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La Côte d'Ivoire va former un nouveau gouvernement de coalition

Feb 23, 2010

Le Premier ministre de Côte d'Ivoire a déclaré lundi qu'il annoncera dans les 24 heures la composition du nouveau gouvernement du pays, qui inclura des membres de l'opposition. Une nouvelle manifestation a par ailleurs fait au moins deux morts lundi.

L'annonce du nouveau gouvernement pourrait mettre fin à une semaine de violentes manifestations déclenchées par la dissolution de l'ancien gouvernement du président Laurent Gbagbo.

Le Premier ministre Guillaume Soro a annoncé que l'opposition avait accepté de rejoindre le nouveau gouvernement de coalition, après avoir refusé de le faire pendant une semaine. Le président burkinabé Blaise Compaoré a joué les médiateurs dans les pourparlers de crise.

Après une journée de négociations marathon entre les deux parties, Guillaume Soro a dit aux journalistes que "les joueurs politiques" du pays étaient parvenus à un accord et qu'il prévoyait d'annoncer les détails d'un nouveau gouvernement mercredi matin.

"Je suis heureux d'annoncer que ces discussions se sont concrétisées et ont permis aux joueurs politiques ivoiriens de s'entendre et de sortir de cette crise, et par dessus tout, d'amener la paix dans notre pays", a déclaré Guillaume Soro, qui était aux côtés de Laurent Gbagbo et de Blaise Compaoré.

La crise a démarré la semaine dernière avec la dissolution du gouvernement par le président Laurent Gbagbo, ce qui a entraîné des manifestations et violences sporadiques dans tout le pays. Les deux leaders de l'opposition avaient refusé dimanche soir de rejoindre un gouvernement de coalition qui, dans un premier temps, devait être annoncé lundi. Ils avaient demandé au président Compaoré de faire office de médiateur dans des discussions avec le camp présidentiel.

Ce pays de l'Afrique de l'Ouest est plongé dans la crise depuis 2002, après une tentative de coup d'Etat et la guerre civile qui a suivi, divisant la Côte d'Ivoire en deux -le Sud tenu par le gouvernement et le Nord par les rebelles des Forces nouvelles de Guillaume Soro. L'accord de paix en 2007 avait ouvert la voie à la réconciliation nationale, avec la formation d'un gouvernement d'union dirigé par Guillaume Soro.

Le pays se préparait à des élections présidentielles quand Laurent Gbagbo a dissous le gouvernement et la commission électorale indépendante le 12 février, donnant un coup d'arrêt au processus. Ces élections ont été reportées régulièrement depuis 2005, date à laquelle expirait légalement le mandat présidentiel de Laurent Gbagbo.

Lundi, une nouvelle manifestation de l'opposition a donné lieu à des violences, dans lesquelles au moins deux personnes ont été tuées, selon des témoins.

Un journaliste de l'Associated Press Television News (APTN) a vu deux cadavres gardés par la police pendant une manifestation dans le district d'Abobo, dans le nord d'Abidjan (sud du pays). Deux autres témoins, dont un pasteur, Alexandre Brou, ont de leur côté déclaré avoir vu la police frapper des manifestants.

Selon un chauffeur de bus, Mema Camara, des centaines de jeunes gens s'étaient rassemblés dès le matin pour élever des barricades, interrompant toute circulation, brûlant des pneus et lançant des pierres aux automobiles qui s'approchaient. La police est intervenue et a tiré des gaz lacrymogènes pour disperser la foule, puis "les policiers ont commencé à frapper tous ceux qu'ils pouvaient attraper", a affirmé Mema Camara. "Nous nous sommes cachés dans nos maisons pour les éviter."

Mais les policiers ont poursuivi les manifestants dans leurs maisons et les en ont sortis, d'après un sympathisant de l'opposition, Ahmed Coulibaly. "Nous sommes scandalisés. Nous sommes traumatisés. Cela nous rappelle les pires moments de la guerre civile", a-t-il dit.

L'opposition a également défilé dans au moins quatre autres villes ivoiriennes.

Par ailleurs, la chaîne d'information France 24 a déclaré que les autorités ivoiriennes avaient "provisoirement suspendu" sa diffusion dans le pays. La direction "espère que le Conseil national de la communication audiovisuelle (CNCA) qui se réunit mercredi reviendra sur cette décision qui lui paraît injustifiée", ajoute-t-elle dans un communiqué. - AP