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Dans les coulisses de Sékhoutouréya, les réactions des leaders

Nov 15, 2011

Trois heures d’horloges ont suffi au Président de la République, Alpha Condé, de tenter de lever «les malentendus» entre son gouvernement et les leaders de l’opposition, après 11 mois de gestion du pouvoir.

Ce 15 novembre, il a rencontré une dizaine de leaders de partis politiques (mouvance et opposition) dont Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré, arrivés successivement en première position et troisième position lors du premier tour de la présidentielle démocratique guinéenne de juin 2010.

La rencontre a été tenue loin des caméras, appareils photos et dictaphones au premier étage du Palais présidentiel Sékhoutouréya. Au sortir de la réunion, il a été dit à la presse, qu’Alpha Condé a décidé de mettre en place un Comité de dialogue, mais ses modalités devront être fixées par le Ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation. Et les leaders, dans leurs réactions, ont quasiment tous apprécié la démarche entreprise par le Président Alpha Condé.

Jean-Marie Doré, président de l’UPG (Union pour le progrès de la Guinée) a été le premier a livré les coulisses de la rencontre:

«La sagesse dit que l’avenir appartient à ceux qui savent attendre. Les Guinéens ont attendu depuis longtemps que s’amorce entre les partis politiques agréés légalement et le Chef de l’Etat. Certains croyaient toujours que le dialogue aura lieu, d’autres ont douté, d’autres encore ne croyaient plus. Il a donc plu au Président de la République, Alpha Condé de nous associer à cette réunion au cours de laquelle il a dit que sur tous les problèmes qui se posent à la nation guinéenne aussi bien sur le plan institutionnel que sur le plan économique, il parlera toujours avec les partis politiques qui sont agréés, pour que chacun donne son avis ; en dernier ressort il décide. Sur les problèmes immédiats concernant le processus électoral, il nous a annoncé qu’il a mis sur pied un autre Comité de dialogue, ce n’est pas à lui de fixer les modalités, cela revient au ministre de l’Administration du territoire sous l’égide du Premier ministre et que nous nous rencontrerons pour parvenir à une décision consensuelle. C’est un énorme pas qui a été fait. Chacun a souhaité que plus jamais, la démarche ne s’interrompe. Il y a eu une ambiance de compréhension mutuelle et je crois que c’est la meilleure voie pour la Guinée de sortir de l’ornière et du doute. Je marque ma satisfaction, je crois que personne n’a élevé de voix contraire pour que ce qui aurait dû être fait depuis longtemps se passe maintenant rapidement afin que notre pays renoue avec une démarche qui mène vers le renforcement de l’unité nationale et du développement… »

Le Président de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo, a lui aussi livré ses sentiments: «Le Président a dit que sa porte restera désormais ouverte à tous les partis politiques et les invitera à faire leurs commentaires. En ce qui concerne le dialogue politique, il a dit qu’il constituera un recours et le cas échéant s’impliquer pour faciliter le dialogue politique qu’il appelle de tous ses vœux. Il a exprimé une volonté nouvelle, nous attendons de voir dans les faits comment ça va évoluer et l’ensemble des participants étaient d’accord sur la démarche et nous attendons de voir dans quelle mesure le dialogue qui était suspendu devrait avancer en prenant en considération les préoccupations des partis politiques, notamment le Collectif et l’ADP qui avaient exprimé des points précis quant à l’organisation des élections législatives.»

Parlant de la date pour l’organisation des élections législatives, le leader de l’UFDG a déclaré que le Président a dit que «la date doit être fixée de façon consensuelle entre tous les acteurs politiques».

Cellou Dalein pense que celle du 29 décembre, proposée par la CENI et entérinée récemment par le Gouvernement, ne saurait désormais tenir. S’agissant des militants de l’opposition qui sont actuellement détenus, il a soutenu: «Nous avons réitéré notre demande de la libération des détenus. Il (Le Président NDLR) a réaffirmé sa position qui consiste à dire qu’il attend les décisions de la justice et qu’il pourrait user de son droit de grâce pour les libérer… Nous avons réitéré que la plupart de ses gens ont été arrêtés à leur domicile.»

Cellou Dalein Diallo dit qu’il a également été question des Conseillers communaux et communautaires. Et il se dit «convaincu que, s’il y a une volonté politique réelle d’examiner objectivement le problème, les Conseillers communaux et communautaires vont être rétablis. Ils ont été démis sans respecter les règles et procédures qui régissent le fonctionnement des collectivités décentralisées», a-t-il dit.

A-t-il été question de la réconciliation nationale? Pour Cellou Dalein Diallo, la rencontre «n’a pas engagé ici la réconciliation par rapport aux points inscrits à l’ordre du jour. Le président, a-t-il poursuivi, a dit qu’il a fait l’erreur de n’avoir pas établi le contact avec les partis politiques et que désormais il s’engage à les associer à toutes les décisions importantes qui concernent la nation et qu’en ce qui concerne le dialogue, s’il y a des blocages, les partis politiques devraient pouvoir faire recours à lui, qu’ils l’interpellent pour faciliter le dialogue, afin que toutes les décisions soient prises de manière consensuelles.»

Sidya Touré, le président de l’UFR (Union des forces républicaines) n’a pas été trop bavard. « Il ne nous a pas écouté sur les questions essentielles relatives à ces élections, mais il nous a beaucoup parlé de sa volonté de discuter avec chacun d’entre nous pour aller de l’avant, dorénavant. Et nous disons que c’est un grand pas en avant…» a-t-il indiqué avant de se sauver sur la pointe des pieds.

Moussa Solano, président du PUP (Parti de l’Unité et du Progrès) a estimé que la rencontre est à point nommé. «La rencontre est arrivée à point nommé et nous allons tous nous engager sur cette voie. Nous saluons, nous félicitons le Président pour cet engagement qui a été pris ce soir.»

Ibrahima Kassory Fofana, président de GPT (Guinée pour tous) a lui aussi dit son mot: «On doit d’abord se féliciter parce que le président a dit : je suis-là, parce que c’est l’ensemble des Forces vives de cette nation qui m’ont porté là, c’est la lutte commune. Cela déjà est un résultat. Parce que l’humilité avec laquelle il s’est adressé à nous, est rassurante. Il a concilié hauteur et humilité en disant de par ma position, j’assume. Toutes les fautes commises par l’armée guinéenne, je suis le Chef des armées, je les assume, par la Police guinéenne, je suis le chef de la Police, je les assume. Vous savez une faute reconnue est à moitié pardonnée. Il a la responsabilité morale. Je ne suis pas en train de dire qu’il reconnaît que c’est lui qui a demandé aux militaires de tirer sur les gens, il dit qu’il est le Chef des armées, en tant que tel, il en assume la responsabilité morale. Mais ce qu’on doit retenir de cette rencontre, c’est sa volonté de cogérer sur les questions essentielles qui se posent à cette nation, de cogérer avec la classe politique pour que le tissu social reste soudé et que les populations qui se reconnaissent en différents leaders que nous sommes, ne soient pas perdues par les querelles partisanes. Le chef de l’Etat a dit qu’il reste ouvert à tous les partis de ce pays…»

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