Contentieux Areeba-Etat guinéen: Chantal Colle lève un coin du voile | Alog News | www.africalog.com
home

Contentieux Areeba-Etat guinéen: Chantal Colle lève un coin du voile

May 05, 2011

Ce 4 mai, à Conakry, Mme Chantal Colle, actionnaire locale à hauteur de 25% de la société de téléphonie mobile Areeba-Guinée, a animé une conférence de presse. Elle a d’entrée, annoncé que le PDG du groupe Sud-africain MTN sera à Conakry, le vendredi 6 mai, pour rencontrer les autorités guinéennes afin de trouver une issue heureuse à la situation. Areeba-Guinée, menacée de fermeture depuis lundi à 17h 00 GMT par les nouvelles autorités du pays, continue de servir ses deux millions d’abonnés, au moment où nous mettions en ligne. Des négociations sont toujours en cours entre les deux parties.

Chantal Colle, qui est la présidente de la société qui vend les produits Arec, Alo-Areeba, a rappelé que plusieurs journalistes l’avaient interpellé au téléphone au sujet du contentieux, mais qu’elle s’y était systématiquement opposée du fait que les deux parties étaient en négociation. Pour elle, la négociation au départ est toujours confidentielle. L’autre raison qui lui aurait mis l’eau dans la bouche, est liée dit-elle, à la dette fiscale dont faisaient cas les commentaires. A propos en voici un large extrait de ce qu’elle a dit:

«J’ai regardé, j’ai constaté qu’il n’y avait pas de dette fiscale concernant Areeba. Ensuite, il y a eu le problème Areeba-MTN. Sur ce sujet, vous avez constaté que je ne me suis jamais exprimée. C’est la première fois que je l’aborde. Le 3 mai 2006, il y a eu une fusion entre une société dénommée Investcom et une autre du nom de MTN. Mais je tiens à affirmer que je n’ai jamais été associée par le partenaire Investcom qu’une fusion était en cours avec un autre qui s’appellerait MTN. Je l’ai découvert alors que j’étais à Paris, comme tout le monde. Je l’ai découvert en achetant mon journal. J’ai découvert qu’Investcom et MTN ont fusionné et que ça devient le premier groupe télécom en Afrique. Je suis surprise, j’essaye d’appeler mes partenaires. On me répond: Oui, ça s’est fait, mais on ne pouvait pas vous dire, c’était d’abord confidentiel. J’ai appelé le ministre de tutelle en ce moment-là, Jean-Claude Sultan pour vérifier s’il était informé. A ma grande surprise, lui aussi était comme moi, il n’était pas informé. Il faut que cela soit clair pour tout le monde: Ni les autorités guinéennes de l’époque, ni l’actionnaire locale, n’ont été informés par le groupe Investcom, qu’il y avait une fusion en cours avec MTN. Les prétextes qu’on m’a donnés, je ne peux les dévoiler ici, mais vous pouvez les imaginer les uns aux autres. On avait lancé le 18 avril 2006, je suis allée à Paris le 29 avril. Je suis rentrée à Conakry le 5 mai, quand j’ai appris que c’était vendu ou qu’il y avait une fusion qui avait été faite à hauteur de 5 milliards 500 millions de dollars par Investcom. Quand je suis rentrée à Conakry, j’ai tentée en vain, d’avoir les partenaires locaux. J’ai rencontré le Directeur Général, Hassan Jaber, qui représentait entre autres, l’actionnaire majoritaire, qui était Investcom. Il m’a dit que ça devait être confidentiel… Nous nous sommes retrouvés avec Jean-Claude Sultan (le Président Conté est mort, mais tout le monde n’est pas mort). Quand l’homme a tort il faut le dire autant s’il a raison. J’ai confirmé que je n’étais au courant de rien tout comme Jean-Claude Sultan. Nous avons essayé de voir ce que nous pouvions faire pour l'État et pour l’actionnaire dans cette situation, il semblerait que rien n’était possible. La seule chose que nous avons tentée de faire est la position de Jean-Claude Sultan, qui était ferme: «Ce que nous n’avions pas été informés. Donc, nous ne pouvons, pour le moment, pas valider cette situation.»

Selon Chantal Colle, le ministre a tout déclaré, par voie de presse, reconnu que la fusion entre Investcom et MTN était bien pour le pays, du fait que ce soit un groupe plus important et surtout africain.

«Moi, aussi dit-elle, j’ai dit la même chose. Et je ne le regrette pas. Parce que les choses ont avancé positivement, les engagements de développement dans le domaine technique ont été respectés. Les paiements des taxes ont été respectés. En revanche, si vous constatez le seul pays où Areeba n’a pas changé de nom sur les neufs pays d’où intervenait Investcom, c’est la Guinée.»

Chantal Colle de hausser le ton pour, dit-elle, rassurer le peuple «avant toute chose. Premièrement, je n’étais pas informée. Deuxièmement, je n’en ai pas tiré un profit personnel.» S’y ajoute souligne-t-elle le fait que l'État n’a pas été informé de la fusion Investcom-MTN. A en croire à ses propos, Mme Colle aurait dit alors à l’époque: « Je me dis dès le départ l'État n’étais pas informé, chacun prendra ses responsabilités en temps opportun.»

Or, rappelle Mme Colle, dans «l’article 7 de la convention, il inscrit que les actionnaires ne peuvent pas céder sans informer l'État.»

Parlant des multiples déclarations en 2006 qui indiquent qu’elle était la fille adoptive de feu Lansana Conté, Chantal Colle soutient: «Si j’avais une position négative à l’endroit de l'État ou à l’endroit des populations, je n’aurai pas manqué tout simplement de demander des faveurs.»

Elle affirme que «certains ont eu des licences de courtoisie dans ce pays. L’heure viendra d’en parler et d’en débattre. J’aurai pu aussi peser, puisque c’est le poids qu’on me donnait, pour dire il faut mettre MTN. J’ai choisi d’attendre les décisions de l'État…» Pour la patronne d’Alo-Areeba, MTN n’a rien à voir dans cette affaire.

La situation est aujourd’hui claire, selon elle. «Une structure qui paye ses droits et taxes, l'État ne lui reproche pas tout cela, mais nous avons une convention, qui est claire, peut-être elle ne l’a pas été pour les autres pays, mais de façon claire, je ne serais jamais l’adversaire de mon propre pays ou de mes propres concitoyens. Je suis rentrée en 1996, je me suis engagée à investir, et si Dieu le veut à réussir dans ce pays de façon honnête et transparente.»

Chantal Colle a dit que dans le dossier Areeba-Etat guinéen beaucoup ont menti. Certains commentaires étaient allés jusqu’à lui coller l’étiquette de DG de Areeba alors qu’elle ne l’a jamais été depuis le lancement des activités de la société en Guinée et jusqu’à nos jours. Les DG sont choisis par l’actionnaire majoritaire, souligne-t-elle avant de louer les efforts de l’actuel DG qui a permis à ce que 5 des 9 postes de Directions générales soient occupées par des Guinéens. Et de regretter: «Autour du Président Conté, c’était très facile, je pouvais aller m’expliquer. Autour du Président Alpha Condé, c’est peut-être un peu plus compliqué. Mais quand on est chef, on a tous les pouvoirs pour connaître la vérité. Donc, je pense que la vérité, même si elle prend les escaliers, elle finira par arriver au pouvoir.»

Elle a martelé en ces termes: «Chantal Colle, dans ce dossier, n’a rien à se reprocher. Elle n’a fait aucun compromis avec Investcom, n’a fait aucun compromis particulier avec MTN, mais a été un partenaire loyal depuis le début, aussi bien avec les actionnaires étrangers qu’avec l'État » Son soucis aura été, dès le départ, que «Areeba débloque le téléphone en Guinée, mais que cette entreprise paye ses taxes, ses droits. Je pense que cette partie du contrat a été largement respectée.»

Touchant le point des négociations entre Areeba et le gouvernement guinéen depuis quatre mois, Chantal Colle a révélé qu’elle n’a jamais été «impliquée, durant les quatre derniers mois, dans aucune négociation. Le groupe m’a tenu totalement à l’écart. Et c’est sur instruction du Président de la République que j’ai eu la chance de rencontrer le Directeur général de l’ARPT (Autorité de régulation des postes et télécommunications en Guinée) et l’Agent judiciaire de l'État lundi, 2 mai 2011, à 13h, pour leur demander d’accepter que l’on continu les négociations et qu’ils nous laissent le temps d’essayer d’entretenir nos relations avec les partenaires sud-africains…»

Elle s’est montrée très enthousiaste que les deux parties se soient retournées sur la table des négociations. Chantal Colle s’est également dite convaincue qu’Areeba va continuer, (peut-être sous un autre nom). Elle est confiante que les deux parties trouveront une solution positive, mais à condition, que «tout le monde soit de bonne foi.»

Et d’insister qu’elle n’a pas l’exclusivité de la vente des produits Areeba et qu’elle n’a jamais participé à quoi que ce soit, ni de près, ni de loin n’eût été sa rencontre avec Jean-Claude Sultan avec qui, dit-elle, elle a travaillé et qui est avant tout, son grand-frère. Chantal Colle déclare d’ailleurs qu’aucun ministre ne peut dire qu’il l’a vue dans son bureau ou à son domicile. «Je suis très à l’aise pour les ministres de télécoms qui se sont succédé. Je n’en connais aucun. Je ne me suis jamais assise en face d’eux en tant que Areeba… J’ai pleinement fait mon travail. A aucun moment Chantal Colle n’a été impliquée, n’a refusé de négocier. Je suis ravie qu’on soit retourné tous autour de la table de négociation pour essayer de préserver cette entreprise et que chacun rentre dans ses droits de façon honnête.»

Elle a conclu son intervention en ses termes: «Je pense qu’il y a une volonté manifeste de trouver une issue heureuse à la situation. Je suis persuadée qu’il vaut mieux un mauvais arrangement qu’un bon procès…» C’est tout dire.

AfricaLog.com