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Carlos a pleuré en lisant le testament de Kadhafi

Dec 15, 2011

Ilich Ramirez Sanchez dit "Carlos", ancien ennemi public n°1, jugé une deuxième fois en France pour des attentats qui ont fait onze morts dans les années 1980, a lancé jeudi un avertissement aux sept magistrats de la cour, à quelques heures du verdict.

Au président qui lui posait la question rituelle de fin de procès ("Avez-vous quelque chose à ajouter pour votre défense ?"), il a répondu : "Je ne parle pas pour ma défense mais pour la vôtre".
"Vous êtes indépendants, et la décision que vous allez prendre, vous en serez, chacun de vous, personnellement responsable", a-t-il dit aux magistrats professionnels de la cour d'assises spéciale, assurant immédiatement qu'il ne s'agissait pas d'une menace.

Il s'est ensuite lancé dans un monologue de plusieurs heures, déclarant "assumer la responsabilité politique et militaire" de certains attentats, mais pas de ceux qui sont jugés, et a livré sa vision du monde.

Il a loué l'ex-dictateur roumain Nicolae Ceaucescu car il avait, a-t-il souligné, effacé la dette de son pays, qualifié Oussama ben Laden de "grand homme", estimé que Valéry Giscard d'Estaing avait une "intelligence supérieure", et fustigé entre autres les Juifs, les homosexuels, les tribunaux français et son ex-femme Magdalena Kopp.

Carlos a terminé au bout de cinq heures, en lisant, tout en pleurant, ce qu'il a présenté comme le testament de l'ancien leader libyen Mouammar Kadhafi, pour lequel il a exprimé son admiration.
La cour s'est retirée pour délibérer à 19h00 et le verdict était attendu dans la nuit. L'accusation a demandé mardi la perpétuité avec une peine de sûreté de 18 ans. Les avocats de Carlos ont plaidé l'acquittement jeudi.

Une figure mythique 

Le Vénézuélien de 62 ans est détenu depuis 1994 en France, où il purge une première condamnation à perpétuité prononcée en 1997 pour le meurtre de deux policiers en 1975.
Une éventuelle nouvelle perpétuité pourrait retarder l'échéance pour une première demande de libération conditionnelle, actuellement fixée à 2012.

Ce procès concerne des attentats à la bombe le 29 mars 1982 contre le train Capitole Paris-Toulouse (5 morts, 77 blessés), le 22 avril 1982 rue Marbeuf à Paris devant le siège du journal El Watan (un mort, 63 blessés) et le 31 décembre 1983 dans le TGV près de Tain-l'Hermitage et à la gare Saint-Charles de Marseille (5 morts et 50 blessés au total).

Figure mythique de l'activisme armé d'extrême gauche dans les années 1970 et 1980, Carlos s'était fait connaître dans le monde entier avec l'enlèvement en décembre 1975 à Vienne de onze ministres de l'Opep en compagnie d'un commando.

Ilich Ramirez dirigeait un groupe d'activistes qui fut soutenu, armé et hébergé par le bloc communiste d'Europe de l'Est, notamment la RDA, la Hongrie et la Roumanie, mais aussi protégé par la Syrie, l'Irak, le Yémen.

La cour devra statuer aussi sur trois autres cas

L'accusation a demandé la perpétuité contre deux ex-compagnons d'armes présumés de Carlos jugés par défaut, le Palestinien Ali Kamal al Assawi, 68 ans, en fuite, et l'Allemand Johannes Weinrich, 64 ans, qui purge une peine pour d'autres faits en Allemagne.

Quinze ans de réclusion sont par ailleurs requis contre l'Allemande Margot Fröhlich, 69 ans, qui a fui la France en 2001 et réside dans son pays.

Le testament de Kadhafi

«Au nom de Dieu le Clément et Miséricordieux

Ceci est mon testament, moi, Mouammar Bin Mohammed Bin Abdessalam Bin Humaïd Bin Aboumeniar Bin du Naïl Al Fohsi Al Kadhafi.

Je témoigne qu’il n’y a de dieu qu’Allah et que Mohammed est son Messager et que je mourrais sur la doctrine des sunnites et d’El Djamaâ.

Mes volontés dernières sont:

Que je ne sois pas lavé à ma mort et que je sois enterré selon le rite islamique et ses enseignements dans les vêtements que porterais à ma mort.

Que je sois enterré au cimetière de Syrte, à côté de ma famille et de ma tribu.
Que ma famille soit bien traitée surtout les femmes et les enfants.

Que le peuple libyen sauvegarde son identité, ses réalisations, son histoire et l’image de ses ancêtres et ses héros et qu’il ne soit pas attaqué dans les sacrifices de ses hommes libres.

Que continue la résistance à toute agression étrangère subie par la Jamahiriya, aujourd’hui, demain et pour toujours.

Que soient convaincus les hommes libres de la Jamahiriya que nous aurions pu monnayer, avec notre cause, une vie personnelle meilleure, stable et en sécurité. Nous avions eu tant de propositions, mais nous avons choisi d’être au front par devoir et honneur. Et même si nous ne gagnons pas aujourd’hui, nous allons offrir une leçon aux générations futures pour qu’elles puissent gagner, car le choix de la Nation est la bravoure et la vendre est une trahison que l’Histoire retiendra ainsi et pas autrement.

Que soit transmis mon salut à chaque membre de ma famille et aux fidèles de la Jamahiriya ainsi qu’aux fidèles de part le monde qui nous ont soutenu ne serait-ce qu’avec le cœur.

Que la paix soit sur vous, tous.

Mouammar El Kadhafi
Syrte, 17/10/2011»

AfricaLog avec Reuters