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Tripoli ne remettra pas Saïf al-Islam Kadhafi à la CPI

Nov 23, 2011

Les autorités libyennes ont affirmé mardi devant le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) leur intention de juger en Libye Saïf al-Islam Kadhafi, le fils du dirigeant déchu.

Luis Moreno-Ocampo effectuait mardi sa première visite en Libye où devait par ailleurs être annoncée la composition du nouveau gouvernement de transition.

«En un seul mot, nous n'allons pas le remettre» à la CPI, a dit le ministre de la Justice et des droits de l'homme, Mohamed Allagui, en pleine visite à Tripoli de M. Ocampo, venu évoquer le sort de Saïf al-Islam après sa capture samedi, et celui d'Abdallah Al-Senoussi arrêté dimanche. L'arrestation de ce dernier n'a pas encore été confirmée par la CPI.

Saïf al-Islam et M. Senoussi, beau-frère de Mouammar Kadhafi, font tous les deux l'objet depuis le 27 juin de mandats d'arrêt de la CPI pour crimes contre l'humanité commis durant la répression de la révolte populaire transformée en guerre civile (15 février-23 octobre).

M. Ocampo, accompagné du procureur adjoint, Mme Fatou Bensouda, a dit qu'il ne rencontrerait pas lors de sa visite Saïf al-Islam Kadhafi, dernier des fils de Mouammar Kadhafi resté en fuite et longtemps présenté comme successeur potentiel de son père.

Le Conseil national de transition (CNT) avait annoncé dimanche son intention de mener lui-même un procès contre Saïf al-Islam, détenu à Zenten (170 km au sud-ouest de Tripoli), et Abdallah Al-Senoussi, l'ex-chef des renseignements.

Le premier ministre intérimaire Abdel Rahim al-Kib a promis «un procès équitable» et assuré que Saïf al-Islam Kadhafi était «en de bonnes mains», à la suite des appels de la communauté internationale et des ONG pour qu'il soit bien traité et à coopérer avec la CPI.

«Le traitement auquel il a droit est un très bon traitement, des centaines de fois meilleur que celui que lui et son père réservaient au peuple libyen», a-t-il dit devant l'ambassadrice des États-Unis à l'ONU, Susan Rice, lundi.

Celle-ci, en visite en Libye, a affirmé mardi à Benghazi (est) que les responsables libyens lui avaient affirmé que Saïf al-Islam était «détenu dans un lieu sûr», était «traité avec humanité» et serait jugé «conformément aux critères internationaux».

«Saïf al-Islam Kadhafi et Abdallah Al-Senoussi doivent être traduits en justice», a souligné pour sa part M. Ocampo, assurant que «la question de savoir où les procès devront se tenir doit être tranchée en consultation avec la Cour».

Mouammar Kadhafi et son fils Mouatassim, capturés vivants à Syrte (est) le 20 octobre par des combattants du CNT avaient ensuite été tués.

Le CNT, issu de l'ancienne rébellion qui a renversé le régime Kadhafi après 42 ans au pouvoir, avait annoncé que Senoussi avait été arrêté dimanche dans le sud de la Libye.

La CPI, qui est compétente en Libye en vertu d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, ne peut poursuivre des auteurs de génocide, de crimes contre l'humanité ou de crimes de guerre que lorsque la justice nationale ne veut pas ou ne peut pas mener une enquête ou des poursuites contre eux.

La visite de M. Ocampo est intervenue à quelques heures de l'annonce prévue d'un nouveau gouvernement de transition en Libye, qui devra faire face à la lourde tâche de reconstruire et unifier un pays déchiré par huit mois de guerre civile.

«Nous sommes toujours en discussions pour décider de l'attribution de certains portefeuilles» avant l'annonce du gouvernement en fin de journée, a indiqué un responsable du CNT.

Selon lui, le chef du Conseil militaire de Zenten Oussama Jouili sera nommé ministre de la Défense et Ibrahim Debbachi, représentant du CNT à l'ONU, ministre des Affaires étrangères. M. Jouili dirigeait la brigade de Zenten dont les combattants ont capturé Saïf al-Islam et ont été en tête des unités rebelles ayant «libéré» Tripoli en août.

Ali Tarhouni, ministre du Pétrole et des Finances, restera aux Finances, et Hassan Zoglam aura le ministère du Pétrole.

Lundi, M. Kib a dit oeuvrer pour avoir un gouvernement «solide, cohérent et capable de faire le travail».

Parmi les priorités du gouvernement figurent également l'intégration des anciens combattants rebelles dans une nouvelle armée nationale et la destruction des armes chimiques stockées par l'ancien régime.

Le gouvernement Kib aura principalement pour mission de préparer des élections constituantes dans un délai de huit mois maximum, suivies d'élections générales un an après au plus tard. – AfricaLog avec AFP