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Les townships sud-africains se rebellent

Jul 23, 2009

Les manifestations se multiplent ces derniers jours en Afrique du Sud. Les plus pauvres réclament entre autres des logements décents, une promesse de campagne faite par Jacob Zuma, élu président il y a deux mois.

Les Sud-Africains les plus pauvres multiplient ces derniers jours les manifestations, parfois violentes, dans les townships pour réclamer des logements décents et un meilleur accès aux services publics.

Ces manifestations éclatent deux mois après la prise de fonction du président Jacob Zuma, élu début mai avec un programme axé sur la lutte contre la pauvreté.

Le gouvernement sud-africain a dénoncé jeudi le recours à la violence des manifestants. "On n'autorisera personne à utiliser des moyens illégaux pour arriver à ses fins", a prévenu le ministre sud-africain du Gouvernement local, Sicelo Shiceka.

Mercredi, la police a tiré des balles en caoutchouc contre des manifestants qui bloquaient une route au sud de Johannesburg.

La veille, les forces de l'ordre avaient dispersé la foule de la même façon dans le township de Thokoza près de la capitale économique sud-africaine. Quelque 200 personnes, excédées par leurs conditions de vie précaires, avaient lancé des pierres sur des véhicules des forces de sécurité. Environ 35 personnes ont été arrêtées et devaient comparaître mercredi.

Et ces derniers jours, dans la province de Mpumalanga (nord-ouest), frontalière du Mozambique, des manifestations ont pris une tournure raciste lorsque des magasins appartenant à des étrangers ont été pillés et brûlés. Des dizaines d'immigrés ont fui et une centaine de personnes ont été arrêtées, selon les médias locaux.

Le souvenir des violences xénophobes de 2008

Ces scènes ne sont pas sans rappeler la flambée de violences xénophobes qui a frappé en mai 2008 l'Afrique du Sud, première puissance économique du continent.

Accusés de voler les emplois des Sud-Africains et de contribuer à la forte criminalité, une soixantaine d'étrangers avaient alors été tués et des dizaines de milliers d'autres avaient fui leur quartier.

Depuis, des attaques isolées et parfois meurtrières ont eu lieu contre les étrangers, en particulier les Zimbabwéens, très nombreux en Afrique du Sud, et les Somaliens, qui possèdent des magasins.

Le manque d'eau potable, de logements décents et d'emplois, ainsi que l'absence d'électricité sont au coeur des revendications des manifestants, qui se rappellent ainsi au bon souvenir de Jacob Zuma. Son parti, le Congrès national africain (ANC), avait largement remporté les scrutins législatifs du 22 avril, en faisant de la lutte contre la pauvreté une de ses priorités.

Quinze ans après les premières élections multiraciales, les laissés-pour-compte de l'après-apartheid voient leurs espoirs s'évanouir, même si de nombreux progrès ont été réalisés durant cette période avec notamment la construction de 2,8 millions de logements.

Plus d'un million de familles vivent cependant toujours dans des bidonvilles, contre 4 millions pendant l'apartheid, selon des chiffres officiels. Environ 43% des Sud-Africains se débrouillent avec moins de 2 dollars par jour et près de 40% de la population active est au chômage.

Et la misère devrait encore s'accentuer avec la récession économique qui frappe le pays, pour la première fois depuis 17 ans.

"Nous avons un fort taux de chômage, le monde entier souffre de la crise économique et cela ne rend pas les choses plus faciles", estime Adrian Hadland, directeur du Conseil de recherche en sciences humaines.

"La frustration vient en partie des gouvernements locaux qui travaillent de manière très inégale", souligne-t-il à l'AFP.

L'ANC, au pouvoir depuis 1994, a lancé le week-end dernier un audit sur les performances des services municipaux afin d'aider, voire faire pression, sur les municipalités pour améliorer l'accès aux services publics.

Mais, pour David Bruce du Centre d'études de la violence et de la réconciliation, il en faudra plus pour venir à bout de ce "sérieux problème". "Il n'existe pas de solution toute faite pour le résoudre car les structures de l'Etat sont mal gérées", fait-il remarquer. – L’Express