Il ne sait plus à quel saint se vouer. Dans une lettre rendue publique hier, Benoît XVI s'adresse à ses évêques pour tenter de mettre fin à la polémique provoquée par la levée de l'excommunication, le 21 janvier, de quatre prélats de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X , dont le négationniste Richard Williamson. Le ton est inhabituel. A la lecture de la missive pontificale, on sent de l'amertume et de l'inquiétude. Benoît XVI exprime en effet clairement ses craintes de profondes dissensions parmi les catholiques. Le paradoxe, souligne Odon Vallet, spécialiste des religions, est que « c'est justement sa décision de réhabiliter les évêques schismatiques qui a provoqué cette violente levée de boucliers ». Alors, pourquoi cette volonté de ramener dans le giron de Rome une communauté qui s'en était détournée ? Essentiellement en raison des 215 séminaristes de ce courant par rapport aux quelque 400 que compte l'Eglise, qui font qu'à l'avenir, « les prêtres intégristes seront de plus en plus nombreux », précise Odon Vallet. Autre motif pour le chercheur, auteur de Dieu et le village planétaire (éd. Bayard), « une probable coupable proximité du pape avec ce courant d'extrême droite ». Dans sa lettre, Benoît XVI réaffirme qu'il ignorait tout des prises de position négationnistes de Richard Williamson, s'engageant à « prêter davantage attention à Internet ». Mais, pour Odon Vallet, cette décision, qui fait écho à la récente excommunication au Brésil d'une mère et de médecins ayant pratiqué une IVG sur une fillette enceinte après avoir été violée, s'inscrit dans le virage à droite entamé par les autorités ecclésiastiques il y a trente ans.