Ce 6 janvier, le Premier ministre, Mohamed Saïd Fofana a rencontré les membres du secteur privé guinéen dans la salle des Congrès du Palais du peuple à Conakry. Il rend ainsi honneur aux opérateurs économiques, pour les avoir rencontré les premiers à l’occasion de sa première grande sortie publique, depuis sa nomination, le 24 décembre 2010.
C’est ce secteur d’ailleurs qu’il connaît le mieux en Guinée, pour avoir été pendant des années, secrétaire général de la Chambre de commerce de Guinée. Saïd Fofanaa a voulu parler avec les opérateurs économiques «dans un langage direct, amical et franc,» mais il s’est retrouvé dans un protocole qui l’oblige «à faire un discours» La rencontre que l’on voulait solennelle, a été un peu sobre. La salle des Congrès n’a pas refusé du monde du fait dit-on, que les gens n’ont pas été informés à temps.
Qu’à cela ne tienne, Mohamed Saïd Fofana s’est dit être à l’aise avec ses interlocuteurs, car, son passage dans le secteur économique et privé, lui aurait permis d’avoir «une autre dimension de la gestion de l’Economie guinéenne.» C’est pourquoi, ajoute-t-il, il place le mandat qui lui a été confié sous le signe du partenariat entre le secteur privé et l’Etat. Le PM a rassuré que son gouvernement envisage un partenariat franc, sincère, avec le secteur privé, « sans lequel, reconnaît-il, un décollage économique du pays ne peut être possible ».
Le Premier ministre, tout sourire, donnant quelques poignées de mains et des accolades aux opérateurs économiques
Il a également souligné que « le Gouvernement du Pr Alpha Condé est un gouvernement de mission qui a charge de conduire l’économie guinéenne vers un véritable décollage, comme le souhaite le Guinéen. Ce décollage n’est possible que lorsque chacun de nous, où qu’il se trouve accepte le changement. Changement dans les mentalités, changement dans le comportement. Nous connaissons tous la Guinée. Vous me connaissez, je vous connais,» a dit Mohamed Saïd Fofana. Qui rappelle que, par le passé, tous les domaines du secteur privé guinéen ont fait l’objet d’examens assortis de recommandations mais qui n’ont jamais été suivies d’effets. «Ce qui a manqué, il y a la méthode, la volonté politique peut-être, mais il y a l’engagement des ressources humaines », a regretté le Premier ministre. Il a réitéré son appel au changement pour que, «ce décollage-ci, soit le vrai.» M. Fofana a promis de mettre à profit toutes
les compétences, pour que la mission à lui confiée, soit couronnée de succès. «C’est sûr et certain, cette mission est la vôtre, je suis un produit du secteur privé, » confesse-t-il mettant ainsi en doute les pessimistes qui pensaient que la Présidence d’Alpha Condé s’acharnera contre les opérateurs économiques, en majorité peulhs.
«On ne peut pas construire une économie sur des bases qui ne sont pas saines. L’économie s’est mondialisée, il faut que la Guinée accepte que les règles de notre économie soient harmonisées avec les règles de ce système économique mondial, » a prévenu le Premier ministre. Avant d’annoncer avoir invité les ministres en charge du secteur économique de faire l’état des lieux des caisses de l’Etat, pour informer les citoyens que «nous sommes dans une situation où les citoyens sont plus riches que l’Etat. » Des maisons se construisent partout, mais l’Etat s’appauvrit, ce qui fait qu’il est incapable de construire des écoles, des hôpitaux, entre autres, soutient le PM. Les réformes du secteur économique privé guinéen, entreprises par le régime de feu Lansana Conté, n’ont pas abouti aux résultats escomptés, rappelle Saïd Fofana. Un diagnostic doit être fait, pour que des solutions concertées soient envisagées.
Très religieux, Saïd Fofana a prié : «Si Dieu le veut, nous allons avancer, mais avec vous ; mais aussi dans la transparence. C’est ce que le Pr Alpha Condé souhaite pour la Guinée. Beaucoup ont pensé qu’il est venu avec une enclume, ou avec un marteau, ou avec une épée de Damoclès, pour fendre la tête des uns et des autres. Non ! Le souhait du Président de la République, c’est de construire la Guinée avec les Guinéens, mais dans un cadre qui implique le changement dans le comportement.»
Saïd Foafana hausse le ton pour dénoncer, sans citer, des opérateurs, qui par le passé, à « l’arrivée » d’un Président, se sont permis d’établir des règles qui n’étaient qu’à leur avantage. Désormais, annonce-t-il, il y aura un dialogue permanent entre l’Etat et les institutions « représentatives des intérêts de l’ensemble des opérateurs ». Applaudissement!
Le Premier ministre dit avoir donné des instructions pour organiser les états généraux du secteur privé, pour diagnostiquer, secteur par secteur, ce qui a marché et ce qui ne l’a pas été. Le dialogue ne sera pas occasionnel, il sera ou semestriel, trimestriel, ou encore mensuel, qu’il présidera en personne, pour le suivi des recommandations. Il a averti les opérateurs économiques que dans les jours à venir, les règles du jeu vont changer. Ce ne sera pas une chasse aux sorcières, mais les réformes doivent être engagées et menées vite, du fait que le taux d’inflation annuel est de 20%, le taux d’achat est faible. Il pense qu’il «faut donner un signal fort aux partenaires. Mais cela ne sera possible qu’avec le concours du secteur privé que vous êtes. Nous vous annonçons que des mesures seront prises dans ce sens là. Elles ne seront contre personne, mais pour aider à clarifier les règles du jeu, » a conclut Saïd Fofana.
Morlaye Diallo, le porte-parole des opérateurs économiques
Le porte-parole des opérateurs économiques, Morlaye Diallo, président intérimaire de la Chambre de Commerce, a félicité le Premier ministre pour avoir eu l’initiative de dialoguer avec le secteur privé et d’avoir proposé des rencontres périodiques entre l’Etat et les opérateurs économiques. Mais, il s’est évertué à faire des éloges au PM, du genre : « Monsieur le Premier ministre, nous sommes fiers de vous, nous sommes fiers de votre gouvernement. Nous savons qu’avec vous, les choses entreront en ordre… »
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