L'Afrique sub-saharienne revêt une importance particulière pour les Etats-Unis, mais elle ne constitue pas en réalité une priorité aux yeux de l'Oncle Sam, selon des analystes américains.
La tournée de la secrétaire d'Etat américaine en Afrique, à la suite de la visite de Barack Obama au Ghana, est très importante, du fait que Hillary Clinton y rencontre tous les pays de poids, ce qui permettrait de renforcer les liens des deux parties et d'accroître les échanges commerciaux et les investissements. "Les Africains désirent ardemment des investissements plutôt qu'autre chose. Et il y a d'abondantes opportunités pour les Etats-Unis de lancer des partenariats commerciaux avec l'Afrique", indique Bronwyn Bruton, du Conseil des relations étrangères (Council on Foreign Relations), un laboratoire d'idées et d'expertises américain. Selon Mme Bruton, de tels partenariats, notamment en matière de la sécurité énergétique, sont cruciaux. Selon les chiffres du département américain du Commerce, les exportations africaines aux Etats-Unis dans le cadre du programme AGOA ont connu une croissance de 27,8% en 2008, pour atteindre 86,1 milliards de dollars, notamment tirées par le pétrole du Nigeria et d'Angola. Ce dernier fournit à l'Oncle Sam 7% de ses importations pétrolières. Cependant, il peut exister un écart entre ce que l'administration pourrait faire et ce qu'elle peut faire actuellement, révèle Mme Bruton. Compte tenu des guerres en Afghanistan et en Irak, outre la récession économique aux Etats-Unis, la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale, "il n'est pas clair qu'il y ait beaucoup de temps pour (l'administration Obama) avoir des réflexions cohérentes sur l'Afrique", indique Mme Bruton. "Il sera difficile pour l'administration Obama de satisfaire les attentes de l'Afrique, au moins celles des peuples", prédit Mark Schroder, responsable du cabinet de renseignements Stratfor pour l'Afrique sub-saharienne. "Malgré l'intérêt personnel de M. Obama pour l'Afrique, les Etats-Unis ont des priorités beaucoup plus importantes dans d'autres régions du monde", observe M. Schroder. Les Africains veulent la reconnaissance et l'assistance pour qu'ils puissent bénéficier d'un coup de pouce dans le monde entier, mais les Etats-Unis ne peuvent pas fournir cela", note M. Schroder. La promesse de Barack Obama de doubler l'aide à l'Afrique "pourrait s'avérer difficile à réaliser face au budget américain (limité)", relève Princeton Lyman, ancien ambassadeur des Etats-Unis en Afrique du Sud et au Nigeria. S'agissant de l'appel de M. Obama à la bonne gouvernance et à la lutte contre la corruption, M. Lyman, également membre du Conseil des relations étrangères, affirme avec franchise : "L'influence des Etats-Unis sur ces questions est marginale, au mieux, et c'est à l'Afrique de mettre en pratique ces appels." Et On ignore si l'administration Obama a réalisé ces limites, malgré ses affirmations des relations postives entre les Etats-Unis et les pays africains. "Les Etats-Unis ont l'habitude d'aider à résoudre les questions africaines du bout des lèvres", ironise M. Schroder, rappelant que l'ancien président américain Bill Clinton a été critiqué notamment pour cette raison. A ses yeux, "la tournée de Mme Clinton pourrait être pareille -- trop d'attentes et peu de réalisations". Et l'une des principales tâches de Mme Clinton consistera, peut-être, à gérer les attentes des Africains pour éviter trop de déceptions, conclut Mme Bruton. - Xinhua