Tristane Banon, une Française qui se dit victime d'une agression à caractère sexuel de la part de Dominique Strauss-Kahn en 2002, ne souhaite pas témoigner dans le cadre de l'enquête américaine, a déclaré vendredi son avocat.
La police américaine envisage de verser au dossier de la tentative de viol présumée sur une femme de chambre à New York les informations sur cette affaire, ainsi que sur la liaison de Dominique Strauss-Kahn en 2008 avec une économiste du Fonds monétaire international, a dit une source judiciaire à New York.
David Koubbi, avocat de Tristane Banon, a dit à Reuters que sa cliente refusait de témoigner devant des enquêteurs américains.
"La présomption d'innocence n'existe pas aux Etats-Unis. Ma cliente ne souhaite pas inscrire sa démarche dans ce cadre", a-t-il dit.
Si le procureur de New York souhaitait une audition, il devrait faire une demande d'entraide officielle à la France. Me Koubbi déclare n'avoir pas connaissance de son existence.
Interrogé vendredi sur l'existence éventuelle de cette procédure, le cabinet du ministre de la Justice s'est refusé à tout commentaire.
Après l'arrestation de Dominique Strauss-Kahn samedi dernier à New York, Tristane Banon avait fait savoir lundi par Me Koubbi qu'elle envisageait de porter plainte en France, mais cette démarche n'a toujours pas été engagée.
L'avocat déclare travailler sur cette éventuelle plainte mais explique que sa cliente n'entend pas pour autant en faire une arme supplémentaire de l'accusation américaine contre Dominique Strauss-Kahn sur des faits dont elle ignore tout.
LIVRE ET ÉMISSIONS DE TÉLÉVISION
Journaliste et écrivain, elle dit avoir fait l'objet d'une agression de l'actuel directeur général du Fonds monétaire international lorsqu'elle l'a rencontré pour un entretien en vue de la rédaction d'un ouvrage.
C'est la mère de Tristane Banon, conseillère générale socialiste de l'Eure, qui a raconté dès dimanche dernier que sa fille, âgée alors de 22 ans, lui avait à l'époque raconté l'affaire mais qu'elle l'avait dissuadée de porter plainte.
Sa fille, dont la marraine est une ex-épouse de Dominique Strauss-Kahn, entretenait par ailleurs des liens amicaux avec une fille de l'ex-directeur du FMI, a-t-elle expliqué.
Me Koubbi a confirmé cette version, ajoutant que Tristane Banon s'estimait à l'époque sous pression.
"Ma cliente n'avait pas pu porter plainte à l'époque parce que sa mère l'en avait dissuadée et à cause d'un certain nombre d'événements qu'elle avait alors interprétés comme étant des pressions", avait dit l'avocat lundi.
En 2007, la jeune femme est apparue dans une émission de télévision pour raconter l'affaire présumée, le nom de Dominique Strauss-Kahn étant toutefois occulté par la production.
Une plainte neuf ans après les faits pose un problème juridique. S'ils sont qualifiés d'agression sexuelle, ils seraient prescrits, le délai pour un délit étant de trois ans, mais pas s'ils sont analysés comme une tentative de viol, car c'est un crime, prescrit seulement après dix ans.
Lors de l'émission de télévision de 2007, Tristane Banon relatait qu'après un premier entretien, Dominique Strauss-Kahn l'avait rappelée en la priant de revenir à une autre adresse, qui s'est avérée correspondre à un logement presque vide.
Les avances très pressantes de Dominique Strauss-Kahn se seraient alors terminées en pugilat. Dominique Strauss n'a jamais fait de commentaires publics sur ces affirmations. - Reuters