Barack Obama a souhaité que la tragédie mais aussi les progrès de la communauté noire fassent partie intégrante de l'Histoire des États unis, en inaugurant mercredi le chantier du Musée national de l'Histoire et de la culture afro-américaines au centre de Washington.
«En de tels moments, je pense à mes filles et je pense à vos enfants (...) je pense à ce que je veux qu'ils ressentent», a expliqué le premier président noir des États-Unis lors d'une cérémonie de pose de la première pierre de ce musée, censé ouvrir en 2015 sur le «National Mall» de la capitale américaine.
«Je veux que mes filles voient les chaînes qui entravaient les esclaves au cours de leur voyage à travers l'océan, et les éclats de verre qui ont volé de l'église baptiste de la 16e rue», site d'un attentat qui avait coûté la vie à quatre adolescentes noires à Birmingham (Alabama) en 1963, en pleine lutte pour les droits civiques, a ajouté M. Obama.
Mais «je veux aussi qu'elles écoutent la trompette de Louis Armstrong et lisent les poèmes de Phyllis Wheatley», une poète noire américaine du XVIIIe siècle, «et qu'elles considèrent le musée non seulement comme une tragédie, mais comme une célébration de la vie», a-t-il espéré.
«Lorsque les générations futures entendront ces chants de douleur, de progrès, de lutte et de sacrifice, j'espère qu'elles ne les verront pas d'une façon ou d'une autre comme séparées de l'Histoire américaine au sens large. Je veux qu'elles les voient comme centrales, une partie importante de notre Histoire partagée», a encore dit le président.
La capitale américaine n'hébergeait jusqu'ici dans sa banlieue qu'un petit musée sur la communauté afro-américaine. Le futur musée, qui s'étendra sur deux hectares, sera situé tout près de l'obélisque élevé en l'honneur de George Washington, premier président des États-Unis qui était lui-même propriétaire d'esclaves.
«C'est sur ce terrain qu'il y a longtemps, des esclaves étaient achetés et vendus. C'est ici que des centaines de milliers de personnes ont marché pour des emplois et la liberté», a rappelé M. Obama, allusion à la marche sur Washington menée par Martin Luther King en 1963.
«Et c'est en cet endroit, à côté des monuments (...) que les générations futures se rappelleront le rôle parfois difficile, souvent motivant et toujours central, que les Africains-Américains ont joué dans la vie de notre pays», a prédit le président.
Inspiré dans ses lignes architecturales de la culture africaine des Yoruba, le futur bâtiment, dont le budget de 500 millions de dollars a été voté en 2003 par le Congrès, a été conçu par David Adjaye, un architecte londonien né en Tanzanie.
Son conservateur, Lonnie Bunch, a commencé à réunir des pièces pour le musée, comme un châle offert par la reine Victoria à l'abolitionniste Harriet Tubman ou encore la Cadillac rouge du guitariste Chuck Berry.
Il a également contacté les 350 musées afro-américains répartis sur le territoire américain et aux prises, parfois, avec des problèmes financiers, pour les rassurer sur ses intentions.
«J'ai le sentiment que ce musée a la confiance de toute la communauté des musées afro-américains du pays», a confié Samuel Black, président de l'association des musées afro-américains.
Selon lui, le musée devrait surtout s'attacher à montrer les liens entre les Afro-Américains et leurs ancêtres de l'Afrique de l'Ouest.
«C'est une espèce différente de musée afro-américain... Ce n'est pas seulement un musée qui s'adresse aux Noirs américains, mais au monde entier», a-t-il précisé. – AfricaLog avec agence