Réforme du secteur de défense et de sécurité guinéen. Ce 31 décembre, 4006 militaires iront à la retraite, contrairement au chiffre de 4 295 initialement annoncé. Cette annonce a été faite le 29 décembre dans la soirée par le ministre Délégué à la défense nationale, Me Abdoul Kabèlè Camara, au camp Samory Touré. Selon lui, ces départs ont été effectués sur la basse d’un recensement biométrique. Etaient présents à la rencontre, le Directeur de Cabinet, Colonel Aboubacar Sidiki Camara, alias « Idi Amin », le Chef d’état-major général des armées, Général Souleymane Kéléfa Diallo, le Général Aboubacar Biro Condé, président de la Commission technique de suivi et de pilotage des reformes des forces armées, les chefs d’état-major particuliers (mer, air), plusieurs officiers supérieurs, dont le Directeur général de la Pension militaire, Colonel Mamadou Cellou Barry ainsi que le DG adjoint des Ressources humaines, Lieutenant-colonel Ousmane Conté.
Parlant de ce recensement, le DG adjoint des Ressources humaines du ministère Délégué à la défense a indiqué: «Le recensement biométrique déclenché le 5 octobre dernier a permis d’avoir, à ce jour, 26 866 personnels militaires recensés, avec 230 dans les missions diplomatiques et en stage. Soit au total 27 096.» Il déclare attendre le commandement militaire pour déclencher le recensement biométrique de ces militaires guinéens qui vivent à l’étranger.
© De gauche à droite: Général Souleymane Kéléfa Diallo, Me Abdoul Kabèlè Camara, Colonel Aboubacar Sidiki Camara, alias «Idi Amin».
Et le ministre Délégué à la Défense nationale de dire: «S’agissant de la retraite, nous avons un effectif recensé biométrique de 4006 militaires.» Il explique que: «Sur les 4006, en vertu de l’article 82 portant dispositions du statut des militaires, le Président de la République pourrait user de son pouvoir discrétionnaire pour maintenir d’office au service, certains militaires spécialisés pendant une période n’excédant pas deux ans.»
Selon Me Kabèlè, deux raisons justifieraient la décision du Chef de l’Etat pour ce choix: «La nécessité de service est la première. La seconde, c’est que le Président de la République pourrait être amené, pour des raisons d’Etat, à maintenir certains militaires à ses côtés, certains militaires de sa garde. Et là, il est le seul à apprécier les critères suivant lesquels il pourrait être amené à garder un militaire ou non. Donc, le principe c’est la retraite, mais il y a une exception…»
Les militaires concernés sont ceux-là qui ont servi le tricolore guinéen de la période pré indépendance à la période post indépendance. En clair, ce sont les militaires engagés de 1952 à 1975, en passant par l’année d’indépendance du pays, 1958. Ils bénéficieront de mesures d’accompagnement exceptionnelles préconisées par le Président Alpha Condé. Car, déclare Me Kabélè Camara, «la mise à la retraite de 4 000 militaires et quelques exige des moyens financiers colossaux.»
Le ministre a également déclaré que le système des Nations-Unies en Guinée appuie le projet par le paiement des deux tiers, soit trois mois de salaires et le gouvernement s’acquittera du tiers équivalent à un mois, estimé à plus de 7 milliards de francs guinéens. Le représentant résidant par intérim du Système des Nations-Unies en Guinée, Christopher Anderson a rappelé que le PNUD s’est engagé «à soutenir la Guinée dans ses efforts pour la consolidation de la paix et de la démocratie, pour la création des bases de développement économique et social soutenus et durables.» Il en sera ainsi, selon lui, par rapport au projet de réforme de l’Administration publique et du secteur de défense et de sécurité. A propos, M. Anderson a dit que le PNUD «vient de mobiliser plus de 8 millions de dollars US». Même que l’institution onusienne s’engage «à faire des forces de sécurité et de défense des institutions plus fortes et plus respectueuses des valeurs et principes démocratiques, y compris le respect des droits de l’homme…»
Les intéressés sont invités à déposer leurs dossiers avant la date du 15 janvier, la date butoir.
Selon le Directeur général de la pension militaire, son service n’a reçu que 1 971 dossiers sur les 4 006 attendus.
Par armée, les statistiques fournies par le Directeur général de la Pension militaire, Colonel Mamadou Cellou Barry, sont les suivantes:
EMAT (Etat-major de l’armée de terre): dossiers attendus : 3 063, déposés: 1 223.
Etat-major de l’armée de l’air : dossiers attendus: 205, reçus: 70.
Etat-major de l’armée de mer: dossiers attendus : 416, déposés : 388.
Etat-major de la Gendarmerie nationale: dossiers attendus : 366, déposés : 289. Soit au total 1971 dossiers reçus sur un total de 4050 attendus.
«Je dois vous dire, qu’en matière de gestion des ressources humaines, les choses ne sont pas stables. Le volet des ressources humaines est une variable non une constante. Ce qui fait que vous verrez des différences dans les chiffres annoncés», a dit le Colonel. Et point.
Les officiers et leur ministre n’ont pas voulu expliquer à la presse les raisons de la différence entre les chiffres de 4 006, 4 050 et 4 295.
Par rapport aux nombreux de militaires qui traînent encore le pas, le ministre Délégué à la Défense a souligné que «tout retard de dépôt des dossiers par un militaire entraînera un retard dans le paiement de la pension. La retraite est un droit. Il n’y a pas de consensus par rapport à l’application de la loi.» Et de préciser que, «pour le moment», ce payement est trimestriel.
Désormais, dit-il, les 1ers des mois de juin et décembre de chaque année, seront consacrés à des départs à la retraite. Des départs qui ne bénéficieront pas de «mesures exceptionnelles» comme c’est le cas cette année.
Douze centres de paiement sont retenus pour le paiement de la vague de soldats qui devront faire valoir leur droit à la retraite à partir du 31 décembre 2011. Quatre sont à Conakry, huit sont à l’arrière-pays.
Par rapport aux propos, selon lesquels le président Alpha Condé «veut mettre à la retraite des militaires pour recruter ses mercenaires», Me Kabélé a balayé d’un revers de la main l’accusation. Avant d’ajouter que c’est un sujet même qui avait été également inscrit dans la déclaration de Ouagadougou du 15 janvier 2010, ayant défini la feuille de route de la Transition.
Une transition qu’avait pilotée le Général Sékouba Konaté, après la tentative d’assassinat du 3 décembre 2009 du capitaine Dadis Camara, chef de la junte du CNDD, de la part de son aide de camp, Lieutenant Aboubacar Sidiki Diakité, alias Toumba.
En tous les cas, des interrogations demeurent sur bien des lèvres. Pour quoi les chiffres sont descendus de 4 295 à 4 006, après 4 050 ? La réponse viendra du Chef de l’Etat lui-même, à l’occasion de la cérémonie «d’hommages » prévue pour ces départs à la retraite? Certains le croient. Mais attendons de voir.
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