Des associations de femmes issues de la société civile kényane ont décrété une semaine d'abstinence sexuelle afin d'inciter les hommes politiques à régler leurs différends et réformer le pays.
"Il y a un boycott national pour montrer que les femmes de ce pays ont décidé de faire avancer les réformes", a déclaré mercredi soir Rukia Subow, de l'association Maendeleo ya Wanawake appartenant au collectif G10. Les initiatrices du mouvement estiment que les politiciens, dont l'égoïsme le dispute à l'ambition, ne devraient pas avoir le temps de se consacrer aux plaisirs de la chair compte tenu de la situation économique et politique critique du pays. Prévoyant, le collectif a même indiqué qu'il paierait des prostituées pour se joindre à la grève. "Nous voulons une solution urgente aux problèmes politiques du pays", a expliqué Mme Subow, appelant les épouses des politiciens membres du gouvernement de grande coalition à se joindre au mouvement. L'épouse du Premier ministre Raila Odinga, Ida, a fait savoir qu'elle soutenait l'initiative. "Cela ne doit pas être perçu comme une punition pour les hommes. C'est une mesure destinée à attirer leur attention sur les vrais problèmes", a-t-elle déclaré à l'AFP. Patricia Nyaudi, directrice de la Fédération des femmes avocates, a assuré que l'appel dépassait le simple coup médiatique et visait à promouvoir un certain sens du sacrifice. Le Kenya a connu début 2008 une crise post-électorales meurtrière (1.500 morts) à la suite de la réélection en décembre 2007 du président Mwai Kibaki, accusé alors par son rival Raila Odinga d'avoir fraudé l'élection. Les deux camps ont finalement signé un accord de partage du pouvoir et M. Odinga est devenu Premier ministre d'un gouvernement de coalition empêtré dans les dissensions et qui tarde à adopter des réformes cruciales sur la terre, le chômage des jeunes ou encore un nouveau cadre constitutionnel. - AFP