Rivaux du second tour de la présidentielle sénégalaise du 25 mars, le sortant Abdoulaye Wade et son ex-Premier ministre Macky Sall sont entrés jeudi en campagne pour deux semaines, M. Sall, fort du soutien de la quasi-totalité de l'opposition, apparaissant comme favori.
Officiellement, la campagne du second tour a débuté dès la proclamation mardi après-midi par le Conseil constitutionnel des résultats définitifs des résultats du premier tour du 26 février, plaçant en tête le président Wade avec 34,81% des voix devant Macky Sall (26,58%).
Mais aucun grand meeting n'a encore eu lieu, ils se préparent, indique-t-on dans l'entourage des deux candidats.
L'un devrait rassembler prochainement à Dakar tous les candidats malheureux du premier tour membres du Mouvement du 23 juin (coalition de partis d'opposition et d'organisations de la société civile), qui ont décidé de faire front commun contre le président sortant en apportant leur soutien à Macky Sall.
Depuis sa performance du 26 février, M. Sall a multiplié les rencontres avec eux, en particulier les trois principaux arrivés derrière lui au premier tour, Moustapha Niasse (13,20%), Ousmane Tanor Dieng (11,30%) et Idrissa Seck (7,86%).
Il a aussi rencontré les neuf autres candidats ayant obtenu chacun moins de 2% des voix, les leaders du collectif de jeunes Y'en a marre, ceux des organisations de la société civile du M23, et le célèbre chanteur Youssou Ndour dont la candidature avait été rejetée par le Conseil constitutionnel.
Mathématiquement, avec le soutien affiché de toutes ces composantes de la société sénégalaise dont l'objectif prioritaire est de se débarrasser du régime de M. Wade, 85 ans dont 12 au pouvoir, Macky Sall, 50 ans, devrait largement gagner le second tour avec plus de 60% des voix.
"Le Sénégal est un pays d'hommes libres", rétorque El Hadj Amadou Sall, porte-parole du candidat Abdoulaye Wade en affirmant que celui-ci et ses partisans abordent la campagne avec "confiance et combativité".
Rencontre avec les leaders religieux
M. Wade s'est rendu jeudi en province, à la rencontre des responsables des confréries musulmanes des Mourides et des Tidjanes, très influentes.
Wade, lui-même mouride, "est convaincu" que seules les consignes de vote "des autorités maraboutiques peuvent l'aider à refaire son retard sur le papier".
Le camp présidentiel compte aussi mobiliser une partie des 48,42% d'abstentionnistes du premier tour.
Les quatre semaines ayant précédé ce premier tour ont été marquées par des violences liées à la contestation de la candidature du président Wade à un nouveau mandat, qui ont fait de 6 à 15 morts, selon les sources, et au moins 150 blessés.
Les partisans du chef de l'Etat sortant estiment que la crainte de violences lors du scrutin, qui s'est déroulé pacifiquement, a dissuadé de nombreux électeurs.
La nouvelle candidature d'Abdoulaye Wade a été jugée anticonstitutionnelle par l'opposition, pour qui il a épuisé ses deux mandats légaux (élu en 2000, réélu en 2007), ce que contestent ses partisans en soulignant que des réformes de la Constitution en 2001 et 2008 lui donnaient le droit de se représenter.
Quatre membres du mouvement Y'en a marre - dont deux de ses leaders, Kilifeu et Simon, rappeurs - ont été condamnés à trois mois de prison avec sursis pour "participation à une manifestation interdite" mi-février à Dakar contre un nouveau mandat de M. Wade.
A Saint-Louis (nord), un opposant, Malick Noël Seck, a été condamné à un mois de prison avec sursis pour "détention d'armes sans autorisation administrative".
Il avait déjà été emprisonné pendant trois mois (octobre 2011 à janvier 201) pour "menace de mort" et "outrage" à magistrat après avoir remis au Conseil constitutionnel une lettre jugeant "immorale" la candidature de M. Wade à un nouveau mandat. – AfricaLog avec agence