Les électeurs béninois s'apprêtaient à élire dimanche leur nouveau président malgré la persistance d'une controverse sur l'enregistrement des électeurs qui a déjà provoqué deux reports.
Le président sortant Boni Yayi, qui est l'un des 14 candidats à cette élection, a déclaré vendredi soir en fin de campagne qu'il n'y aurait pas de nouveau délai.
"Je ne peux pas violer la Constitution. Le 13 mars, allez voter massivement", a-t-il lancé devant des milliers de partisans. Son mandat expire le 6 avril et un nouveau président doit être proclamé avant cette date.
Selon la Constitution, un second tour doit être organisé si aucun candidat n'obtient la majorité absolue au premier, ce que beaucoup d'anaystes jugent vraisemblable.
L'opposant Adrien Houngbédji, adversaire principal du président Yayi, a critiqué cette décision mais a appelé ses partisans à aller voter.
"Chacune de vos voix sera perçue comme une sanction infligée à un régime d'incapables, de corrompus et de prévaricateurs, un régime qui met en danger notre démocratie et la paix chère à notre peuple", a-t-il dit.
Le premier tour, initialement prévu le 27 février, avait été décalé une première fois d'une semaine pour permettre la compilation du fichier électronique puis à nouveau reporté le 4 mars à la demande de la Commission électorale nationale autonome (Cena) mais aussi de l'ONU et de l'Union africaine.
Cette semaine, les autorités électorales se sont efforcées d'achever l'inscription de 300.000 électeurs sur le fichier électronique, alors que selon l'opposition, jusqu'à un million d'électeurs potentiels avaient été omis des listes ou ne disposaient pas de cartes d'électeurs.
Les opérations se sont achevées samedi en milieu de journée dans certains cas.
"Nous sommes prêts. On ne peut pas enregistrer tout le monde mais je vous dis que nous avons fait le maximum", a déclaré un porte-parole de la Commission électorale, Honorat Adjovi.
Cependant, le chef du 8e arrondissement de Cotonou, Charles Houessin, a relevé que dans son quartier, de nombreuses personnes qui n'avaient pas pu se faire enregistrer avaient protesté lorsque des soldats sont venus chercher samedi le matériel d'enregistrement.
Il y a une semaine, quelque 3,5 millions d'électeurs avaient réussi à se faire enregistrer électroniquement, un procédé utilisé pour la première fois dans ce pays d'Afrique de l'Ouest de 9,2 millions d'habitants.
Un collectif de neuf candidats, dont les deux principaux adversaires du président sortant, avait demandé jeudi un nouveau report, d'au moins une semaine.
"Nous nous dirigeons vers des émeutes le jour du vote", avait affirmé Lazare Sehoueto, un proche d'Adrien Houngbédji.
Mais le chef de la Commission de la Cédéao, l'organisation régionale, James Victor Gbeho, s'est déclaré "très très satisfait" samedi et a estimé que le Bénin était "moins tendu" que la semaine dernière.
Présent à Cotonou, il a ajouté que les candidats avaient invité leurs partisans à garder leur calme. Mais il a refusé de commenter le litige autour des listes électorales.
Le scrutin devrait se jouer essentiellement entre le président sortant, 58 ans, élu en 2006, et l'opposant Adrien Houngbédji, 69 ans, qui convoite la présidence depuis vingt ans. Un troisième homme, l'économiste Abdoulaye Bio Tchané, 58 ans, pourrait jouer le rôle d'arbitre. - AFP