Bombay panse ses plaies | Alog News | www.africalog.com
home

Bombay panse ses plaies

Dec 01, 2008

Ebranlée par trois jours de peur et de carnage, Mumbai (ex-Bombay), la bruissante métropole indienne, pansait ses plaies dimanche, pleurant ses morts alors que le Cafe Leopold, une des cibles des terroristes, a rouvert ses portes pour la première fois.

Un jour après la fin du siège, des cadavres continuaient d'être sortis de l'hôtel Taj Mahal, alors que le dernier bilan, revu à la baisse mais encore susceptible de bouger, s'établissait à 174 morts.

Le célèbre Taj, en bord de mer, un des monuments symbole de la ville et très aimé tant des Indiens que des touristes, était dimanche matin entouré de barrières métalliques, ses fenêtres désormais sans vitres barricadées.

Non loin de là, à la Porte de l'Inde, l'arche de basalte qui est le principal monument de Mumbai, un mémorial a été improvisé, bougies, fleurs et messages rendant hommage aux victimes de ces 60 heures de terreur.

"Nous avons été déjà à deux funérailles", expliquait Karin Dutta, en déposant un petit bouquet de fleurs blanches pour ses amis morts au Taj Mahal. "Nous allons à une troisième cérémonie maintenant".

Les autorités indiennes ont ramené le bilan à 174 morts, après en avoir annoncé 195, expliquant que dans le chaos, certains corps avaient été décomptés deux fois.

Mais il pourrait remonter à nouveau, car certains secteurs de l'immense Taj Mahal étaient encore en train d'être fouillés dimanche. Parmi les morts, on compte 18 étrangers, dont six Américains. Neuf des assaillants ont été tués.

L'un des dix sites choisis pour cibles par les terroristes, le Cafe Leopold, restaurant touristique très fréquenté, a rouvert pour la première fois dimanche après-midi.

Alors que le ministre de l'Intérieur Shivraj Patil, prenant sur lui la responsabilité de ces attaques sans précédent, a présenté sa démission, le Premier ministre Manmohan Singh a convoqué dimanche une réunion extraordinaire des responsables des principaux partis politiques du pays pour évaluer la situation.

"Face à cette menace nationale et à la suite de cette tragédie nationale, chacun de nous, membres des différents partis politiques, devons passer outre les considérations bassement politiques et rester unis", a déclaré le Premier ministre.

Il a aussi désigné le ministre des Finances Palaniappan Chidambaram, un avocat ayant étudié à l'université d'Harvard, pour remplacer Shivraj Patil. M. Chidambaram a déjà été ministre de la Sécurité intérieure dans les années 1980, dans le gouvernement de Rajiv Gandhi.

Le seul assaillant capturé vivant, actuellement interrogé, est originaire du Pakistan. Islamabad dément toute implication, mais la tension était à son comble entre les deux pays, voisins et rivaux.

Alors que les médias indiens ont rapidement fait porter les soupçons sur le Lashkar-e-Taiba, considéré comme une création des services de sécurité pakistanais pour semer le conflit au Cachemire indien, nombre de questions attendent des réponses: comment entre autres un si petit nombre de terroristes, certains si jeunes qu'ils avaient l'air de lycéens, ont-ils pu faire de tels dégâts?

Selon R.R. Patil, adjoint du ministre en chef de l'Etat du Maharashtra, l'enquête laisse penser que les assaillants ambitionnaient de massacrer 5.000 personnes.

Les agresseurs, aussi bien entraînés que déterminés, étaient également très bien équipés, selon les responsables de l'enquête: armes sophistiquées, munitions en quantité, GPS, téléphones portables et satellite pour communiquer... Pendant ces trois jours d'affrontements, ils ont de manière répétée contacté un pays étranger qui n'a pas été identifié.

"Dès qu'il y avait un peu de pression, ils jetaient une grenade. Ils en usaient librement", a expliqué J.K. Dutt, directeur général des unités commandos d'élite qui ont mené les opérations contre le groupe terroriste. Selon un américain responsable de l'anti-terrorisme, le mode opératoire semblait en harmonie avec le Lashkar et le Jaish-e-Mohammed, autre mouvement opérant au Cachemire, tous deux considérés comme ayant des liens avec al-Qaïda. AP