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Les heures de Kadhafi sont comptées selon les occidentaux

May 17, 2011

Le chef de la diplomatie italienne a estimé lundi que les heures du régime libyen étaient comptées alors que le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a demandé aux juges de délivrer un mandat d'arrêt pour crimes contre l'humanité contre Mouammar Kadhafi.

"Les preuves recueillies montrent que Mouammar Kadhafi a personnellement commandé des attaques contre des civils libyens non armés", a déclaré le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, lors d'une conférence de presse à La Haye.

"Ses forces ont attaqué des civils libyens chez eux et dans des lieux publics, ont tiré des balles sur des manifestants, ont utilisé des armes lourdes contre des participants à des funérailles et placé des francs-tireurs pour tirer sur ceux qui quittaient la mosquée après les prières", a-t-il affirmé.

Le leader libyen "a commis les crimes dans le but de préserver son autorité absolue", selon M. Moreno-Ocampo.

Le procureur de la CPI a également demandé des mandats d'arrêt pour crimes contre l'humanité contre le fils de Mouammar Kadhafi, Seif Al-Islam, et le chef des renseignements libyens, Abdallah Al-Senoussi.

Selon M. Moreno-Ocampo, Seif Al-Islam, "Premier ministre de facto", est accusé d'organiser le recrutement de mercenaires, tandis qu'Abdallah Al-Senoussi, "bras droit" et beau-frère de Mouammar Kadhafi, est soupçonné d'avoir "personnellement ordonné certaines attaques".

La rébellion libyenne a "salué la décision du procureur" de la CPI, mais souhaité que ces trois hommes soient "jugés d'abord en Libye avant d'être jugés par une cour internationale".

"Nous sommes convaincus qu'un homme qui mène une guerre contre son propre peuple doit en répondre", s'est félicité de son côté le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, tandis son homologue britannique William Hague estimait que "la communauté internationale (devait) soutenir totalement la Cour pénale internationale dans ses enquêtes".

Amnesty International a salué la décision du procureur de la CPI, affirmant cependant que la Syrie devait elle aussi être déférée devant la justice pour la répression de manifestations pacifiques.

"La demande de mandats d'arrêt est un pas en avant pour la justice internationale", mais "la communauté internationale (...) ne peut permettre que la justice paraisse sélective", a déclaré Michael Bochenek, directeur du programme Droit et politique d'Amnesty.

Dimanche, le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khaled Kaaim, avait indiqué que son pays n'était "pas concerné" par les décisions de la CPI, dans la mesure où la Libye n'est pas signataire du traité de Rome instituant la Cour.

Trois mois après le déclenchement de la révolte, le colonel Kadhafi est toujours au pouvoir malgré les milliers de bombes lâchées par l'Otan.

Mais pour le chef de diplomatie italienne, Franco Frattini, "les heures du régime sont comptées". Selon lui, une réflexion est en cours pour trouver une "porte de sortie" au colonel Kadhafi. C'est ce qui ressort, a-t-il dit, "des messages qui arrivent du cercle restreint du régime".

D'après M. Frattini, ce cercle restreint est en quête d'un "lieu où de manière convenable (Kadhafi) pourrait se retirer et disparaître pour toujours de la scène politique".

Des émissaires de Mouammar Kadhafi sont attendus mardi à Moscou, a annoncé le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

Par ailleurs, plusieurs personnalités officielles libyennes se sont rendues en Tunisie dans le cadre d'efforts visant à trouver une solution à la crise, selon l'agence officielle tunisienne TAP lundi.
Lundi soir, trois fortes explosions ont secoué le secteur de Bab Al-Aziziya, résidence du dirigeant libyen dans la capitale Tripoli, a constaté un journaliste de l'AFP.

L'Alliance a également mené de nouvelles frappes dans la banlieue est de Tripoli, où un site de radars a été notamment détruit, selon l'agence officielle Jana et des habitants du quartier de Tajoura, à une quinzaine de kilomètres à l'est de la capitale. L'agence a fait état de "pertes humaines et de dégâts matériels", sans autres précisions.

L'Alliance atlantique, qui a pris les rênes de la coalition internationale le 31 mars en Libye, a par ailleurs indiqué avoir réussi à contrecarrer une attaque de deux petits navires, dont l'un bourré d'explosifs, qui se dirigeaient vers Misrata, une ville aux mains des rebelles dans l'ouest du pays.

Dimanche soir, le chef du gouvernement libyen Baghdadi Mahmoudi avait indiqué, en recevant l'émissaire de l'ONU Adbel-Elah al-Khatib, que le régime souhaitait "un cessez-le-feu immédiat qui coïnciderait avec un arrêt des bombardements de l'Otan", selon Jana.

Depuis le début de la révolte, le 15 février, les violences ont fait des milliers de morts, selon le procureur de la CPI, et poussé près de 750.000 personnes à fuir, d'après l'ONU. – Avec AFP