Le journaliste Pius Njawé, pionner de la presse indépendante au Cameroun, décédé le 12 juillet dans un accident de la circulation aux Etats-Unis, a été inhumé samedi dans son village natal de Babouantou (ouest).
Njawé "a été inhumé dans l'intimité familiale", a affirmé Jean-Baptiste Sipa, journaliste du quotidien Le Messager fondé par le défunt.
Auparavant, "Il y eu plusieurs discours d'hommages lors de la cérémonie officielle d'inhumation. Une autorité locale a lu un message de condoléances du chef de l'Etat (Paul Biya)", a ajouté M. Sipa, joint par téléphone depuis Yaoundé.
Selon lui, la cérémonie s'est déroulée en présence notamment d'officiels, de responsables politiques, de journalistes et de "grands amis" de Njawé.
Le gouvernement camerounais a remis à la famille du défunt 10 millions de FCFA (15.244 euros) pour l'organisation de ses obsèques, de sources concordantes.
Né en 1957 à Babouantou, Njawé est mort le 12 juillet dans un accident sur une autoroute de Virginie en route pour Washington. La voiture à bord de laquelle il se trouvait avec un chauffeur était tombée en panne avant d'être percutée par un camion, selon la police américaine.
Pius Njawé était très critique envers le régime du président camerounais Paul Biya. Il avait été emprisonné à plusieurs reprises, notamment en 1997 pour "propagation de fausses nouvelles" après la publication d'un article à propos d'un "malaise" de M. Biya.
Sa disparition a suscité l'émoi au Cameroun et à l'étranger. Le gouvernement avait salué "un des bâtisseurs de la liberté de la presse" dans son pays alors que Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans Frontières a qualifié Pius Njawé "d'icône de la liberté de la presse".
Njawé a fondé Free Media Group, qui employait "46 personnes dont une vingtaine de journalistes", selon ses déclarations en 2009. Ce groupe est propriétaire notamment du quotidien Le Messager qu'il a créé en 1979 alors qu'il était âgé de 22 ans. Il avait aussi créé une radio fermée juste la veille de son ouverture en 2003 par les autorités la veille. - AFP