La junte au pouvoir depuis le 23 décembre en Guinée a appelé samedi les partis, syndicats et la société civile guinéens à "aider le pays à passer la transition dans le calme", à la veille de la réunion lundi à Conakry du groupe de contact sur la Guinée.
Le lieutenant-colonel Morciré Camara, membre du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD, junte), a demandé à "aider le pays à passer la transition dans le calme et la paix", lors d'une réunion entre la junte et des représentants des partis politiques et de la société civile au palais du peuple de Conakry. Il a demandé à ses interlocuteurs de "parler d'une même voix, celle de la Guinée unie et solidaire" lors de la rencontre du groupe de contact sur la Guinée qui s'ouvre lundi à Conakry, en présence du secrétaire d'Etat français à la Coopération Alain Joyandet. Ce groupe de contact a été créé le 30 janvier lors du sommet de l'Union africaine (UA), et rassemble notamment des représentants de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest (Cédéao), de l'UA, de l'ONU et de l'Union européenne. La communauté internationale attend de la junte au pouvoir qu'elle renouvelle ses engagements, notamment sur l'organisation d'élections au dernier trimestre 2009, et sur le respect des droits humains et de l'Etat de droit. Nous sommes "d'accord mais nous avons des préalables", a répondu Ibrahima Fofana, un porte-parole des syndicats, aux propos du lieutenant-colonel Camara. "Nous vous avons soumis une plate-forme revendicative. Vous ne pouvez pas nous interdire toute activité et nous demander de travailler avec vous. C'est inadmissible et incompatible", a-t-il dit. Selon lui, "l'acte du CNDD suspendant les activités politiques et syndicales est anti-démocratique. Lorsqu'on prend des décisions impopulaires qui sont de nature anti-démocratique, le peuple ne tardera pas à s'exprimer", a poursuivi M. Fofana. De son côté, Rabiatou Sérah Diallo, une figure de proue du mouvement syndical guinéen, a estimé que "la suspension des activités politiques et syndicales ne sert pas son auteur (la junte)", parce qu'étant "un acte qui viole les conventions internationales". La même idée a été exprimée par les représentants des partis. Les activités politiques et syndicales ont été suspendues par les militaires après leur prise du pouvoir le 23 décembre. Le Lieutenant-colonel Camara a dit qu'il va "rendre compte à qui de droit. Nous allons donc nous référer à nos mandants et vous aurez la réponse dans les meilleurs délais". Le décès du général-président Lansana Conté, dont le "règne" très contesté a duré 24 ans (1984-2008), avait été annoncé le 22 décembre. Le lendemain, le capitaine Moussa Daddis Camara avait annoncé la prise du pouvoir par des éléments de l'armée. - AFP