Fauchée par la mort le 01 février 2009 dernier dans sa trentième année des suites d’une maladie, Love Affo a été inhumée samedi dernier à Aglogbè, au quartier Salènouto à Porto-novo. C’est par une veillée de prières et de chants à la maison mortuaire au quartier Agla de Cotonou qu’ont démarré le jeudi dernier, les obsèques de la chanteuse, Love Affo. Ces obsèques se sont poursuivies le lendemain par la levée du corps à la morgue de Proci de Cotonou, puis une exposition de la dépouille mortelle dans sa maison maternelle. Une chapelle ardente a été dressée à la maison mortuaire pour la soirée funéraire.
Le clou de la journée d’hommage fut l’exposition de la dépouille mortelle au Hall des arts de Cotonou. Une occasion pour les artistes béninois et étrangers de rendre un dernier hommage à leur paire. Discours, témoignages, prestations, rien n’a été de trop pour louer le mérite de cette danseuse et chanteuse émérite. «Love Affo n’est pas morte» martèle la chanteuse Baflora, les yeux embués de larmes. Pour Nel Oliver, «Love affo, comme une étoile filante a eu le mérite au cours de son bref passage sur la terre, de semer la joie, l’amour et de divertir les mélomanes. Elle laisse un héritage assez consistant pour la discographie africaine». «Love Affo est une artiste de la Côte d’Ivoire. Nous l’avons adoptée et nous avons du mal à accepter sa disparition » déplore le chanteur Gadji Céli, président de l’Uni¬on des artistes de Côte d’Ivoire (UNARTCI), venu à Cotonou pour la circonstance à la tête d’une délégation d’artistes ivoiriens. «Le peuple ivoirien se prépare pour rendre un géant hommage à la reine du Shokanawa à travers les médias internationaux » conclut Gadji Celi. «Pour le ministre de la Culture et de l’alphabétisation, Galiou Soglo, "Love affo est l’une des véritables ambassadrices du Bénin car son talent lui a permis de hisser haut l’étendard du Bénin à l’international". Elle mérite un hommage digne. C’est d’ailleurs dans cette optique que le ministre, joint par téléphone au cours d’une émission télévisée sur la chaine nationale depuis Ouagadougou où il participe au Fespaco, annonce l’organisation bientôt d’une cérémonie particulière d’hommage à la chanteuse béninoise arrachée dans la fleur de l’âge. Des hommages, Love Affo en a vraiment reçu, son talent faisant l’unanimité, les artistes ne se sont pas fait prier pour la circonstance. Depuis quelques jours, des singles, des clips, des impressions sur teeshirt de l’image de la regrettée et bien d’autres activités telle qu’une soirée d’hommage artistique à la place du Souvenir ont mobilisé l’opinion publique autour de ces funérailles qui ont inévitablement pris l’allure d’un événement international. Parcours d’une passionnée de la danse et de la musique De son vrai nom, Affodohouto Kowémaho Yvette, Love Affo, originaire d’Aglogbé Adjarra, non loin de Porto Novo est la huitième enfant d’une famille qui en compte neuf. Elle révèle très tôt ses atouts pour la danse et la musique. Enfant, elle intègre le groupe «Jeannettes et Guides», une association de jeunes filles spécialisée dans l’animation culturelle. Peu après, elle se rend à Ouagadougou avec sa grande soeur et entre en apprentissage de coiffure. Dans la même période, elle crée premier groupe de filles chorégraphes «Les Princesses». Ce groupe avait pour vocation d’accompagner des artistes africains. Malgré les énormes contraintes que lui exigeait sa passion pour la musique et la danse, elle parvient à achever en 1999, son apprentissage en coiffure. Entre temps revenue au Bénin, elle crée un autre groupe de filles dénommé «Les Reines». C’est justement par ce dernier groupe que le public béninois l’a connue, aux côtés de plusieurs artistes musiciens nationaux que le groupe accompagnait. Sans avoir fait une école spécialisée, Love Affo concevait et apprenait de riches et variés tableaux chorégraphiques aux autres membres du groupe. Ces chorégraphies s’accommodaient à plusieurs genres musicaux du Bénin et d’Afrique. Parallèlement à ces activités, elle écrivait aussi de nombreuses chansons avec la complicité de sa mère. Cela lui a permis de disposer d’un grand répertoire d’auto compositions. En 2003, elle rentre au studio « Digital Planète » à Paris pour en sortir quelques mois plus tard avec son premier album, «Miwa Douwé». C’est un opus de 10 titres qui lance la carrière de la jeune chanteuse. Depuis, elle ne s’est pas arrêtée de travailler. En quête permanente d’innovation, elle crée la dance Shokanawa et le Yéyé Dingbo, ou la danse de l’araignée, deux danses tous appréciées du public international. Son prochain album en cours de préparation ne verra malheureusement jamais le jour. La nature en a décidé ainsi, et les mélomanes n’ont que leurs yeux pour pleurer leur idole qui, malgré son bref passage, a réussi sa mission de se rendre immortelle par ses créations. – L’Autre Quotidien