A une semaine dimanche du second tour de la présidentielle entre le sortant Abdoulaye Wade et son ex-Premier ministre Macky Sall, la campagne bat son plein au Sénégal, parfois émaillée d'incidents, sans commune mesure avec les violences ayant précédé le premier tour du 26 février.
Depuis le 6 mars, jour de validation des résultats du premier tour par le Conseil constitutionnel les plaçant en tête, les deux candidats sillonnent inlassablement le pays, attirant chacun des milliers de partisans, multipliant les rencontres et les promesses.
Leurs principaux soutiens, tels le célèbre chanteur populaire Youssou Ndour pour Macky Sall, ou un leader de l'influente confrérie musulmane des Mourides, Cheikh Béthio Thioune pour Abdoulaye Wade, se mobilisent également.
Youssou Ndour a passé la journée de samedi en Casamance (sud), affirmant devant des milliers de personnes à Ziguinchor que M. Sall était selon lui le mieux placé pour ramener la paix dans cette région en proie à une rébellion indépendantiste armée depuis trente ans.
Cheikh Béthio Thioune a fait lui venir ses fidèles à Dakar, sur la Place de l'Obélisque - généralement plus habituée à accueillir les partisans de l'opposition - pour leur demander de voter Wade. Il est l'un des rares leaders religieux à avoir publiquement donné une consigne de vote, les autres, bien que très courtisés par les candidats, ayant préféré s'en abstenir.
Ces deux rassemblements se sont déroulés pacifiquement, mais la campagne a été marquée par divers incidents.
La caravane de Macky Sall a été "caillassée", à deux reprises au moins, dans le nord à Kébémer, région natale du chef de l'Etat sortant, et à Saint-Louis. Des affrontements ont également eu lieu il y a deux semaines à Dakar entre partisans des deux candidats.
"Vigilance"
La Ligue sénégalaise des droits humains (LSDH) a exprimé le 14 mars "ses plus vives inquiétudes face à l'exacerbation de la violence politique" pendant la campagne du second tour, et appelé "au bannissement de la violence sous toutes ses formes".
Ces incidents sont restés pour l'instant limités - la campagne s'achève vendredi soir - et n'ont rien de comparable aux violences meurtrières liées à la contestation de la candidature de M. Wade qui avaient fait au moins six morts et 150 blessés pendant les quatre semaines précédant le premier tour.
Le président, 85 ans, élu en 2000, réélu en 2007 et dont la candidature a été jugée anticonstitutionnelle par ses opposants, s'est dit sûr de l'emporter "avec un score écrasant", en dépit du front commun de tous les candidats d'opposition éliminés au premier tour qui s'est créé autour de son adversaire.
Arrivé en tête le 26 février avec 34,81% des voix contre 26,58% à Macky Sall, il compte sur les abstentionnistes du premier tour (48,42%) qui avaient "eu peur de sortir" après les violences, mais sont "nos militants et sympathisants".
Il a affirmé qu'il lui fallait encore "trois ans" pour achever ses "projets". Le nouveau mandat présidentiel est de 7 ans.
Macky Sall qui, sur le papier, peut l'emporter avec environ 60% des voix si les appels à voter pour lui des 12 candidats éliminés sont suivis, a demandé à ses partisans de rester "vigilants", craignant un passage en force d'Abdoulaye Wade par la fraude.
La mise en garde du gouvernement aux 90 observateurs de l'Union européenne (UE) accusés par le gouvernement "d'ingérence", est restée sans suite et ils surveilleront normalement le second tour, pour lequel quelque 23.000 militaires et paramilitaires ont voté ce week-end dans le calme.
Une rencontre entre le chef des observateurs de l'UE, Thijs Berman, et le ministre sénégalais aux élections, Cheikh Guèye, a permis, "dans un cadre cordial et apaisé", de lever les malentendus, a déclaré dimanche Tommaso Caprioglio, adjoint de M. Berman. – AfricaLog avec agence