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Les proches de Caster Semenya jurent qu'elle est bien une femme

Aug 20, 2009

La famille de Caster Semenya, championne du monde d'athlétisme du 800 mètres mercredi à Berlin, jure que la nouvelle héroïne nationale sud-africaine est bien une femme, en réponse aux interrogations sur le sexe de cette coureuse prodige de 18 ans.

"C'est ma petite fille. Je l'ai élevée et je n'ai jamais douté de sa féminité. C'est une femme et je peux le répéter un million de fois", déclare son père dans le journal populaire The Sowetan.

Comme tous les autres grands journaux du pays, The Sowetan consacre sa première page au phénomène de l'année sur 800 mètres, sous le titre: "Notre fille en or".

"Pour la première fois les Sud-Africains ont quelqu'un dont ils peuvent être fiers, et les détracteurs hurlent avec les loups", déplore le papa de la championne du monde. "C'est injuste. Je voudrais qu'ils laissent ma fille tranquille".

Mercredi, c'est pourtant la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) elle-même qui a demandé à la Fédération sud-africaine de lui fournir des informations sur Caster Semenya, une jeune femme au visage masculin et à la voix grave, soupçonnée d'être un hermaphrodite et de présenter des attributs féminins et masculins.

Le patron du comité olympique sud-africain, Gideon Sam, a volé au secours de son athlète maltraitée par la rumeur. "Sa victoire est d'autant plus remarquable qu'elle a dû faire face aux allégations des médias à propos de son sexe", a-t-il souligné.

"C'est une athlète remarquable", a-t-il insisté, en ajoutant qu'il avait confiance dans le comité de sélection de la fédération sud-africaine.

La grand-mère de Semenya, Maphuthi Sekgala, 80 ans, a raconté au Times que sa petite-fille, étudiante en première année de sport, a toujours été moquée pour son aspect masculin, et pour avoir été la seule fille dans l'équipe locale de football.

"Ça ne me dérange pas beaucoup, parce que je sais qu'elle est une femme, je l'ai élevée moi-même", précise la grand-mère, interrogée dans son village de la province du Limpopo, dans le nord du pays. "Elle m'a appelée après les séries, et elle m'a dit +Ils croient que je suis un homme+. Que puis-je faire si on la traite d'homme, puisqu'elle n'en est pas un? C'est Dieu qui lui a donné cette apparence".

Encore totalement inconnue voici quelques semaines, la jeune femme vient d'un village reculé, où elle a vécu avec sa grand-mère, sans électricité ni eau courante, pendant ses années de lycée.

Son entraîneur Michael Seme, dans le quotidien de langue afrikaans Beeld, repousse lui aussi les spéculations sur le sexe de sa protégée, reconnaissant que Caster devait souvent répondre aux questions des autres jeunes, qui lui demandent si elle est un garçon.

Selon lui, elle a même été "cruellement humiliée" cette saison, lorsque certaines personnes ont voulu lui interdire l'accès aux toilettes des dames. "Vous voulez que je baisse mon pantalon pour que vous puissiez voir", leur a-t-elle répondu, en contenant sa colère.

Les gens concernés sont ensuite venus s'excuser, selon Seme.

"Il lui faut toujours expliquer qu'elle n'y peut rien si elle a une voix aussi grave, et qu'elle est vraiment une fille. Ce qui est remarquable, c'est que Caster reste totalement calme et n'a jamais perdu sa dignité quand on l'interroge sur son sexe", ajoute son entraîneur. – AFP