La Cour pĂ©nale internationale (CPI) a annoncĂ© mercredi avoir dĂ©livrĂ© un mandat d'arrĂȘt contre le prĂ©sident soudanais Omar el-BĂ©chir pour crimes de guerre et crimes contre l'humanitĂ© au Darfour, sans retenir le chef d'accusation de gĂ©nocide.
"Aujourd'hui, la chambre prĂ©liminaire 1 (...) a Ă©mis un mandat d'arrĂȘt contre le prĂ©sident du Soudan Omar el-BĂ©chir pour crimes de guerre et crimes contre l'humanitĂ©", a dĂ©clarĂ© la porte-parole de la CPI, lors d'une confĂ©rence de presse dans les locaux de la CPI Ă La Haye. La Cour n'a pas Ă©mis de mandat d'arrĂȘt contre M. BĂ©chir pour gĂ©nocide, contrairement Ă ce qu'avait demandĂ© le procureur de la CPI, Luis Moreno Ocampo. L'ONG MĂ©decins sans frontiĂšres (MSF) avait annoncĂ© un peu plus tĂŽt avoir reçu l'ordre du Soudan d'Ă©vacuer son personnel international du Darfour.
Peu auparavant, le porte-parole de l'armĂ©e, Osman al-Aghbash, citĂ© par Radio Omdurman (officielle), avait dĂ©clarĂ© que l'armĂ©e soudanaise rĂ©agirait "avec fermetĂ© contre quiconque collaborant avec la Cour pĂ©nale internationale". DĂšs mardi, M. BĂ©chir avait prĂ©venu que la dĂ©cision de la CPI n'aurait "aucune valeur". "Elle ne vaudra pas l'encre avec laquelle elle aura Ă©tĂ© Ă©crite", avait-il lancĂ© devant plusieurs milliers de Soudanais, qui l'ont acclamĂ© avant de piĂ©tiner des affiches du procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo. La "tension" Ă©tait palpable mardi matin au Darfour, selon un responsable de la force de maintien de la paix ONU-Union africaine (Minuad) au Darfour, rĂ©gion de l'ouest du Soudan dĂ©chirĂ©e par un conflit qui a fait 300.000 morts, selon l'ONU, alors que Khartoum parle de 10.000 morts. M. Moreno-Ocampo avait demandĂ© le 14 juillet 2008 un mandat d'arrĂȘt contre Omar el-BĂ©chir, 65 ans, Ă la tĂȘte du plus grand pays d'Afrique depuis 1989. Dans sa requĂȘte Ă la Cour, le procureur avait estimĂ© que le prĂ©sident du Soudan Ă©tait pĂ©nalement responsable du gĂ©nocide des ethnies four, masalit et zaghawa. "M. BĂ©chir a, de façon spĂ©cifique et Ă dessein, pris pour cible des civils qui ne prenaient part Ă aucun conflit, dans l'intention de les dĂ©truire, en tant que groupe", avait-il affirmĂ©. M. Moreno-Ocampo a accusĂ© Ă©galement Omar el-BĂ©chir d'ĂȘtre responsable de meurtres, d'extermination, du transfert forcĂ© de population, de tortures et viols, de crimes contre l'humanitĂ©, ainsi que de pillages et d'attaques et de crimes de guerre, commis depuis mars 2003. Environ 35.000 civils ont Ă©tĂ© tuĂ©s lors d'attaques de leurs villages par l'armĂ©e soudanaise, appuyĂ©e par des milices pro-gouvernementales janjawid. Le conflit a dĂ©placĂ© 2,7 millions de personnes et 100.000 personnes "ont pĂ©ri de mort lente" dans des camps, de faim et de maladie, selon M. Moreno-Ocampo. Le procureur de la CPI, seul tribunal permanent compĂ©tent pour juger des crimes de guerre, crimes contre l'humanitĂ© et gĂ©nocide, enquĂȘte depuis 2005 sur le Darfour en vertu d'une rĂ©solution du Conseil de sĂ©curitĂ© de l'ONU. Un mandat d'arrĂȘt aurait "des consĂ©quences dangereuses sur les efforts de paix en cours au Darfour", a averti mardi La Ligue arabe. La CPI avait Ă©mis des mandats d'arrĂȘt contre le ministre soudanais des Affaires humanitaires, Ahmed Haroun, et le chef de milice janjawid, Ali Kosheib, en mai 2007, mais Omar el-BĂ©chir a toujours refusĂ© de les extrader. La CPI ne dispose d'aucune force de police propre et dĂ©pend de la volontĂ© des Etats pour l'exĂ©cution des mandats d'arrĂȘt. - AFP