Les préparatifs du second tour de l’élection présidentielle ne semblent pas vouloir connaitre la quiétude souhaitée. Ce, au regard des derniers développement que l'on enregistre dans le pays.
Chaque partie œuvre à tirer la couverture sur elle en ce qui concerne la responsabilité des ratés du premier tour. C’est du reste ce qui ressort de la conférence de presse du directeur des opérations de la CENI, Pathé Dieng devant la presse le jeudi, 19 août 2010 au Centre de communication électorale sis à "La Maison de la Presse".
Au cours de cette rencontre de plus d’une heure, le directeur des opérations a donné le ton en ces termes : « il fallait donc que l’on dise à l’opinion nationale et même internationale au besoin, qu’est-ce qui est en train d’être fait à l’heure actuelle. Et je précise que ce qui est en train d’être fait, est en train de l’être avec les deux partis (ndlr : UFDG et RPG) candidats pour le second tour. Ceci, c’est pour donner le maximum de quitus à ce que nous sommes en train de faire mais surtout pour que ceux-ci puissent témoigner devant leurs partis et devant l’histoire, que la CENI est en train de travailler avec eux de manière à améliorer l’organisation du scrutin présidentiel. »
Et par rapport aux corrections apportées par la CENI, le conférencier de préciser : « il s’agissait de corriger les imperfections et des irrégularités car, pour moi, il y a eu imperfections comme dans toutes les élections au monde et non pas des irrégularités ».
Selon le directeur des opérations de la CENI, « il y a quelques jours les imperfections ont été relevées et une mission composée de cadres du MATAP, de la CENI et les deux représentants des deux candidats en lice pour le second tour (Alpha Condé et Cellou Dalein) a été déployée sur le terrain dans une cellule technique et de suivi. »
Pathé Dieng d’annoncer d’autre part : « Cette mission qui travaille sur 13 axes à travers tout le pays doit rentrer à Conakry le 22 août et le 23, la CENI reçoit les rapports de mission et corrigé des imperfections. Ce, dit-il, pour permettre à la CENI d’apporter les corrections nécessaires au second tour et l’établissement de la liste d’émargement et de tous les autres documents à temps, avant de décider là où il faut mettre des bureaux de vote ou réaménager »
Autres précisions d’importance : « La CENI a pris le processus de recensement des électeurs en cours de route. C’est l’opérateur français, la SAGEM qui a fait le découpage électoral. A ce jour, le pays compte 8 500 bureaux de vote avec la croisée des listes biométriques et ceux qui détiennent les récépissés au nombre de 472 000 électeurs. Les gens parlent de bourrages d’urnes, alors qu’il n y en a pas eu. Nous regrettons cependant que plus de 40 km aient séparé le domicile de certains citoyens de leur bureau de vote. »
Les curiosités journalistiques porteront sur l’organisation, la gestion du processus électoral et les corrections devant être apportées aux "imperfections" du premier tour, la CENI aura-t-elle les mêmes prérogatives qu’au premier tour ? y a-t-il une certaine pression actuellement que subit la CENI ? quelle explication donner au silence du MATAP depuis la proclamation des résultats du premier tour ?
M. Dieng note que « par rapport aux relations entre la CENI et le MATAP, tout se passe bien depuis l’installation de la Commission Electorale Nationale Indépendante en 2007. Nous travaillons en action concertée et en synergie dans une gestion concertée. Je confirme ici, haut et fort, qu’il n'y a pas de problème entre nous. La CENI travaillera de pair avec le MATAP dans l'organisation du scrutin du 19 septembre et la responsabilité de la CENI est traduite par le CNT dans la Constitution et dans le Code électoral. Aucun pouvoir de la CENI n'est dévolu au MATAP »
Pour le directeur des opérations, « depuis la création de la CENI jusqu’à aujourd’hui, toutes les opérations sont menées avec le Ministère de l’Administration du Territoire et des Affaires politiques ».
Pathé Dieng d’étayer ses affirmations : « la CENI, à aucun moment n’a prétendu être compétente pour l’organisation des élections. A aucun moment. La CENI n’a que 25 membres. On ne peut même pas couvrir l’ensemble des 38 circonscriptions électorales pour dire que l’on peut affecter un membre par circonscriptions. On ne peut pas couvrir. Il y a plus de membres du MATAP que de la CENI. Reprenez toutes les listes de ventilation des cadres, de l’affichage et la correction des listes préfectorales, dans chaque préfecture, il y avait un du MATAP avec un véhicule affrété par la CENI pour lui permettre de faire ses déplacements »
Malgré un énervement étouffé, le directeur des opérations de la CENI a lâché : « Dans le code électoral, il est clair que c’est la CENI qui organise les élections. Ça ne veut pas dire qu’elle doit piétiner les autres composantes de la société qui doivent l’aider à gérer le processus électoral. On n’a pas cette prétention. Mais, qu’on n’instrumentalise pas les relations entre la CENI et le MATAP. »
Regrettant que la CENI soit incriminée « depuis le 27 juin » et que « personne ne parle du MATAP », Pathé Dieng estime qu’« il y a plutôt lieu de féliciter la CENI par rapport à l’organisation du scrutin [ndlr : du 27 juin] en dépit de toutes les contestations. » avant d’ajouter qu’« en matière électorale, on peut tout entendre mais la CENI quant à elle, reste sereine.»
Il se sent fier en citant le Président Barak Obama des Etats-Unis citer l’exemple réussi du cas guinéen d’organisation des élections : « Le président Obama vient de faire une déclaration où le Ghana et la Guinée sont cités comme exemples de pays démocrates en Afrique. C’est majeur. Mais nous Guinéens, nous trouvons que c’est mauvais. Ça c’est la Guinée. On insulte la CENI sans ménagement on dirait que ce sont des Marsiens. »
Et il fait la morale : « Je vais vous dire, on n’est plus à l’époque où on faisait la conquête du pouvoir par la propagande, la diffamation et la discrimination. On a dépassé ce stade. Le pouvoir se négocie avec les électeurs et les autres qui sont vos adversaires. Il est temps que l’on donne à la Guinée un Président démocratiquement élu. Et cela passe indispensablement par les urnes et non par la haine et la division. Aujourd’hui, il faut négocier avec les peuples pour accéder au pouvoir. Ça c’est les élections. Et ceci ne peut se faire lorsqu’on est en train de jeter de l’opprobre sur l’autre. »
Et comme un retour de manivelle, Pathé Dieng charge à son tour, la Cour suprême : « Les 56 PV des élections dont 38 de l’intérieur et 18 de l’extérieur ont été effectivement transmis à la Cour suprême. Nous avons les copies des originaux pour toutes fins utiles. » - AfricaLog