Laurent Gbagbo s'est vu offrir l'amnistie par les émissaires africains qui tentent de le convaincre de céder la présidence ivoirienne, mais il maintenait mercredi le blocus routier du QG de son rival Alassane Ouattara, malgré son engagement de le lever.
"Il y aura une amnistie pour lui (Gbagbo) dans le sens où il ne sera pas poursuivi ou persécuté", a déclaré l'un des quatre médiateurs, le Premier ministre kényan Raila Odinga, à son retour à Nairobi après une mission menée mardi à Abidjan avec les présidents du Bénin, de Sierra-Leone et du Cap-Vert.
"Dans le cas où il déciderait de rester dans le pays, il serait autorisé à vaquer à ses occupations normalement", et "s'il décidait de partir en exil, il ne sera pas traîné devant la Cour pénale internationale (CPI), à condition qu'il accepte de rendre le pouvoir", a-t-il ajouté.
Le 16 décembre, le procureur de la CPI Luis Moreno-Ocampo avait prévenu qu'il engagerait des poursuites contre quiconque serait responsable de violences meurtrières en Côte d'Ivoire.
Gbagbo aurait tenté de tuer Ouattara en 2002
L'accusation est lourde et pourrait envoyer Laurent Gbagbo tout droit au tribunal. Un ancien diplomate français en poste en Côte d'ivoire accuse le président sortant d'avoir tenté d'assassiner son rival Alassane Ouattara et commandité des crimes en 2002, selon un récit publié par Libération ce mercredi.
L'ancien premier conseiller à l'ambassade de France à Abidjan entre 2000 et 2002 raconte que Laurent Gbagbo a mis à profit la rébellion de 2002 dans le nord du pays pour provoquer des exactions contre ses opposants et faire exécuter certains, notamment son prédécesseur au pouvoir, le général Robert Gueï.
«Je n'oublierai jamais les charniers de Yopougon, de Monoko-Zohy, les escadrons de la mort, les assassinats du général Gueï, de Rose Gueï, du docteur Dacoury-Tabley, les morts de la mosquée de Daloa, les exécutions dans les quartiers», écrit le diplomate.
Il raconte avoir alors hébergé à son domicile Alassane Ouattara, que selon lui «les hommes de la présidence voulaient assassiner au prétexte qu'il fallait éliminer tous ceux qui, selon eux, pouvaient être liés aux rebelles». Le diplomate estime qu'à l'époque, le gouvernement français s'est montré complaisant vis-à-vis de Laurent Gbagbo.
Ouattara dit préférer une solution pacifique en Côte d'Ivoire
Alassane Ouattara, reconnu par la communauté internationale comme le président élu de la Côte d'Ivoire, a dit mercredi préférer une solution pacifique pour sortir son pays de la crise.
Dans un entretien à la chaîne de télévision France 24, il a réfuté tout risque d'embrasement ou de guerre civile après plus d'un mois d'impasse provoquée par le refus du président sortant, Laurent Gbagbo, de quitter le pouvoir.
A la question: "L'heure est-elle venue d'une option militaire ?", Alassane Ouattara a répondu: "Non, je suis pour la paix dans mon pays (...) Je préfère une solution pacifique, une solution négociée".
S'il devait y avoir une intervention militaire, a-t-il souligné, ce serait pour "venir chercher Laurent Gbagbo et le sortir du palais présidentiel. Les risques de guerre civile que j'entends n'existent pas du tout". – AfricaLog avec agence