Des critiques virulentes des opposants guinéens envers Alpha Condé

Ce 20 mai à Conakry, Mouctar Diallo, le Président des NFD (Nouvelles Forces démocratiques), était encore devant les journalistes pour parler de l’actualité nationale et de la Gouvernance du Président Alpha Cpndé. Il était entouré de Fodé Oussou Fofana, un des quatre vice-Président de l’UFDG, Faya Millimono de NGR ainsi que de son vice-président, Etienne Soropogui. Mouctar Diallo a exprimé sa compassion, sa douleur et son regret du «terrible et regrettable incident qui a opposé les filles et fils de Guinée dans le district de Galakpaye, sous-préfecture de Bignaou, préfecture de Yomou », qui a causé « de graves préjudices humains et matériels.»

Il exige la mise en place d’une Commission d’enquête indépendante et crédible pour faire la lumière sur «cet énième massacre intercommunautaire en région forestière.» Mouctar Diallo a rappelé que la Guinée Forestière connaît depuis les élections communales et communautaires de 1991, de sérieux et répétitifs conflits identitaires, ethno-religieux qui opposent principalement les autochtones aux allogènes. Des conflits qui se sont souvent soldés par des morts. Le conflit de Galakpaye, cas enregistré les 3 et 4 mai derniers, a fait 25 morts selon les chiffres officiels, une cinquantaine selon des informations non officielles. Mais, NFD soutient que : « Si une approche sérieuse, basée sur des méthodes modernes et scientifiques de prévention, de gestion et de résolution de conflits n’est pas envisagée dans ladite région, elle et toute sa dépendance risqueraient de tomber dans une guerre civile aux conséquences incalculables. D’autant que la région forestière continue à abriter les anciens combattants de différentes factions rebelles, actuellement désœuvrées, qui ne demandent qu’à être mobilisées afin de prendre fait et cause pour des intérêts partisans et malsains.»

Pour Mouctar Diallo, cela atteste qu’il est impérieux de renforcer la gouvernance locale «en déliquescence dans la région.» Et de s’insurger contre ce qu’il a appelé le cynisme du Président Alpha Condé, qui continue à «entretenir la flamme de la division ethnique.» Or, dit-il, «l’unité des enfants du pays est sacrée et doit être en dehors des spéculations politiciennes et électoralistes. Parce qu’elle inspire et commande des conflits à l’image de celui de Galakpaye », souligne le Président des NFD. Lequel aurait apporté une assistance morale, financière et médicale aux différentes victimes de Galakpaye. Au moment où nous mettions en ligne, une délégation du parti y séjournerait, depuis déjà six jours.

Touchant la déclaration du Ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation qui annonce la reprise totale de l’enrôlement des électeurs, NFD estime qu’une telle «mesure unilatérale n’est pas de nature à conférer au processus de sortie de crise, que nous souhaitons apaisée, toute sa sérénité. Elle contribue plutôt à replonger la Guinée dans une situation de blocage politique aux conséquences imprévisibles.» Et de marteler qu’il n’est pas question pur les NFD de cautionner la tenue des élections législatives sans que ne lui soient présentées des garanties de transparence et d’équité. Celles-ci devraient surtout porter sur la fiabilité du fichier électoral et aux rôle, mission composition et prérogatives devant être dévolues à la CENI. NFD en harmonie avec les autres partis politiques se battra pour que «le Président Alpha Condé et son équipe ne confisquent pas les acquis démocratiques» a déclaré Mouctar Diallo. Lequel a révélé que depuis un certain temps, son parti est en concertation avec l’UFDG, la NGR, la Géci, l’UFR pour « mettre en place une dynamique forte, afin de barrer le chemin à toutes velléités de confiscations des suffrages des Guinéens. Il est déplorable que des avancées démocratiques obtenues au prix d’âpres luttes sous la deuxième République, soient aujourd’hui remises en cause par des gens qui n’ont rien compris des légitimes aspirations des Guinéens.»

Il réitère qu’à l’insu des garanties que son parti et ses collègues de l’opposition, dans une dynamique concertée et par des actions fortes, empêcheront la tenue des élections législatives. Mais avant d’engager toute manifestation publique pour dénoncer les actes du gouvernement d’Alpha Condé, NFD déposera sur la table de celui-ci un mémorandum. Ce mémorandum parlera de la justice et de l’unité nationale. Son dépôt se fera de façon régulière, a-t-il rassuré.

De la restructuration de la CENI

Le président des NFD s’est dit favorable à la restructuration de la CENI qui est d’ailleurs à l’ordre du jour au sein du CNT. Mais il s’oppose à ce qu’on ôte de celle-ci le pouvoir que lui attribue la Constitution en son article 2, qui stipule en son paragraphe quatre : «Les élections sont organisées et supervisées par une Commission Electorale Nationale Indépendante.»

Mouctar Diallo est également opposé à toute révision du fichier électoral ayant conduit les Guinéens aux élections présidentielles en 2010. Selon lui, le fichier qui a conduit à l’élection d’Alpha Condé au perchoir peut servir à l’élection législative pour finir le processus de sortie de la Transition. Pourquoi au cours d’un même processus, réviser le fichier électoral qui va coûter en argent dans un contexte de difficulté économique ? s’interroge-t-il, avant de poursuivre que cela ne sera qu’une perte de temps qui risque de compromettre les acquis déjà obtenus. Et d’insister que NFD et les autres partis de l’opposition dans une dynamique concertée, empêcheront par des manifs de rue, toute remise en cause des acquis de la Transition. «Nous disons au Président Alpha Condé de préparer ses hôpitaux, ses cimetières et ses prisons, parce que nous ne comptons pas nous laisser faire. Beaucoup de Guinéens ont été tués, touchés dans leur dignité, pour que la Guinée sorte de cette situation de dictature et entre dans celle d’Etat de droit. Nous n’entendons pas laisser le président Alpha Condé compromettre ces acquis.»

Parlant des accusations contre Cellou Dalein Diallo qu’on soupçonne d’entretenir une rébellion à partir de Labé, Mouctar Diallo, Fodé Oussou Fofana et Etienne Soropogui ont affirmé que «cela est absolument faux.» Ils ont rappelé la décision prise par ce dernier au lendemain du second tour de l’élection présidentielle, en acceptant les «résultats frauduleux prononcés par la CENI et la Cour suprême. La valeur de sa décision est à la hauteur des prix pour la paix qu’il a récemment obtenus. Cela est insensé, c’est un divertissement de la population pour empêcher de voir les véritables problèmes des Guinéens», a soutenu Mouctar Diallo. Alors que Faya Millimono de NGR demande de se souvenir de la déclaration de campagne d’Alpha Condé, qui avait dit qu’il va reprendre la Guinée là où Sékou Touré l’a laissée. Nul besoin, selon lui, de s’étonner quand Alpha Condé parle aujourd’hui de mobilisation de mercenaires. Il semble que «ce sont des choses que les Guinéens ont vécu par le passé. Il n’y a qu’à se rappeler du complot permanent ou de l’histoire de la cinquième colonne… » au temps du régime de la Première République. «Nous ne faisons que retourner à cette rhétorique qui, si on n’y prend garde, risque de coûter la vie à beaucoup de Guinéens…», conclut le représentant de NGR.

AfricaLog.com

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