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Mohamed Joe Sidibé: «Nous disons à nos frères et sœurs de la diaspora qu’aujourd’hui la porte leur est grandement ouverte»

Jan 16, 2012

Mohamed Joe Sidibé est un guinéen de la diaspora. Il a été le premier Vice-président de la NGR (Nouvelle génération pour la République), le parti de M. Abe Sylla qu’il a quitté pendant le second de l’élection présidentielle guinéenne de 2010 pour rejoindre l’Alliance arc-en-ciel qui a porté le Président Alpha Condé au pouvoir. M. Sidibé est le président de l’Association Nabaya aux Etats-Unis, Conseiller chargé de missions à la Présidence de la République. AfricaLog.com l’a rencontré pour un entretien que nous vous livrons en exclusivité.

AfricaLog.com: Quel est votre rôle auprès du Président de la République en tant que Conseiller chargé de missions?

Mohamed Joe Sidibé: Je remercie d’abord le Président Alpha Condé pour avoir placé sa confiance en moi, et qui me donne l’opportunité de le servir. Je m’acquitterai de mon devoir avec loyauté et abnégation pour mériter de sa confiance. Mon rôle sera de l’aider afin qu’il atteigne son objectif de développement socio-économique, toute chose qu’il ambitionne pour la Guinée. Car, après son investiture, il n’a pas manqué de dire qu’il a trouvé un pays mais pas un Etat. Ma mission est donc de l’accompagner dans ses objectifs, sachant bien que les défis sont énormes. Mais connaissant le Président Alpha Condé, je suis convaincu que nous y parviendrons. Le peuple de Guinée comprend aujourd’hui combien de fois le Président veut aller vite mais sûrement.

Pouvez-vous alors faire le bilan de vos activités auprès du Président?

Le bilan de nos activités est positif. Au regard de la date l’investiture du Professeur Alpha Condé à la date d’aujourd’hui, je puis dire, personnellement, que le bilan est élogieux, il y a eu beaucoup de changements. Au niveau de tous les Ministères, vous constaterez que ça bouge. Avec l’unicité des caisses de l’Etat, le Guinéen a compris que la gestion économique du pays est dans de bonnes mains. Les détournements de fonds, les malversations économiques et l’hémorragie financière ont tous été mis fin par le Président de la République. Aujourd’hui, l’inflation n’est plus galopante, et il y a de l’espoir dans l’agriculture. Dans le domaine des ressources minières, il y a un nouveau Code minier qui impose les marchés gagnant-gagnant aux investisseurs. Dans les hôtels, il n’y a plus de places.

L’unicité des caisses de l’Etat ne constitue-t-il pas un handicap pour les missions des cadres de la Présidence? Certains cadres se plaignent de la longue procédure de sortie d’argent pour n’importe quel projet du pays ou en faveur d’un quelconque domaine de l’Etat, si important soit-il…

Quand vous êtes un homme de conviction, cela n’a aucune influence sur vous, dans l’exécution de la mission qui vous a été confiée. A la présidence ici, nous accompagnons le Président dans sa mission. Permettez-moi de vous dire ici que tout va bien. Cela ne nous empêche pas de travailler efficacement pour la nation.

Vous êtes un transfuge du parti NGR (Nouvelle Génération pour la République) de M. Abe Sylla. Pourquoi avez-vous abandonné ce parti pour rejoindre l’Alliance arc-en-ciel pendant le second tour de l’élection Présidentielle de 2010?

J’ai quitté la NGR pour me mettre en harmonie avec ma conscience. Durant le premier tour, le thème de notre campagne était le changement. Entre les deux tours, il y a eu pas mal de choses. J’ai dit à mon leader, M. Abe Sylla, là où on devrait aller. Parce que j’ai été celui qui a implanté le parti sur tout le territoire guinéen. Je connaissais l’état d’âme de nos militants et jusqu’où ils aspiraient au changement. J’ai donc dit à M. Abe Sylla qu’entre le Professeur Alpha Condé et M. Cellou Dalein Diallo, pour que je sois en harmonie avec ma conviction, avec ma conscience, j’ai choisi le Professeur Alpha Condé qui incarnait, selon moi, le changement. Quand cela a été proposé, tous les cadres et militants de la NGR l’ont adopté. Mais il [Abe Sylla, ndrl] a fait son choix que je respecte, moi, j’ai choisi le Professeur Alpha Condé. Je ne le regrette pas et je ne le regretterai jamais parce que le Président est pour le changement, il a fait ses preuves qui sont perçues sur le terrain aujourd’hui.

Restons en politique. Les élections législatives devaient se tenir six mois après l’élection présidentielle. Mais rien n’en a été, après un an. Selon vous, est-ce un manque de volonté du Président de la République ou une mauvaise foi de ses opposants?

C’est vrai, après la présidentielle, les élections législatives devaient se tenir six mois après. Mais c’est un manque de bonne volonté de l’opposition qui l’empêche. Tout ce que l’opposition a demandé au Président, celui-ci a tout accepté. A savoir : la révision du fichier électoral, le dialogue inclusif. L’opposition a tellement demandé qu’aujourd’hui, elle est en porte-à-faux avec ses revendications. Les leaders de l’opposition ont réclamé le dialogue inclusif, aujourd’hui ce sont eux qui sont là à mettre d’autres partis hors de ce dialogue. Pourquoi exclure des partis du dialogue? C’est une manière de retarder davantage les législatives. Parce qu’ils savent qu’aujourd’hui, lorsqu’il y a élection, ils n’auront pas ce qu’ils croyaient avoir. Les Guinéens ont compris cette opposition et ils voteront arc-en-ciel pendant les législatives. Parce qu’ils sont convaincus que le changement ne viendra que par l’arc-en-ciel. L’opposition doit maintenant tirer les leçons de ses revendications, tirer les leçons de l’histoire. Le Gouvernement est pressé. Le Président est conscient que sans ses élections, nous aurons beaucoup de difficultés. Donc nous voulons aller à ces législatives.

Vous êtes de la diaspora. Selon vous, quel est le rôle que les guinéens de la diaspora pourraient jouer dans le développement de leur pays?

Permettez-moi de vous dire que le Professeur Alpha Condé a un regard attentif sur la participation effective de la diaspora dans le développement économique de la Guinée. Aujourd’hui, nul n’ignore que la diaspora participe beaucoup dans le processus du développement de la Guinée. Et c’est ce qui a fait faire au Président, la création d’un ministère chargé des Guinéens de l’extérieur. Ce ministère a pour but l’insertion de ces Guinéens dans le processus de développement économique du pays. L’engouement au sein de la diaspora pour un retour massif et une insertion dans toutes les sphères de la vie politique économique et socioculturelle du pays est de taille. Nous apprécions que nos frères et sœurs de l’extérieur reviennent au pays. Nous disons à nos frères et sœurs de la diaspora que si dans le temps, ils étaient persécutés, aujourd’hui la porte leur est grandement ouverte. Tous les moyens de se faire un chemin sont mis en place. Le Président de la République n’a pas manqué de contacter les institutions financières afin que cette insertion des Guinéens de l’extérieur soit une réalité. Nous sommes dans cette optique.

Le président a voyagé beaucoup en 2011. Certains l’avaient amèrement critiqué, en estimant qu’au temps où nos caisses sont anémiées, le Président ne devrait pas se livrer à ce «sport» favori de certains cadres au temps du régime précédent. Pouvez-nous dire quel est réellement le but de ces multiples voyages du Président Alpha Condé?

Le Professeur Alpha Condé a dit le jour de son investiture une phrase que peut-être les Guinéens ont oublié. Ce jour-là, il avait dit: «La Guinée is back », c’est-à-dire la Guinée est de retour sur la scène internationale. Il faut que le monde se rappelle de la Guinée, car durant une bonne période, la Guinée s’est effacée du monde extérieur. Pour renouer la Guinée avec le monde, le Président est obligé de sortir, pour vendre l’image de la Guinée. La conséquence, c’est que nous voyons que les hôtels du pays sont remplis. Ce qui explique également l’affluence de nos compatriotes de la diaspora vers la Guinée. Ils reviennent parce qu’ils savent qu’il y a une garantie. Le Président a bien fait de commencer par l’extérieur et de travailler maintenant à l’intérieur. Certains diront qu’il faut résoudre d’abord les problèmes de l’intérieur, d’accord, le Président Alpha Condé ne l’ignore pas ; mais il sait qu’il faut avoir la confiance des investisseurs étrangers qui veulent venir travailler en Guinée.

Un message pour terminer cet entretien?

Je remercie le site AfricaLog.com qui m’a donné cette opportunité de m’adresser aux Guinéens surtout de l’extérieur. A ces guinéens-là, je leur lance cet appel: il est temps de revenir au pays, que l’on se donne la main pour accompagner le Professeur Alpha Condé dans son mandat et pour son mandat. Quelque soit le pays d’où les Guinéens vivent, ils doivent savoir que c’est leur pays qu’il faut bâtir, qu’il faut construire, qu’il faut y investir. Aux Guinéens de l’intérieur, je leur dirai que seule dans l’union, on pourra développer ce pays. Je vous remercie !

Entretien réalisé par Mamadou Siré Diallo