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Human Rights Watch présente son rapport 2011 sur la Guinée

May 28, 2011

« Nous avons vécu dans l’obscurité, un agenda des droits humains pour le nouveau gouvernement guinéen », est le rapport de HRW (Human Rigths Watch) 2011 sur la Guinée. C’est ce 24 mai que la directrice de projet pour l’Afrique de l’Ouest de Human Rights Watch, Corinne Dufka, a présenté et lancé officiellement ce rapport à Conakry. Ont assisté à la cérémonie, plusieurs défenseurs des droits de l’homme dont Me Kpana Emmanuel Bamba, Président de Avocats sans frontière-Guinée et le doyen Ismaël Condé, membre de l’AGT (Association guinéenne pour la Transparence).

Dans le communiqué de presse que Corinne Dufka a lu, on souligne que le rapport de 78 pages, s’est basé sur 200 témoignages d’avocats, de magistrats et des membres du personnel du département de la justice, ainsi que des victimes et des témoins de violations de droits humains, des prévenus et des condamnés, des hommes de l’armée, de la police et de la gendarmerie, la société civile. La liste n’est pas exhaustive.

Le rapport de Human Rights Watch souligne qu’un homme interviewé pour le rapport a résumé l’urgence d’une amélioration de la situation des droits humains en Guinée, en ces termes : « Pendant 52 longues années, le peuple de guinée a réellement souffert des effets de la corruption. Nous avons vécu dans l’obscurité-sans électricité, sans eau, sans perspectives pour nos enfants. Les gens au pouvoir ont ruiné nos vies, génération après génération. Les familles qui ont perdu leurs fils et leurs filles à l’époque de Sékou Touré, puis en 2007, et de nouveau en 2009, n’ont pas encore fini de pleurer. Ceux qui nous ont fait ça, qui ont fait ça à notre pays, doivent savoir qu’ils ne peuvent pas continuer comme avant.»

C’est pourquoi le rapport appelle les nouvelles autorités guinéennes à traduire en justice les responsables des massacres perpétrés en 2007 et 2009. Egalement il plaide pour le renforcement de l’appareil judiciaire en lui fournissant des ressources suffisantes. Les autorités guinéennes devront aussi s’investir à discipliner et réformer le secteur de sécurité et veiller à ce que les Guinéens tirent profit des ressources naturelles de leur pays.

Par dessus tout, Human Rights Watch a recommandé au gouvernement d’instaurer une commission vérité, chargée de mettre en lumière les causes du passé violent de la Guinée. L’ONG de défense des droits humains plaide aussi pour la mise en place d’une commission de lutte contre la corruption, qui aura pour objectif de mettre fin à l’exploitation abusive des richesses du pays. Du fait que «l’avenir de la Guinée est en jeu» a indiqué Corinne Dufka, qui pense que « les actions du Président Condé-ou son inertie-soit, traceront un nouveau chemin favorable aux droits humains, soit, figeront la Guinée dans les excès et les violences du passé.»

Plus loin, Corine Dufka a expliqué : «L’impunité pour les crimes très graves qui ont jalonné l’histoire du pays a enhardi les générations successives d’auteurs de violations des droits humains. » Le rapport pointe du doigt 3 anciens Présidents guinéens qui «ont utilisé les milices du parti au pouvoir et les forces de sécurité pour intimider et réprimer dans la violence les voix indépendantes. Des milliers de Guinéens qui avaient osé s’opposer au gouvernement ont été torturés, privés de nourriture, battus à mort par les forces de sécurité de l’Etat, ou exécutés lors de leur garde à vue dans des postes de police ou de casernes de l’armée. » Même qu’aucun de ces 3 anciens dirigeants n’a ordonné l’ouverture d’enquêtes et la traduction en justice des membres des forces de sécurité impliqués dans ces crimes. Corinne Dufka pense que « démonter ce mécanisme et cette culture de l’impunité et bâtir une société fondée sur l’Etat de droit constituent le plus grand et le plus important défi auquel est confrontée la nouvelle administration du président Condé.»

Elle a déploré que des hommes en uniforme, se comportant davantage en prédateurs qu’en protecteurs ont pu «commettre impunément des violences allant d’actes criminels isolés à des crimes contre l’humanité.» Human Rights Watch a donc recommandé aux nouvelles autorités à adopter «une politique de tolérance zéro à l’égard de tels excès, à enquêter, poursuivre et punir les auteurs de ces actes ; et à mettre en œuvre une feuille de route crédible élaborée par l’ONU et la CEDEAO (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest), en vue d’une réforme du secteur de la sécurité.»

HRW recommande par ailleurs l’instauration d’une «commission indépendante de lutte contre la corruption, habilitée à ouvrir des enquêtes, à citer à comparaître et à inculper les individus qui détournent les ressources publiques.»

Pour préserver la légitimité du régime, Human Rights Watch recommande au Président guinéen, Alpha condé, d’élaborer un calendrier correct pour les élections législatives et de veiller à ce que ces élections organisées librement, démocratiquement et dans la transparence. « Le Président doit par ailleurs prendre des mesures concrètes visant à remédier au manque de neutralité politique et de professionnalisme dont les forces de sécurité ont preuve lors du scrutin qui l’a amené au pouvoir. » Pour la cheffe de projet de Human Rights Watch pour l’Afrique de l’Ouest, a déclaré : « Les graves problèmes de droits humains qui rongent la Guinée-la corruption endémique, la culture de l’impunité, la faiblesse de l’Etat de droit et la misère écrasante-ont brisé la vie er détruit les moyens d’existence d’innombrables Guinéens. Afin de rompre avec ce cycle de violence et de préserver la dynamique générée par les élections, le gouvernement doit immédiatement prendre des mesures pratiques visant à relever ces défis. » C’est tout dire.

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