Barack Obama a profité vendredi de l'ouverture du sommet des Amériques pour tendre la main à Cuba et appeler l'ensemble du continent à ouvrir "un nouveau chapitre de dialogue" avec les Etats-Unis.
Symbole fort de la nouvelle politique qu'il souhaite incarner envers l'Amérique latine, le président américain a serré la main de son homologue Hugo Chavez, considéré comme le chef de file de la contestation anticapitaliste et anti-américaine. "Nous ne pouvons pas rester prisonniers des désaccords du passé", a déclaré Obama lors de son discours inaugural après avoir été chaudement applaudi à son arrivée dans le centre de conférence de Port of Spain, capitale de Trinité-et-Tobago. "Je prends devant vous l'engagement d'un partenariat d'égal à égal", a-t-il dit, appelant à "un dialogue fondé sur le respect mutuel, les intérêts communs et les valeurs partagées". Obama a consacré une grande partie de son discours à l'évocation des relations américano-cubaines, confirmant le réchauffement entre Washington et La Havane initié cette semaine. "Je crois que nous pouvons faire avancer les relations américano-cubaines dans une nouvelle direction", a-t-il dit, précisant que Washington chercherait à "surmonter des décennies de méfiance" pour impulser "un nouveau départ" avec l'île communiste. "Ces deux dernières années, j'ai indiqué, et je le répète aujourd'hui, que j'étais prêt à faire en sorte que mon administration engage le dialogue avec le gouvernement cubain sur un large éventail de questions: des droits de l'homme, de la liberté d'expression, des réformes démocratiques, de la drogue, de l'immigration et des questions économiques." Rompant avec son prédécesseur George Bush, qui avait durci la politique américaine envers l'île communiste, Obama a mis fin lundi aux restrictions qui visaient les voyages et les transferts d'argent des Cubano-Américains vers Cuba, ouvrant une brèche dans l'embargo en vigueur depuis 47 ans. LES "BOLIVARIENS" RÉSISTENT Il s'est aussi dit prêt à d'autres gestes si La Havane entreprenait des réformes démocratiques.
En retour, le président cubain Raul Castro a déclaré qu'il était prêt à discuter "de tout" avec Washington, y compris de la question des prisonniers politiques. Cuba n'a pas été convié au sommet des Amériques, qui réunit 34 chefs d'Etat et de gouvernement, mais l'absence de son président Raul Castro risque de dominer les débats jusqu'à dimanche. Plusieurs dirigeants, de Chavez au président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, ont appelé les Etats-Unis à lever leur embargo à l'encontre de Cuba. Des voix plus critiques, émanant de l'Alternative bolivarienne pour les Amériques (Alba) réunissant le Venezuela, Cuba, la Bolivie, le Nicaragua, le Honduras, la Dominique et Saint-Vincent, ont d'ores et déjà annoncé qu'ils rejetaient le projet de déclaration finale du sommet. Le texte n'apporte selon eux aucune réponse à la crise économique et exclut "de manière injustifiée" Cuba. Le président nicaraguayen, Daniel Ortega, a notamment prononcé un discours au vitriol à l'encontre des Etats-Unis, entraînant une mise au point de Barack Obama. "Je pense qu'il est important de reconnaître, étant donné les suspicions historiques, que la politique des Etats-Unis ne doit pas être faite d'ingérence dans les affaires des autres pays." "Mais cela signifie aussi que nous ne pouvons pas accuser les Etats-Unis de tous les problèmes de la région", a-t-il dit. "Cela fait partie du changement qui doit avoir lieu." "Les Etats-Unis ont changé avec le temps (...) Il est important, je crois, de rappeler à mes amis que les Etats-Unis ne sont pas seuls à devoir changer, nous avons tous la responsabilité de nous tourner vers l'avenir." Reconnaissant la responsabilité des Etats-Unis dans la crise financière, Obama s'est engagé à aider les pays de la région à faire face aux difficultés économiques et à stimuler la croissance. Il a par ailleurs annoncé l'investissement de 30 millions de dollars pour renforcer la coopération en matière de sécurité dans les Caraïbes, promettant d'agir fermement pour "réduire la demande de drogue" aux Etats-Unis et "stopper le flux d'armes" en provenance du sol américain. - Reuters