L'avocat new-yorkais de Nafissatou Diallo a qualifié lundi de "blague" la première interview de Dominique Strauss-Kahn et s'est dit déterminé à faire aboutir la procédure civile en allant au besoin jusqu'à Paris pour y recueillir la déposition de DSK.
"Ce n'était pas une interview, c'était un coup publicitaire. Tout était préparé, c'était une blague", a déclaré Me Thompson, qui défend la femme de chambre guinéenne accusant l'ancien patron du FMI de viol.
Dimanche soir sur TF1, Dominique Strauss-Kahn a été interrogé par une "amie de (sa femme) Anne Sinclair", a-t-il souligné dans un entretien à l'AFP. La journaliste Claire Chazal "lui a posé des questions faciles".
"Des millions de personnes voulaient savoir et ne savent toujours pas quelle est sa version de ce qui s'est passé" entre lui et Nafissatou Diallo le 14 mai, a ajouté M. Thompson. "Comment a-t-il pu convaincre une femme qu'il n'avait jamais rencontrée d'avoir une relation sexuelle de neuf minutes dans une chambre d'hôtel?" s'est-il interrogé dans ses luxueux bureaux de la 5e avenue.
L'avocat n'a pas caché sa déception après l'abandon de la procédure pénale le 23 août, dénonçant un procureur qui selon lui "n'a pas eu la volonté de mener cette affaire au procès". "Si Dominique Strauss-Kahn avait été un chauffeur de bus de Brooklyn, vous pensez qu'ils auraient abandonné après avoir obtenu une inculpation ? Non", a-t-il lancé.
Il a rappelé que le procureur avait lui-même évoqué au début de l'affaire des "preuves substantielles". Et l'avocat a affirmé que Mme Diallo n'avait jamais varié dans son récit concernant ce qui se serait passé dans la suite du Sofitel.
Me Thompson s'est dit "impatient" d'interroger sous serment Dominique Strauss-Kahn, dans le cadre de la procédure civile qui va réellement commencer fin septembre.
"Il devra déposer ici, dans nos bureaux", a-t-il dit. "Et s'il ne vient pas, nous irons à Paris prendre sa déposition, et cela ne sera pas fait par une amie d'Anne Sinclair, mais par moi ou mon associé Doug Wigdor", a précisé M. Thompson. "Nous n'abandonnerons pas l'affaire, nous la conduirons au procès", a-t-il ajouté.
"Nous allons prendre les mêmes preuves (...) et nous allons en utiliser d'autres, de femmes qui nous ont contactés", a-t-il ajouté.
Dans la plainte au civil déposée le 8 août, Mme Diallo demande des dommages et intérêts pour l'attaque "violente et sadique" dont elle a dit avoir été victime.
Me Thompson s'est indigné de "l'interprétation" faite dimanche par Dominique Strauss-Kahn du rapport du procureur Cyrus Vance, que l'ancien ministre a cité une dizaine de fois.
"Lisez le rapport. Le rapport ne dit pas qu'il est innocent, le rapport dit que le procureur a décidé d'abandonner (les poursuites) parce qu'il devait prouver" au delà du doute raisonnable ce qui s'était passé, a fait valoir l'avocat.
Le procureur a demandé le 23 août le classement de la procédure pénale, expliquant que Nafissatou Diallo, 32 ans, ne pouvait être considérée comme un témoin crédible, ayant menti à de nombreuses reprises aux enquêteurs sur son passé et sur les événements "entourant" sa rencontre avec DSK. Il avait ajouté que si l'enquête avait établi une brève relation sexuelle entre elle et l'ancien patron du FMI, elle n'avait pas pu établir de manière indépendante qu'il s'agissait d'une relation forcée comme l'affirme Mme Diallo.
Quatre mois après l'incident, celle-ci n'a pas repris son travail.
"Elle est toujours en dépression", a déclaré son avocat, ajoutant qu'elle n'avait qu'une envie : "retourner travailler au Sofitel dès qu'elle le pourra. Elle y travaillait depuis plusieurs années et n'avait jamais eu le moindre problème avant le 14 mai", a-t-il ajouté. – AfricaLog avec AFP