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Le nouveau recensement des électeurs divise les politiciens guinéens

Apr 15, 2011

Le 13 avril, à Conakry, Alhassane Condé, ministre Guinéen de l’Administration du territoire et de la décentralisation, avec des membres de la Céni, a rencontré les partis politiques pour parler des préparatifs des élections législatives. 134 partis politiques dont l’UFDG, l’UFR, le RPG, le Fudec, l’UPR, l’UPG, la NGR, la Géci, le NFD, ont assisté à la rencontre. C’est la deuxième du genre avec le ministre Alhassane Condé, qui a rappelé l’apport des partis politiques ayant permis à la Guinée d’éviter ce que des pays voisins sont en train de vivre actuellement. Il a déclaré que la première étape pour aller aux élections législatives, est la reprise complète du recensement physique des électeurs. Pour lui, cela permettra à la Guinée d’avoir « un fichier électoral biométrique propre, ne souffrant d’aucune contestation» et une liste électorale plus fiable. M. Condé souligne que cela permettra de donner aux Guinéens «des cartes d’électeurs et des cartes nationales d’identité infalsifiables ». Son département et la Céni proposeront dans les jours à venir, un chronogramme réaliste pour fixer les modalités et les délais. Il est prévu l’achat de nouveaux kits plus performants en nombre suffisant, pour que les données biométriques soient reprises au niveau des préfectures, des communes urbaines et rurales, des quartiers et districts. Il a appelé les partis politiques à plus de cohésion pour «réussir ces échéances électorales au bénéfice de la promotion et du renforcement de la paix et de la quiétude sociale» en Guinée. Le ministre a aussi invité la classe politique à dialoguer, à s’écouter, à s’apprécier pour renforcer le tissu social, la démocratie, pour le développement durable, harmonieux et équilibré de la Guinée. Il pense que la gestion des élections législatives doit être mieux que l’élection présidentielle de 2010.

Enfin, Alhassane Condé a rassuré les partis politiques de sa disponibilité et de faire preuve d’un esprit et d’un comportement «d’impartialité, d’équité et de transparence des administrateurs territoriaux dans le processus du changement, aux fins d’organiser des élections libres, transparentes et justes».

Mais bien des partis se sont dits étonnés de la décision prise par le gouvernement, relative à la reprise du recensement de la population pour un nouveau fichier électoral. Ils se sont demandé si le ministre informe les partis politiques ou leur fait une proposition. Mais la nouvelle qui a étonné, c’est quand le ministre a dit que l’Etat n’a pas accès au fichier électoral qui a permis l’organisation de l’élection présidentielle de 2010. Le ministre s’est toutefois justifié: «Ce n’est pas la qualité du fichier qui a fait qu’on est parti aux présidentielles, on voulait se débarrasser du régime militaire. On n’en avait marre. Personne ne voulait que ce régime continue. Donc l’élection présidentielle n’est pas gage de la qualité du fichier, et d’ailleurs même si ce fichier était mauvais, je n’ai pas accès en tant qu’Etat. Je trouve ça insultant. L’Etat n’a pas accès au fichier, il ne sait même pas où se trouve-t-il».

Mais pour les partis politiques qui se réclament de l’opposition, ce n’est qu’une manière dilatoire pour retarder les élections. Pour ces partis politiques, nul n'a besoin d’un nouveau fichier électoral pour aller aux législatives. Fodé Mohamed Soumah, président de la Géci (Génération citoyenne) n’a pas caché son opposition. Il rappelle que les législatives devaient se tenir, six mois après la présidentielle. Le gouvernement a suffisamment le temps d’organiser les élections avant la fin du premier semestre 2011, mais un nouveau recensement n’est pas à l’ordre du jour, «dans la mesure où c’est ce fichier électoral qui nous a permis d’organiser les élections présidentielles. Les délais impartis peuvent être tenus. Nous n’accepterons pas une décision unilatérale des autorités».

Mais le ministre précise que le gouvernement n’est pas prêt à répéter les erreurs du passé. Car, dit-il, la Céni dans sa composition actuelle, n’est plus ce qu’elle devait être. Il est question de la restructurer.

«Les partis politiques ne se sentent pas aujourd’hui concernés par la Céni actuelle», a-t-il poursuivi. S’agissant du fichier électoral, Alhassane Condé déclare qu’il n’est pas fiable du fait qu’au recensement de 2008 et 2009, des Guinéens avaient refusé de se faire recenser, parce que ledit recensement serait lié directement à l’impôt de capitation. «Le fichier n’est pas accessible aujourd’hui par le gouvernement, personne n’a accès à la Céni. Nous avons demandé au Pnud, il dit qu’il avait un contrat de financement avec la Sagem. La Sagem est la seule qui détient le fichier. Nous avons tout fait pour avoir les clefs des machines qui sont dans nos locaux, mais nous ne l’avons pas obtenue. La Sagem n’a pas signé de contrat avec l’Etat guinéen, mais avec les Nations Unies, même pas avec le Pnud-Guinée. Vous pouvez vous informer, personne ne vous dira où se trouve le fichier. Comment voulez-vous utiliser un fichier que vous n’avez pas ?» s’est interrogé le ministre. Avant d’indiquer qu’un audit de l’Union européenne de la Céni a révélé sa gestion catastrophique. L’audit demandait la création d’une division administration et financière différente de la partie politique de la Céni.

Cependant, Babara Fofana, de l’UFR a demandé à l’Etat de porter plainte, pour récupérer le fichier, parce que c’est une propriété guinéenne.

Parlant de la remise en cause du fichier électoral, Bah Oury, 1er vice-président de l’UFDG lui, crie au scandale : « Je suis triste d’entendre ce que le ministre vient de dire. Vous avez considéré que tout ce monde ne doit être qu’une chambre d’enregistrement et pas d’acteurs qui doivent concevoir un projet avec vous pour aller de l’avant. Vous avez remis en cause dix années de lutte que les partis politiques, y compris le RPG, ont mené, à travers un dialogue politique qui a permis d’avoir des lois. Cela nous a permis d’avoir un fichier électoral infalsifiable numérisé. Ça a pris du temps, des efforts, du labeur. Mais la remise en cause de ce fichier électoral est une grande perte pour la Guinée, c’est un retour en arrière. Vous allez dans un sens contraire à l’intérêt du pays parce que vous mettez des années d’efforts en l’air, pour nous proposer autre chose qui pouvait être une aventure à la Gbagbo en Côte d’ivoire. La Constitution confère à la Céni un rôle bien précis. Soit vous êtes constitutionnel, soit vous ne l’êtes pas. Et la manière dont vous avez traité la Céni, c’est une attitude anticonstitutionnelle. C’est à la Céni de proposer, d’organiser les élections en République de Guinée. Ce n’est pas au ministère de l’Administration du territoire, quelle que soit sa bonne volonté de s’immiscer dans l’organisation du processus électoral. Aller dans un autre sens, c’est un coup d’Etat ». Le ministre a réagi : « Ce que vous dites me surprend. Ce fichier, l’Etat n’y a pas accès. Si vous, vous pouvez l’acceptez, moi, je ne l’accepterai pas ».

Alhassane Condé de déclarer: « Je ne pense pas qu’on soit obligé d’associer les partis politiques à la prise de décision. Par contre, on les associe au débat, on les informe sur les démarches. Je n’ai jamais su qu’un parti politique organisait les élections. C’est la défaillance de l’Etat qui a fait qu’on a créé la Céni. Mais cela ne lui donne pas droit, pour dire que si vous ne nous informez pas, on ne va pas aux élections. Chacun est libre d’y aller ou de ne pas y aller. On ne va imposer des choses aux partis sans vous informer. Il faut être réaliste. Je ne suis pas prêt à engager mon pays dans un cycle infernal », conclut le ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation. Ce matin, sur une radio privée de la place, le ministre a déclaré, c’est quasiment l’UFDG de Cellou Dalein Diallo, qui s’oppose à un nouveau recensement des Guinéens. Avant d’insister que les élections législatives ne seront tenues qu’au dernier trimestre de 2011.

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