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Nigeria: au moins 500 morts dans de nouvelles violences intercommunautaires

Mar 08, 2010

La violence intercommunautaire s'est à nouveau déchaînée dans le centre du Nigeria, où plus de 500 habitants de villages chrétiens ont été massacrés ce week-end dans menées par des éleveurs musulmans, ont déclaré lundi les autorités.

Des dizaines d'étudiants ont manifesté lundi à Jos, capitale de l'Etat du Plateau, scandant "Non au génocide", "nous voulons la paix dans l'Etat du Plateau".

Le Vatican a réagi en exprimant "douleur et préoccupation" face à d'"horribles faits de violence".

Son porte-parole, le père Federico Lombardi, a toutefois refusé d'en faire un conflit religieux, renvoyant à la position de l'archevêque d'Abuja, Mgr John Onaiyekan, qui a déclaré qu'"on ne se tue pas à cause de la religion, mais pour des revendications sociales, économiques, tribales, culturelles".

 

Les attaques, coordonnées selon des témoins, ont été menées dans la nuit de samedi à dimanche dans trois villages au sud de Jos, capitale de l'Etat du Plateau, où les violences ethniques et religieuses sont récurrentes.

En trois heures, des centaines de personnes, dont de nombreuses femmes et des enfants, ont été massacrées, tuées à la machettes et brûlées, selon les témoins qui ont décrit de véritables scènes d'horreur.

Toutes les forces de sécurité de l'Etat du Plateau et des Etats voisins ont été placées en alerte maximum dimanche soir sur ordre du président par intérim Goodluck Jonathan.

"Plus de 500 personnes ont été tuées dans cet acte abominable perpétré par des éleveurs Fulani", a affirmé lundi à l'AFP le responsable de la communication du Plateau, Dan Majang, ajoutant que 95 personnes avaient été arrêtées après l'attaque.

Peter Gyang, un habitant de Dogo Nahawa, le village le plus touché, a perdu sa femme et deux enfants, et a raconté à des journalistes: "ils ont tiré des coups de feu pour effrayer les gens et les ont ensuite tués à la machette".

"L'attaque a commencé vers 3H00 du matin et a duré jusqu'à 6H00. Nous n'avons pas vu le moindre policier", a-t-il ajouté.

"Apparemment c'était bien coordonné, les assaillants ont lancé les attaques simultanément (...) De nombreuses maisons ont été brûlées", a raconté Shamaki Gad Peter, responsable d'une organisation de défense des droits de l'Homme à Jos, qui s'est rendu dimanche dans les trois villages concernés.

Selon des témoins cités par le journal The Nation, les assaillants étaient entre 300 et 500.

L'attaque a été perpétrée par des éleveurs de l'ethnie fulani, majoritairement musulmane, contre des Berom, une ethnie sédentaire majoritairement chrétienne.

Selon Shehu Sani, un militant des droits de l'Homme à Jos, les assaillants ont effectué un tri entre chrétiens et musulmans, en criant le mot "nage", un mot fulani qui signifie "bétail". Ceux qui ne répondaient pas étaient tués, a-t-il dit.

D'autres témoins cités par la presse ont indiqué que les habitants musulmans des villages avaient reçu samedi des SMS les prévenant de l'attaque.

Selon M. Sani, ce massacre a été commis en représailles aux violences inter-religieuses survenues en janvier à Jos et dans sa région, où plus de 300 personnes, essentiellement des musulmans, avaient été tuées par des chrétiens.

D'après une source officielle, de récents rapports de sécurité laissent penser que "des intégristes islamistes" dans la région ont encouragé l'attaque contre les Berom.

Dans un communiqué dimanche, le Forum des Chrétiens de l'Etat du plateau a accusé l'armée nigériane d'être restée passive.

"Nous sommes fatigués de ce génocide contre nos frères chrétiens. Nous n'avons plus confiance dans les forces armées nigérianes chargées de la sécurité de l'Etat du Plateau, en raison de leur attitude partiale envers les chrétiens", ajoute le Forum.

La région est placée sous couvre-feu entre 18H00 et 06H00 depuis la précédente flambée de violence en janvier. - AFP