L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) appelle dans un rapport publié mardi les autorités de Guinée à «rompre avec les exactions et l'impunité» ayant marqué les différents régimes depuis l'indépendance de ce pays en 1958.
«Depuis l'obtention de l'indépendance, les présidents guinéens Ahmed Sékou Touré (1958-1984), Lansana Conté (1984-2008) et le capitaine Moussa Dadis Camara (2008-2009) ont utilisé les milices du parti au pouvoir et les forces de sécurité pour intimider et réprimer dans la violence les voix de l'opposition», affirme HRW dans ce texte intitulé «Nous avons vécu dans l'obscurité: Un agenda des droits humains pour le nouveau gouvernement guinéen».
HRW affirme que «des milliers de Guinéens» qui «avaient osé s'opposer au gouvernement, ont été torturés», affamés, battus à mort par les forces de sécurité ou exécutés lors de détention dans des locaux de la police ou de l'armée, d'autres ont été enlevés ou victimes d'exécutions extra-judiciaires.
Dans ce pays de 10 millions d'habitants, pauvre malgré ses ressources naturelles considérables et confronté par ailleurs à la corruption, le système judiciaire affaibli ou sans grands moyens a permis, selon l'ONG, «à la dangereuse culture de l'impunité de prendre racine».
«Les auteurs de tous types d'exactions et de violations des droits humains (...) ont rarement fait l'objet d'enquêtes» lorsqu'ils sont proches du pouvoir, tandis que ceux qui sont accusés par les autorités sont maintenus «de façon récurrente en détention provisoire prolongée et dans des conditions carcérales atroces», note-t-elle. - avec AFP