La mort de Michel Germaneau ne restera pas impunie, a menacé lundi Nicolas Sarkozy au lendemain de l'annonce par l'organisation Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) de l'exécution de l'otage français détenu au Sahara.
Le président français a confirmé la mort de cet homme de 78 ans, membre d'une organisation humanitaire, enlevé le 20 avril dans le nord du Niger.
"Aujourd'hui, comme cela avait été annoncé par l'ultimatum du 12 juillet, il est mort", a-t-il dit lors d'une déclaration solennelle au palais de l'Elysée.
Le chef de l'Etat français, qui venait de présider un conseil de sécurité et de défense sur ce dossier, a dénoncé un "acte barbare" et "odieux" commis par un "groupe de terroristes" contre une victime innocente.
"Plus que jamais nous sommes décidés à lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes et à soutenir les pays qui ont le courage de combattre ce terrorisme barbare", a-t-il dit. "Le crime commis contre Michel Germaneau ne restera pas impuni."
Dans un enregistrement diffusé dimanche par la chaîne de télévision arabe Al Djazira, AQMI a annoncé avoir tué Michel Germaneau en représailles à une opération militaire mauritanienne menée contre ses membres avec l'appui de l'armée française.
Au moins six combattants islamistes ont été tués lors de ce raid contre une base d'AQMI, jeudi dernier, dans le Sahara.
MENACE CONTRE MENACE
"Sarkozy a été incapable de libérer son compatriote au cours de son opération manquée mais il a sans aucun doute ouvert l'une des portes de l'Enfer pour lui, son peuple et sa nation", menace un responsable d'AQMI, Abdoul Wahoud, dans cet enregistrement.
Nicolas Sarkozy a justifié l'opération franco-mauritanienne en invoquant l'ultimatum pesant sur Michel Germaneau, qui prenait fin ce lundi 26 juillet et n'était, selon lui, que "l'annonce d'un assassinat programmé".
Le groupe qui détenait le Français avait déjà assassiné l'an dernier un otage britannique enlevé dans les mêmes conditions et n'avait pas amorcé "le moindre début de dialogue" avec les autorités françaises et locales, a-t-il fait valoir.
Il a assuré que tous les moyens avaient été mobilisés pour tenter de libérer Michel Germaneau, dont la France n'avait plus de preuve de vie depuis le mois de mai.
L'opération de jeudi, a-t-il expliqué, s'inscrivait dans le cadre de la coopération entre la France et les pays du Sahel menacés par Al Qaïda. Il a repris la version selon laquelle les forces françaises avaient apporté un "soutien" à la Mauritanie lors d'une action préventive contre un "groupe terroriste"
Il a cependant admis que le camp détruit lors de ce raid était susceptible d'être le lieu de détention de l'otage.
"Convaincu que nous étions que celui-ci était condamné à une mort certaine, nous avions le devoir de mener cette tentative pour l'arracher à ses geôliers", a-t-il fait valoir.
La mort de Michel Germaneau renforce la détermination de la France à lutter contre le terrorisme, a ajouté Nicolas Sarkozy, pour qui la mort de l'otage démontre que les dirigeants et les membres d'AQMI n'ont aucun respect pour la vie humaine.
"Ils ont assassiné de sang-froid une personne de 78 ans, malade, à qui ils avaient refusé de faire parvenir les médicaments dont elle avait besoin", a rappelé le chef de l'Etat qui s'est incliné devant la mémoire de Michel Germaneau - "C'était un homme de bien", a-t-il souligné.
KOUCHNER PART AU SAHEL
L'Elysée n'a pas communiqué sur l'ordre du jour du conseil de sécurité et de défense. Mais les possibilités de réponse de la France et de coopération avec les pays concernés - Mali, Niger et Mauritanie -, la sécurité des ressortissants français dans la région et les implications des menaces d'AQMI sur le territoire national y ont vraisemblablement été évoquées.
Nicolas Sarkozy a d'ailleurs annoncé que le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, irait lundi soir à Bamako, Niamey et Nouakchott pour examiner avec les autorités locales et les ambassadeurs de France les mesures de sécurité à prendre pour les ressortissants français.
"Nous demandons instamment à nos compatriotes de renoncer absolument à voyager dans la zone sahélienne", a-t-il déclaré.
Il a également demandé au Premier ministre, François Fillon, de recevoir ce lundi les présidents des commissions des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale et du Sénat.
Selon Camille Tawil, spécialiste des groupes radicaux nord-africains, Al Qaïda pourrait tenter de nouvelles actions contre les intérêts français, notamment en Afrique.
Un avis partagé par Noman Benotman, analyste libyen basé au Royaume Uni et ex-proche du chef d'Al Qaïda, Oussama Ben Laden.
"AQMI fera le maximum pour punir encore la France mais préférera frapper en Mauritanie parce que ce pays offre des cibles plus faciles qu'en France", estime-t-il. - Reuters