Ce 22 juillet, M. Sidya Touré, candidat malheureux de l'UFR, du premier tour du scrutin présidentiel du 27 juin dernier, a fait un point de presse en début d'après-midi à Conakry pour poser ses critères d'alliance et rassurer ses militants. Il a également demandé d'arrêter l'intoxication car dit-il, il n'a pas encore donné de consigne de vote.
AfricaLog vous livre en intégralité l’intervention du leader de l’UFR
"Je suis devant vous pour exprimer la réaction de l'Union des Forces républicaines à la suite de l'arrêt de la Cour suprême intervenu avant hier. Nous avons souhaité, au cours de cette transition, organiser des élections qui pourraient permettre à notre pays de tourner la page de 52 années de misère et de difficultés en tout genre. Cette opportunité nous a été offerte avec des élections qui, il faut l'avouer, ont été précipitées. Elles ont été précipitées dans le délai de l'organisation. Je crois que tout le monde a été témoin de ce qui s’est passé sur le terrain. Beaucoup de choses ont concouru à rendre ces élections difficiles et quelque peu ratées.
L'acceptation de 24 candidats dans les conditions que nous n'arrivons pas à savoir. La Constitution guinéenne était claire: seuls les partis politiques présentent des candidats. La définition de partis politiques reste à faire. Car on a des candidats qui ont créé il y a quelques semaines de l'élection présidentielle. Ceci a entraîné à l'effritement de l'électorat mais plus grave, donné un caractère extrêmement ethnique à cette consultation qu'on souhaitait nationale. Malgré tout ça, la Guinée est notre bien commun. La Guinée vaut des sacrifices. Notre pays a besoin de se retrouver, de se ressaisir, d'aller de l'avant, c'est la raison pour laquelle, malgré toutes ces imperfections, nous avons pris acte de l'arrêt de la Cour suprême et que notre parti a immédiatement déclaré que nous accepterions les résultats de cet arrêt.
Je crois heureusement que c'était un arrêt et si on en avait fait deux, à force de supprimer les votes, on allait se retrouver à 0%. Autant s'arrêter-là. C'est notre rôle en tant que leader politique de faire en sorte que les institutions que nous essayons de mettre en place soient qualifiées, que ces institutions, malgré leur imperfection, soient respectées dans leur décision. Voilà pourquoi à l'UFR, nous avons pris l'initiative, de faire en sorte que nous soyons le premier parti à dire allons y, continuons, la Guinée vaut bien cela. Il n'appartient uniquement à l'Union des Forces Républicaines de faire de tels engagements.
Il est temps au niveau des responsables de la Transition que nous passions à des choses beaucoup plus objectives, valorisantes pour la suite d'un événement aussi important qui va définir et déterminer l'avenir de notre pays. Faire en sorte que le lynchage médiatique que nous avons connu ces derniers temps soit révolu et que tout le monde prenne la hauteur et qu'en fin on se consacre au travail qui est le nôtre; c'est-à-dire le travail, celui des responsables de la Transition, qu'on se consacre à la suite de ces élections dans les conditions qui permettraient à notre pays de se retrouver.
La troisième responsabilité se trouve au niveau des deux derniers candidats qui vont être en lice. Ils doivent faire preuve de beaucoup plus de responsabilité. La situation de notre pays est fragile. C'est pratiquement un équilibre instable. Il ne faut pas, pour quelle que raison que ce soit, qu'on se permette de jeter de l'huile sur le feu.
Il faudra bannir de cette campagne à venir toute déclaration en forme ethniciste, régionaliste ou communautaire. Nous souhaitons que le débat soit un débat d'idées, un débat de programme.
J'invite fortement au Gouvernement de Transition à faire en sorte que ce ton, cette tonalité soit respectée au cours de cette campagne, il y va de la suite de ce que nous sommes en train de dire.
Nous pensons qu'avec cela, la Guinée pourra trouver en fin la voie que nous avons souhaité tracer en nous lançant dans cette campagne.
Je profite de cette opportunité pour remercier nos militants qui se sont mobilisés, qui se sont organisés pour faire en sorte que nous ayons une campagne propre, une campagne à la hauteur de nos espoirs, bien que les résultats n'aient pas été totalement là. Mais l'Ufr a continué de porter le message de l'unicité de notre pays, d'une Guinée unie, d'une société unie et d'un parti transversal.
Notre parti doit sortir grandi et consolidé de cette consultation. Nous avons vu que nous avons la possibilité de mobiliser nos militants, nous avons vu que si simplement nous avons pris beaucoup plus de risque, dans le cadre de ces élections, les résultats auraient pu être à la hauteur de nos espoirs.
N'oublions pas que nous sommes partis avec un handicap majeur dans ces consultations. N'étant pas un parti typique au niveau régional et au niveau communautaire, on nous avait dit qu'il n'y aurait pas d'élection autre que communautaire en Guinée. Bien que les résultats aient été cela, nous avons constaté que nous avons résisté dans beaucoup d'endroits où il n' y avait pas forcement des ressortissants de la même région que le leader de notre parti.
Il faut résister à l'intoxication, nous n'avons pas donné encore de consigne de vote. Nous sommes en discussion avec les leaders politiques. Je les ai reçus, je continue à recevoir, nous nous concertons avec nos amis. Le moment venu nous reviendrons vers vous, pour vous dire quelle a été notre décision. En attendant, faites en sorte que l'intoxication ne passe pas.
À nos militants, notre parti n'est pas lié à une quelconque coordination, ni à une quelconque mosquée, c'est un parti qui s'appelle l'Union des forces républicaines, qui a un bureau exécutif des coordinations, des fédérations, des comités régionaux et des comités de base. C'est à ce niveau seulement que les décisions du parti doivent se prendre. Nous devons faire en sorte, auprès de nos militants, pour qu'à chaque fois ces questions se posent, qu'on se réfère aux instances dirigeantes du parti. Le moment viendra où nous serons malheureusement obligés de prendre une décision quant à la suite de ces élections.
Je l'ai dit dans certaines radios. Je ne souhaitais pas avoir à prendre cette décision. Parce que je ne voudrai pas que cela soit perçu de quelle que manière que ce soit, que notre parti est pour ou contre un autre groupe. C'est la raison pour laquelle, quand le choix de l'Union des Forces républicaines se fera, ce sera un choix basé sur notre programme de développement économique et social pour notre pays. Le parti offrira plus de garantie sur l'application de ce programme-là, mais le parti avec lequel nous aurons l'alliance la plus forte pour faire en sorte que les responsables, les militants de l'UFR puissent partager le pouvoir avec celui vers lequel nous nous orienterons. Cela doit être clair. Parce que nous voulons jouer un rôle déterminant.
Nous avons pris des engagements vis-à-vis de nos militants, vis-à-vis de nos compatriotes, pouvoir opter une caution sérieuse à cela, mais cette caution sera au prix du partage de responsabilité. Nous ne ferons pas une alliance dont nous serons les spectateurs, une fois l'alliance passée. Nous voulons une responsabilité active. Moi-même de l'UFR avec d'autres candidats qui ne sont admis pour le second tour, nous sommes actuellement en discussion et nous vous ferons connaître, le moment venu, sur quelle base ce choix se fera et nous vous dirons avec qui ce choix va se faire. Cet enjeux est important. Parce que nous nous sommes pas venus en politique juste parce qu'à un moment donné, on a eu envie de se lancer dans la campagne. Cela fait plus de dix ans que j'ai pris la tête de l'UFR, nous avons participé à beaucoup de consultations électorales au temps du régime passé. Si nous sommes-là aujourd'hui, quelque soit le score qui a été indiqué, nous connaissons exactement où sont nos militants. Et si nous sommes-là aujourd'hui, parce que nous portons non seulement des valeurs mais une ambition très nette et très claire pour notre parti. Nous expliquerons à nos militants que l'alliance qui se fera avec un autre parti n'est pas une fusion. L'UFR va rester comme tel. Nous allons nous préparer pour les échéances futures, notamment les législatives et les élections communales et communautaires en tant que UFR.
Nous voudrons avoir la possibilité, en tant que parti politique national, de nous retirer si nous estimons que les objectifs que nous voulons atteindre ne sont pas atteints. Si nous nous rendons compte que le mode de gouvernement que nous voulons mettre en place ne peut l'être, si nous nous rendons compte que les maux contre lesquels nous voulons nous battre, (…), l'UFR devra avoir la possibilité de sortir d'une telle alliance. Voilà pour quoi ce ne sera une autre chose qu'une alliance sur la base du programme que nous allons établir. Le bureau exécutif du parti travaille actuellement à établir ces critères que nous soumettrons à nos camarades qui sont prêts à se joindre avec nous pour faire une proposition de gouvernement.
Je voudrais pour terminer, à l'intention de nos compatriotes notamment nos militants, dire que ce n'est pas la dernière élection qui va avoir lieu en Guinée, il y en aura d'autres. L'espoir de voir le parti à la magistrature suprême ne doit pas être perdu, dans la mesure où nous resterons unis et que nous continuerons le combat ensemble. Nous le continuerons en tant que l'UFR et l'UFR survivra à cela, l'UFR sera présent dans les batailles futures.
Je souhaiterais que cet espoir soit partagé par tous et que nous nous remettions au travail. Samedi déjà nous aurons notre assemblée générale. Je souhaiterais que les responsables des fédérations de Conakry soient tous présents à cette assemblée afin qu'on puisse échanger ainsi que les responsables des jeunes, des femmes et des structures d'appui de tous les groupements qui nous ont apporté leur soutien lors de la campagne électorale." – AfricaLog