Un des leaders de l'opposition en Guinée, Alpha Condé, a estimé mardi, au lendemain du "massacre" par les forces de sécurité d'au moins 157 personnes, que le mouvement de manifestations allait se poursuivre jusqu'au départ du pouvoir militaire "criminel".
"Nous allons continuer les manifestations jusqu'à ce qu'on obtienne satisfaction. Il ne s'agit même plus de la question des élections (prévues début 2010, ndlr) mais de faire partir ce pouvoir criminel qui n'hésite pas à faire tirer sur des jeunes à bout portant" a déclaré, depuis New York, Alpha Condé, qui dirige le parti Rassemblement du peuple de Guinée (RPG). "Ce sont les mêmes tueries (qu'en 2007, ndlr) qui recommencent, cela veut dire qu'ils sont prêts à tout pour imposer une dictature militaire, mais nous nous sommes prêts à tout pour mobiliser le peuple jusqu'à imposer le changement, car plus personne ne veut d'un régime militaire" a assuré M. Condé. Plusieurs dizaines de milliers de personnes s'étaient rassemblées lundi dans le plus grand stade de Conakry, pour rejeter une éventuelle candidature du chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, à la présidentielle de janvier. La répression de ces manifestations a fait au moins 157 morts et 1.253 blessés, selon l'Organisation guinéenne de défense des droits de l'Homme. "Même pendant les évènements de 2007 (la répression de manifestations durant plusieurs semaines, qui avait fait 186 morts selon les ONG, ndlr), on n'en était pas arrivés à ce stade de barbarie", a jugé M. Condé, qui avait été un farouche opposant au régime du défunt président Lansana Conté. Le capitaine Dadis Camara et d'autres officiers avaient pris le pouvoir le 23 décembre 2008, peu après la mort du général Conté qui dirigeait la Guinée depuis 1984. Interrogé sur la responsabilité du chef de la junte, qui s'est dit "très trés désolé" lundi soir d'apprendre les massacres, M. Condé a interrogé: "Comment pourrait-on dire qu'il est dépassé quand c'est son propre aide de camp qui a dirigé les tueries?" "Le capitaine peut raconter ce qu'il veut. Tout le monde l'a vu: c'est l'aide de camp du président, Toumba Diakité, qui est entré dans le stade avec les bérets rouges et a fait tirer sur les gens", a-t-il insisté. "A partir du moment où on a massacré, il faut que non seulement le capitaine se retire de la course à la présidentielle et du pouvoir, mais que ces gens soient jugés devant un tribunal pénal international: on ne peut pas tirer sur des jeunes et que cela reste impuni!", a poursuivi M. Condé. L'opposant se trouvait encore à New York où il était allé, il y a quelques jours, "expliquer aux chefs d'Etat réunis pour l'Assemblée générale de l'ONU la gravité de la situation en Guinée". - AFP