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Guinée: un mort qui complique la donne

Sep 14, 2010

Faut-il désespérer de la Guinée ? Après 26 ans de régime sanguinaire sous Sékou Touré et 24 autres sous Lansana Conté, qui était tout sauf un visionnaire – soit au total 50 ans de perdu -,on croyait voir la Guinée partir d’un bon pied après les historiques accords de Ouagadougou signés le 15 janvier 2010 sous le parrainage du Président Compaoré, médiateur désigné par la CEDEAO, et surtout après le premier tour de la présidentielle organisé le 27 juin dernier.

Mais avec les derniers évènements survenus à Conakry, disons-le tout net, on s’était tous gourés avec cet angélisme et cet optimisme de voir poindre une nouvelle aube pour la Guinée ; ce, d’autant plus que le Burkina, par l’entremise de son chef d’Etat, est fortement impliqué pour la réussite de ce processus électoral.

La volonté de voir le « château d’eau de l’Afrique de l’Ouest » se trouver une nouvelle équipe dirigeante était d’autant plus ferme qu’on croyait que le fameux code de bonne conduite signé à Ouagadougou par Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo pour un second tour apaisé allait être scrupuleusement respecté. Mais, en réalité, celui-ci n’aura servi presque à rien, sinon à nourrir des espoirs.

Et de deux choses l’une : ou les deux principaux protagonistes de cette présidentielle guinéenne ne maîtrisent pas suffisamment leurs troupes pour éviter de telles violences, ou ils se fichent, comme de leur première barboteuse, des engagements pris d’accord partie à Ouaga. Sinon quelle lecture faire de heurts aussi violents entre leurs partisans et qui se sont soldés, par un mort et une cinquantaine de blessés ? Une situation qui complique singulièrement la donne… Et qui accrédite la thèse selon laquelle un des protagonistes, se voyant déjà perdant, serait en train d’emmêler les choses !

Avec une telle situation qui sent le soufre, est–il encore raisonnable d’aller aux urnes le 19 septembre prochain ? Pour nous, rien n’est encore perdu, si tant est qu’Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo soient sincères dans leur profession de foi, surtout que l’accompagnement du médiateur reste un acquis incontestable. Si report il doit y avoir, il ne devrait pas excéder une semaine - le temps de recoller les morceaux suite à ces heurts -, au risque que cette présidentielle soit renvoyée aux calendes grecques, pardon guinéennes.

Et, c’est de notoriété publique, les multiples reports d’élections sous prétexte de se préparer sont nocifs à la démocratie. La Guinée est à la croisée des chemins, et il est temps que chacun s’implique sans calculs pour lui trouver un magistrat suprême. Au point où en sont les Guinéens, qui n’ont en partage que les horreurs politiques des régimes passés et un énorme retard économique, il leur serait fatal de se regarder en chiens de faïence, prêts à s’étriper à la moindre occasion. – L’Observateur Paalga