces maîtresses de la stratégie des États-Unis visant à encourager le développement économique de l'Afrique et l'adoption de mesures favorables à la croissance.

Dix pays africains ont obtenu une aide dans le cadre du Compte du millénaire, et l'AGOA a permis à quarante États africains de tirer parti de l'accès préférentiel au marché américain. « Ces deux programmes ainsi que d'autres, a-t-il dit, ont donné de très bons résultats et sont très populaires. Toutefois nous, et d'autres pays industriels, devons faire davantage. »

La loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique devrait, à son avis, faire l'objet d'une révision et d'un élargissement en vue de permettre l'importation aux États-Unis de produits agricoles et semi-transformés de qualité en provenance du continent africain. M. Carson a préconisé que l'on accorde une plus grande importance au secteur agricole en Afrique, car plus de 70 % des Africains tiraient leur revenu directement ou indirectement de ce secteur.

Quelque 15 % du pétrole importé par les États-Unis provient de l'Afrique, a-t-il indiqué, et ce continent fournit la plupart du gaz naturel liquéfié consommé dans la partie est des États-Unis. « Les possibilités économiques de l'Afrique sont vastes, et son importance en qualité de partenaire commercial ne cessera pas d'augmenter », a-t-il souligné.

M. Carson, un diplomate émérite ayant plus de 37 ans d’expérience, a servi dans plusieurs pays d’Afrique, dont l’Ouganda, de 1991 à 1994, et au Zimbabwe, de 1995 à 1997.

Depuis 2006, il occupait le poste de haut responsable des services secrets au National Intelligence Council.

La tâche la plus difficile de l’ambassadeur Carson sera de mener la politique américaine au Darfour suite à lancement d’un mandat d’arrêt contre le président soudanais, Omar El-Bashir. – AfricaLog