Alassane Ouattara passe une journée chez Alpha Condé
Le 1er décembre, le Président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara, ADO, a effectué une visite de travail à Conakry chez son homologue guinéen Alpha Condé. Une visite qui atteste, selon des observateurs, la normalisation des relations entre Conakry et Abidjan. Car, ce n’est qu’à la veille de cette visite que l’ambassadeur de Côte d’ivoire en Guinée a présenté ses lettres de créance au Président Alpha Condé. «Séka-Séka», le présumé responsable du commando de la mort, interpellé en septembre à Abidjan en transit d’un avion en provenance d’Accra et à destination de Conakry, a été pour quelque chose dans les relations «tendues» entre ADO et Alpha Condé. Un mandat d’arrêt international avait été émis contre l’intéressé suite aux nombreuses accusations qui pèse sur lui dans plusieurs assassinats en Côte d’Ivoire, dont le meurtre de l’ancien putschiste ivoirien, le Général Robert Guei Robert. Mais la crise postélectorale en Côte d’Ivoire a provoqué une vague de départ de millions d’ivoiriens vers les pays limitrophes, notamment la Guinée. Depuis quelques semaines, ADO est en tournée sous-régionale pour appeler ses compatriotes à regagner le bercail afin de participer à la réconciliation nationale et à la reconstruction du pays d’Houphouët Boigny.
A Conakry, à la Case de Bellevue, après un tête-à-tête avec son homologue guinéen, le Président Ouattara a rencontré Rabiatou Sérah Diallo, la présidente du Conseil national de transition, qui joue le rôle de parlement. Il y a également rencontré les ambassadeurs des pays africains et la communauté ivoirienne vivant en Guinée.
Dans le communiqué final, on note des projets d’intégration dont la construction des routes : Danané-Lola, Boundiali-Odienné-Mandiana-Kankan, le renforcement de l’interconnexion électrique entre les pays de la sous-région, surtout entre la Côte d’Ivoire et la Guinée. Il a été aussi question de l’identification de la coopération technique dans le domaine minier, d’hydrocarbures, l’exploitation commune des minerais à la frontière des deux pays à travers un consortium et la construction du chemin de fer San-Pedro-Man-Conakry.
Le communiqué indique que les deux Chefs d’Etat mèneront des actions conjointes vers les partenaires financiers pour démarrer les travaux de construction de la route Danané-Lola au cours du premier trimestre 2012 et ceux de la route Boundiali-Odienné-Mandiana-Kankan au cours du premier trimestre 2013. Ils se sont convenus pour la création d’une société maritime commune en vue de renforcer la coopération maritime entre les deux pays. Le président Alpha Condé a été invité par son homologue ivoirien à participer au prochain sommet des Chefs d’Etat du Conseil de l’Entente en tant qu’observateur.
Vous avez hérité d’un pays dont le tissu social était considérablement détérioré et qui vous a poussé à engager un processus de réconciliation. Un an après, quel est le bilan que vous faites de ce processus de réconciliation? pose un journaliste ivoirien au président Guinéen qui a répondu en ces termes:
«Le tissu social de la Guinée a été sérieusement déchiré. Car la Guinée a traversé beaucoup d’épreuves. Tout le monde se rappelle du Camp Boiro, beaucoup de Guinéens y ont perdu la vie. Il y a eu les événements de 1985, la grève de 2007 où près de 400 guinéens ont trouvé la mort, ensuite il y a eu les événements du 28 septembre 2009. Donc, il est nécessaire que les Guinéens osent regarder leur passé en face. Nous devons assumer tout cela. On doit rendre justice aux victimes du Camp Boiro et leurs familles, à ceux de 1985, de 2007 et du 28 septembre 2009. Nous avons estimé que la Guinée devait tracer sa voie. Nous avons mis en place une Commission nationale provisoire de réconciliation dirigée par Mgr Vincent Koulibaly, archevêque de Conakry et El Hadj Salifou Camara, grand imam de la grande mosquée Fayçal. Ils ont travaillé et ils ont déjà produit une première brochure. Ils ont décidé d’organiser au cours du mois de décembre une grande réunion où ils vont inviter les organisations internationales des droits de l’homme et la presse afin de faire le bilan du travail qu’ils ont fait. Le chemin qui reste à faire pour arriver à la mise en place d’une commission justice, vérité et réconciliation. Nous pensons que la réconciliation n’est pas l’affaire des hommes politiques, c’est l’affaire de tout le peuple. Ce qui rend la réconciliation difficile en Guinée, c’est que chacun a été à la fois victime et bourreau. Ceux qui ont été victimes sous la Première République, sont devenus des bourreaux sous la Deuxième République».
Après avoir passé la journée avec son hôte de marque à la Case Bellevue, Alpha Condé a accompagné Alassane Ouattara à l’aéroport international de Conakry-Gbessia. Il était 18heures GMT.
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