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La France a défendu jusqu'au bout le régime tunisien

Jan 15, 2011

La diplomatie française aura donné l'impression d'appuyer jusqu'au bout le régime du président tunisien, Ben Ali, apparaissant dépassée par les événements et ne montrant à aucun moment le moindre signe de soutien aux revendications de démocratisation exprimées par les manifestations, qui ont conduit, vendredi 14 janvier, à la fuite vers Djedda, en Arabie saoudite, du dirigeant tunisien, au pouvoir depuis vingt-trois ans.

C'est par un communiqué laconique que l'Elysée a commenté, vendredi, vers 20 heures, le spectaculaire changement politique en Tunisie. 'La France prend acte de la transition constitutionnelle annoncée par le premier ministre Ghannouchi. Seul le dialogue peut apporter une solution démocratique et durable à la crise actuelle. La France se tient aux côtés du peuple tunisien dans cette période décisive.' Le texte est diffusé au moment où Nicolas Sarkozy et François Fillon sont réunis à l'Elysé pour se pencher sur la crise.

Vers 20 h 30, tandis que la destination de l'avion du président tunisien demeure l'objet de spéculations, Paris fait connaître son refus de l'accueillir sur le sol français. 'La France n'a reçu aucune demande d'accueil de M. Ben Ali', indique un communiqué du Quai d'Orsay, qui précise : 'Au cas où cette demande se présenterait, la France apporterait sa réponse en accord avec les autorités constitutionnelles tunisiennes.'

Tout au long des quatre semaines de protestations de rue en Tunisie, qui ont commencé le 17 décembre 2010, la France aura adopté un profil bas, se limitant à appeler à l''apaisement' sans jamais dénoncer la répression policière, en particulier l'emploi de tirs à balles réelles des forces de l'ordre, qui ont provoqué au moins 66 morts en un mois, selon les organisations de défense des droits de l'homme.

Mardi 11 janvier, tandis que la contestation gagne Tunis, des propos tenus par la ministre des affaires étrangères française, Michèle Alliot-Marie, devant l'Assemblée nationale, à Paris, suscitent une certaine consternation, y compris à l'intérieur du Quai d'Orsay. Le gouvernement tunisien vient d'établir un bilan de 21 civils tués par balles depuis le début des troubles, et Mme Alliot-Marie propose... une coopération policière

Un dictateur honni par son peuple et choyé par les dirigeants occidentaux

Pour la première fois depuis 1987, les Tunisiens peuvent clamer haut et fort ce qu'ils disent tout bas depuis des années : Zine El-Abidine Ben Ali, l'homme qui les a dirigés pendant presque un quart de siècle, était un dictateur. Ils avaient fini par le haïr au point de souhaiter sa mort.

Des dirigeants des trois pays du Maghreb, Ben Ali était sans doute le plus exécré par son peuple. Même ceux qui profitaient du 'système' le honnissaient. Mais tous se taisaient, écrasés par la peur. Peur de perdre des privilèges et un confort certain, pour les uns. Peur d'être tabassés, envoyés en prison, torturés, pour les autres. Seule une poignée de défenseurs des droits de l'homme s'est escrimée, durant ces vingt-trois ans, à tenter de faire connaître au monde le vrai visage de la Tunisie de Ben Ali : libertés confisquées, corruption, inégalités et justice instrumentalisée.

La révolution tunisienne

Les nouveaux dirigeants tunisiens, confrontés aux pillages et violences, tentaient samedi de reprendre le contrôle de la situation en Tunisie au bord du chaos après la fuite de l'ancien président Zine El Abidine en Arabie Saoudite.

14h30 - NOUVEAU PRESIDENT - Le chef du parlement tunisien, Foued Mebazaa, prête serment comme président par intérim de la Tunisie, à la suite de la proclamation de la "vacance définitive" de la présidence par le Conseil Constitutionnel. Zine El Abidine Ben Ali, au pouvoir depuis 23 ans et qui s'est enfui vendredi soir, avait été remplacé dans un premier temps par le Premier ministre Mohammed Ghannouchi. – AfricaLog avec agence