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Ben sékou Sylla, Président de la CENI n'est plus

Sep 14, 2010

Ben Sékou Sylla est décédé au petit matin de ce mardi, 14 septembre 2010 à l'hôpital Saint-Louis de Paris, en France. Il tire ainsi sa révérence à l’âge de 57 ans. Il a été condamné jeudi 9 Septembre 2010 pour fraude électorale par un tribunal de Conakry. Une décision de justice à controverse. Sa mort survient à quelques jours du second tour de la présidentielle guinéenne prévue le 19 Septembre 2010

Parcours de Ben Sékou Sylla, Président de la CENI de Guinée

Produit de l’université guinéenne, Ben Sékou avait un diplôme d’ingénieur agronome. Et il passera une bonne partie de sa jeunesse en dehors de son pays.

C’est au lendemain du changement de régime politique en Guinée en avril 1984, que le dynamique Ben Sékou va regagner la patrie.

Avec son bagout intellectuel qui forçait l’admiration, il est copté comme Consultant auprès des nouvelles autorités sous la bannière du Comité Militaire de Redressement National (CMRN), instance dirigeante de l’époque. Le programme de société déroulé par le pouvoir en place avait mis au centre des préoccupations la décentralisation. Une politique dont la mise en marche connaitra la touche remarquée et appréciée de l’homme.

Adepte de l’initiative privée, Ben Sékou Sylla crée plus tard le CENAFOD, Centre de Formation pour le Développement sis au quartier Dixinn-bora à Conakry. Sa cible était les paysans et certains agents de la Société civile qui ont vu en lui un homme d’action et visionnaire. Il ne les décevra pas. La qualité de la formation reçue par ceux-ci en fait foi. Et c’est sans difficulté qu’il réussira à fédérer les différentes organisations de la société civile du pays.

Cette fédération va accoucher du CNOSCG (Conseil National des Organisations de la Société Civile Guinéenne) qu’il présidera jusqu’en 2008, date à laquelle il sera élu à la tête de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI).

Avant de se retrouver à ce stade de responsabilité, l’homme répond, à partir de 2006, à la sollicitation du mouvement syndical pour booster les actions de revendication pour un changement des conditions de vie des guinéens notamment des travailleurs avec au bout du compte, le changement de la situation politique en Guinée. Le pouvoir acculé, prendra la mesure de la lutte ainsi engagée et cède sur plusieurs aspects des revendications.

Les revendications visaient d’abord la mise en place d’une structure indépendante d’organisation et de gestion des élections dans le pays. Ils obtiennent la création de la CENI par les autorités. C’était à la suite des événements de janvier et février 2007.

C’est cette CENI, sous sa coupe qui a organisé le scrutin décrié, hélas, du premier tour de l’élection présidentielle. Et comme l’affirmait un analyste de la scène politique : « la désinvolture avec laquelle Ben Sékou Sylla a jeté les résultats provisoires à la figure des gens et la manière dont le scrutin a été bâclé, le suivront jusque dans sa tombe. » Comme par prémonition donc, cynique certes, c’est cet homme dont la Guinée s’apprête à accueillir le cercueil dans les jours qui suivent. Naturellement, on s’attend à une litanie d’hypocrisies alignées "à titre posthume". Comme c’est devenu monnaie courante en Guinée.

La cacophonie

Déjà, la lutte pour la succession se joue depuis que "l’illustre disparu" avait été évacué pour la première fois en France. Difficilement, de s’accorder sur l’intérimaire désigné à l’époque, M. Foumba Kourouma ; alors que le vice-président qui revendiquait le statut était en mission au moment de la prise de l’acte.

Il y a seulement moins de 24 heures, une cacophonie à la limite du ridicule se faisait entendre de l’immeuble servant de siège de la CENI au quartier Camayenne dans la Commune de Dixinn.

Un des Conseillers, Lounsény Camara confie à la presse «avoir été élu nouveau Président de la CENI, la nuit précédente.» La présidente intérimaire, Hadja Aminata Mame Camara jure sur le palpitant être «celle qui assure l’intérim de Ben, en séjour médical en France.»

Elle est relayée dans cette tâche par le service de Communication de l’institution : «La CENI informe à cet égard que Hadja Aminata Mame Camara, vice-présidente et présidente par intérim, reste aux commandes de la CENI jusqu’au retour de M. Ben Sékou Sylla titulaire du poste.»

Ils étaient tous loin d’imaginer que l’homme se battait déjà entre la vie et la mort. Pauvre de ma Guinée. Que l’âme de Ben Sékou Sylla repose en paix. Amen ! – AfricaLog