La crainte qui animait nombre d’observateurs vis-à-vis des soldats de la protection rapprochée du général Sékouba Konaté commence à s’estomper. Ceci, pour deux raisons. D’abord, avec le limogeage du général Nouhou Thiam, ex-Chef d’état major général des armées. La seconde raison est la rencontre vérité que ce détachement vient d’avoir avec le général Boundouka Condé, Chef d’état major de l’armée de terre.
En effet, il n’est désormais un secret pour personne que Nouhou Thiam avait des velléités de déstabilisation du régime du tout nouveau Président de la République, Pr. Alpha Condé. Donnant ainsi raison à ceux-là qui lui avaient prêté l’intention de vouloir faire un putsch contre le Président de la transition, général Sékouba Konaté, son bienfaiteur.
Il aura son salut d’échapper au limogeage grâce à Tibou Kamara, ex-Ministre d’Etat Secrétaire général de la Présidence de la République, un homme très écouté de Sékouba Konaté.
A peine installé dans ses nouvelles fonctions de Chef de l’Etat, le Prof. Alpha Condé sera confronté à ce que les observateurs ont qualifié de « test » ou « défi » de la part de Nouhou Thiam devenu de plus en plus proche de Sékouba … Quelques cas de manque de respect à l’autorité :
Premier cas: il est entrepris directement par Sékouba Konaté, depuis son séjour médical au Maroc pour assurer la sécurité de son protégé Tibou Kamara qui a failli avoir à faire aux nouvelles autorités, à peine déchargé de ses fonctions de Ministre. Nouhou dépêche chez Tibou, quatre camionnettes de bérets verts de la protection de Sékouba pour assurer sa « sécurité ». Un groupe qui avait voulu «forcer les choses» au point de faillir échanger des coups de feu avec des soldats basés à l’aéroport lorsqu’ils ont voulu embarquer de force, sur les consignes de leur ex-patron, Sékouba Konaté, «Tibou Kamara dans le premier avion en direction du Royaume chérifien.»
Heureusement que ce dernier a raison gardée en restant à son domicile de Kipé. Evitant d’une part, d’être au cœur d’un scandale aux conséquences incalculables, d’autre part, « je ne veux pas que mon départ soit interprété comme une fuite », comme il l’a confié à un confrère dans l’avion – après l’ordre du Président Alpha Condé – en partance pour Abidjan. Tibou de révéler par ailleurs : « je dirais que les relations entre le Général [Sékouba Konaté] et Alpha [Condé] ont pris un sérieux coup à cause de ce problème. »
Deuxième cas: Nouhou Thiam, furieux, le lendemain, se rend chez le Président Alpha Condé, escorté de deux camionnettes de militaires. Echange de propos musclés avec la garde rapprochée du "patron" des lieux. Le ton élevé attire l’attention du nouveau Commandant en chef des forces armées et Ministre de la Défense. La façon par laquelle Nouhou s’adresse à lui, l’irrite. Cependant, le Prof. Alpha Condé garde son sang froid. Il parvient tout de même à éconduire Nouhou Thiam et sa suite des lieux. Une première victoire du Prési Alpha Condé.
Troisième cas: Fort de son titre de Chef d’état major des armées, le général Nouhou tente de rallier à sa cause certaines unités. Malheureusement, il est poliment mais fermement éconduit des différentes casernes sauf au sein de la protection de Konaté où il aurait eu une certaine attention. Ils avaient même replacé les chars qu’ils devaient ramenés au camp. Un autre putsch venait ainsi d’échouer, selon des sources bien informées. On n’a pas toujours que des amis lorsqu’on se croit meilleur que tous alors que les promotions dont on a bénéficiées peuvent être qualifiées d’«injustice de la vie.»
Le général de division Nouhou Thiam ne savait pas que son destin venait ainsi de se jouer «en accéléré». Et dès le lendemain de ses agissements, il est limogé par décret présidentiel et remplacé par le Colonel Souleymane Kèlèfa Diallo, Commandant de la 3ème Région militaire de Kankan, après l'avoir élevé au grade de général de brigade. Nouhou Thiam, selon certaines sources, «avait poussé la fronde jusqu’à refuser la mise à disposition d’un hélicoptère militaire pour aller chercher ce dernier à Kankan» avant même son limogeage et son remplacement par ce dernier.
Il faut dire que beaucoup voient ou voyaient, puisque la donne aurait changé depuis dimanche, en la garde rapprochée de Sékouba Konaté un embryon de milices avec tout ce que cela comporte de négatifs et de danger pour le pouvoir en place.
C’est pourquoi d’ailleurs, le général Boundouka Condé, Chef d’état major de l’armée de terre est allé à la rencontre du demi-millier de militaires restants, jusque-là et basés en la résidence de l’ex-Président de la transition, dans la commune de Kaloum. C’était le dimanche, 2 janvier 2011.
D’un ton martial, il s’est adressé à eux en ces termes: « j’ai tenu à prendre contact avec vous ce matin, pour vous féliciter dans un premier temps (…) par rapport à la mission accomplie, par rapport à votre sens de patriotisme, par rapport à votre engagement, (…) »
Et le général Boundouka de marteler: «chers compagnons, il est de mon devoir, en tant que Chef d’état major de l’armée de terre, de venir laver vos cerveaux, attirer votre attention sur ce qui nous guette. Je voudrais vous dire de ne pas suivre la volonté d’un individu. On peut vous donner des ordres, vous donner des instructions, mais vous êtes assez mûrs. La démocratie, c’est une culture. Soit, on est dedans, soit on ne l’est pas. »
Il va par la suite caresser dans le sens des poils : «nous disons toujours que l’armée guinéenne est une famille. Elle est une et indivisible. Nous n’allons jamais accepter que les gens nous divisent. Nous n’allons jamais accepter que les gens nous montent les uns contre les autres. Il ne faut jamais l’accepter. Nous avons accompli une mission, et cette mission, ça doit continuer. Ce sont ces consignes que le général Sékouba nous a laissées. C’est de se mettre à la disposition du Président élu.»
Espérons que cette rencontre va effectivement faire rentrer la désormais soldatesque de Sékouba Konaté dans les rangs.
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