L'opposition au Niger a indiqué samedi rejeter la nouvelle Constitution qui doit permettre au président Mamadou Tandja de rester au pouvoir et va combattre "la dictature" que le chef de l'Etat veut instaurer dans le pays.
"Nous allons continuer à défendre la Constitution du 9 août 1999 parce que le peuple nigérien en a manifesté son attachement en rejetant la nouvelle que lui a proposée le président Tandja", a déclaré sur une radio privée Mamadou Issoufou, principal opposant et un des responsables de la Coordination des forces démocratiques de la république (CFDR). C'est la première fois que l'opposition s'exprime depuis l'annonce vendredi par la commission électorale (Céni) que les Nigériens ont approuvé l'adoption d'une nouvelle Constitution par 92,50% des votes lors d'un référendum organisé mardi. Cette nouvelle loi fondamentale rallonge de trois ans le mandat du président, âgé de 71 ans, et l'autorise ensuite à se représenter autant de fois qu'il le souhaite. La Constitution en vigueur depuis 1999 impliquait qu'il se retire au terme d'un second quinquennat consécutif le 22 décembre. "Nous allons combattre et résister contre ce coup d'Etat consommé par le président Tandja et contre ses intentions d'instaurer une dictature dans notre pays", a assuré M. Issoufou, se refusant toutefois à indiquer la stratégie qu'allait adopter l'opposition pour atteindre ses objectifs. Depuis des mois, partis d'opposition, syndicats et ONG locales ont manifesté leur désaccord avec le projet du président et appelé à manifester. La communauté internationale a fait part de son inquiétude. La CFDR, qui avait appelé à boycotter la consultation, estime que la mobilisation a été très faible. Selon la Céni, dont les résultats annoncés vendredi doivent être validés par la Cour constitutionnelle, le taux de participation a atteint 68,26%. "Sur la base des résultats portant sur 50% des bureaux de vote dont nous sommes en possession (...) le taux de participation est en dessous de 5%", a avancé samedi M. Issoufou. A Niamey, où la presse avait constaté une faible affluence aux bureaux de vote, "il y a eu moins de 5% de taux de participation" a ajouté l'opposant. Selon des résultats partiels communiqués par la Céni mercredi et jeudi, la mobilisation avait été faible en ville mais très forte dans les zones urbaines. Pour arriver à ses fins, le président Tandja avait dissous le Parlement le 26 mai, puis fin juin la Cour constitutionnelle qui jugeait le référendum illégal. Depuis, il gouverne seul par décrets et ordonnances grâce aux "pouvoirs exceptionnels" qu'il s'est arrogés. La nouvelle Constitution concentre l'essentiel des pouvoirs entre ses mains. Le nouveau texte stipule que "le président de la République est le détenteur exclusif du pouvoir exécutif". - AFP